« Amina et Al Azifet », le film de Mohamed Ali Mihoub qu'on peut regarder en différé sur Al Jazira documentaires renoue avec le parcours artistique d'une femme, Amina Srarfi, lorsque la magie opère et que les rêves d'une enfant retrouvent les méandres d'une musique encore illuminée par l'amour pour l'art … et suivent les pas d'une artiste toujours attirée par la scène et ses lumières. Une fillette joue de son instrument … elle s'applique à poser les notes d'une partition qu'elle a du mal à mémoriser … elle abandonne son exercice et file dans une salle attenante attirée par le son d'une musique qui se joue … la fillette regarde à la dérobée les répétitions de Amina Srarfi. Celle-ci lui invite à entrer et à prendre place dans la salle. La magie opère pour que les rêves de cette enfant retrouvent les méandres d'une musique encore illuminée par l'amour pour l'art … et suivent les pas d'une artiste toujours attirée par la scène et ses lumières. Et c'est parti pour une immersion totale dans le parcours artistique d'une musicienne, Amina Srarfi et son violon d'exception qui va jouer un rôle essentiel dans son existence. L'alternance du récit se fera par la suite autour de cet objet magique le violon qui accompagnera la vie de la musicienne et traversera les lieux et les années. Et même si le réalisateur ne réussit pas forcément à traduire le côté magique du parcours de l'artiste, la construction du récit nous informera de la persévérance d'une femme qui s'est donné toutes les chances de réussite en s'accrochant à son rêve d'enfant. Le périple à travers le parcours artistique de Amina Srarfi nous prend dans les arcanes de la Médina du côté du siège de la Rachidia, une institution qui existe depuis 1934 et qui témoigne de ces heures de bonheur passées en la compagnie d'une famille aimante. Amina Srarfi parle de sa mère qui l'accompagnait pour regarder se produire son père Kaddour Srarfi qui à l'époque dirigeait la troupe de la formation musicale de la Rachidia. « Mon père est décédé quand j'avais 19 ans. Je me rappelle du temps quand j'étais enfant j'écoutais la 5ème symphonie de Beethoven… Mon père m'observait sans me pousser à faire quoi que ce soit », confie-t-elle. A l'époque Amina se voyait déjà dans ce monde fait de musique et d'Amour pour l'art. Une vraie passionnée de musique qui ne demande qu'à être initiée et bien accompagnée. Environnement familial aidant, la jeune Amina a depuis reçu une bonne éducation musicale avant de se voir voler de ses propres ailes et percer dans le domaine en tant que première femme arabe dirigeant une formation musicale féminine. C'était « Al Azifet » qui en 1995 a donné son premier spectacle « Al Ward » (fleurs) au festival de la Médina. Feu Fayçal Karoui son mari et père de son fils Haroon, a également empreint de son cachet le parcours de Amina avec des compositions heureuses lui donnant la chance de se produire dans plusieurs pays du monde. Une artiste attendrissante Le film nous laisse surtout admirer le côté attendrissant d'une Amina qui suit de près de jeunes artistes en herbe. Leur montre le chemin. C'est par ailleurs le côté humain d'une musicienne qui par son art a pu enchanter son existence et celle de beaucoup de personnes l'ayant connue. Accompagner les enfants du quartier de Douar Hicheur tous les dimanches, un projet dit aussi ‘'conservatoire il houma'' destiné aux jeunes des quartiers populaires, semble tenir à cœur Amina Srarfi. L'artiste nous touche par la délicatesse et la pureté de ses sentiments qui la lient à ses élèves. Mais pas que. L'artiste chantant sur la scène du Théâtre municipal … « On m'appelle l'orientale la brune au regard fatal »… Amina semble habitée par une musique qui l'a fait entrer en totale communion avec son public qu'elle transporte là où elle va, qui aime son art et en redemande…. « Vous dansez Madame… Vous dansez Monsieur… ».. On chante et on aime bien se dandiner au rythme d'une musique qui éveille en nous des sentiments ambivalents … Une histoire émouvante et mélodieuse.