Ce dimanche, 24 février 2013, débutent les festivités commémorant le centenaire de la naissance du maître musicien, pionnier et fondateur, Kaddour Srarfi. Ce sera sous toute réserve encore à l'occasion d'un concert intitulé «Hayet Fannan» proposé en duo, troupe de la Radio nationale et ensemble d'«Al Azifet», au Théâtre municipal de Tunis. Au programme figurerait en bonne place, le meilleur des créations du regretté grand compositeur et violoniste virtuose, instrumentales de haut vol et dont il avait le secret, Hayet Fannan en particulier (pièce grandiose, synthèse d'un art et d'une vie), et une dizaine de chansons demeurées dans la mémoire des Tunisiens, voilà plus d'un demi-siècle : La nmathelek, Ya tir, Ya rahla, Ah mil inin, et autres joyaux de notre répertoire historique. Des participations de qualité aussi : Lotfi Bouchnaq, Ziad Gharsa, Asma Ben Ahmed, Zouhaïra Salem et Mohamed Ahmed (invités d'honneur), Soufiane Ezzaïdi, en comptant, bien sûr, l'orchestre et la chorale d'«Al Azifet», dirigés par la fidèle des fidèles, l'excellente Amina Srarfi, fille du défunt. Amina Srarfi a eu l'initiative de ce concert inaugural. Mais les manifestations du centenaire seront nombreuses et diversifiées, et elles seraient toutes prises en charge par le ministère de la Culture. Citons entre autres : — Un documentaire sur Kaddour Srarfi, dont la réalisation est prévue bientôt — Un second concert spécial avec le concours de l'Orchestre symphonique tunisien. L'artiste ayant eu à son actif nombre de compositions harmoniques et polyphoniques (mai 2013). — Des journées «Kaddour Srarfi», organisées par l'Institut supérieur de musique (avril 2013). Un programme cossu, d'un intérêt musical d'autant plus important qu'il concerne une des figures les plus marquantes de la musique tunisienne, mais inexplicablement laissée «en reste» des travaux des spécialistes, musicologues, historiens de l'art, diffuseurs et médias aussi. Plus qu'un devoir de mémoire, cette «année centenaire» consacrée à Kaddour Srarfi va permettre à nos jeunes générations de découvrir l'insigne talent et l'apport considérable d'un des artisans de l'éveil musical dans ce pays. Nous en avons bien besoin en ce moment. Merci à tous ceux qui y contribuèrent. Merci, d'avance, à tous ceux qui vont y contribuer. Un parcours d'exception - Au début fut le sport. Un titre de champion de Tunisie de gymnastique en 1933. - Mais vite, très vite, la musique l'a emporté. Etudes académiques, d'emblée, à la base (on s'initiait à l'oreille en ce temps) auprès de Ali Derwish (modes orientaux), Raphael Strino (méthode). A la Rachidia, ensuite : Mohamed Ghanem (violon et rebab), Mohamed Triki (dont il fut le chef d'orchestre en second). L'harmonie, l'orchestration aussi (Louis Gava). Une formation complète, rarissime à l'époque : Orient-Occident. - Années 1940 : violoniste virtuose, couru par les plus grandes voix de la place (Hassiba, Fathia, Ali Riahi, Jouini) - En 1949 : crée sa propre troupe «El Khadra». Concerts, tournées. Revues même : plus de 60 musiciens dans le spectacle : «D'un siècle à l'autre», auxquels se sont ajoutés des danseurs de ballet venus de Paris. Enorme succès. - Années 50 : chef d'orchestre à l'Opéra d'Alger. Surnommé «Echcheikh» par de nombreux élèves et disciples. A ce jour, grande estime des Algériens. Renommée unique - Musique de films : Al Habib, court-métrage avec la cantatrice Chahrazed - Retour à la 1ère troupe de l'Ertt. Période prolifique. Tournée maghrébine réunissant nos meilleurs chanteurs (Saliha, Jouini, Riahi, etc.) immense succès - De 1960 à 1963 : En mission en Libye. Crée l'orchesetre de la Radio libyenne. - 1970 : Retour à la Rachidia. C'est là qu'il termine sa carrière. En beauté. - Kaddour Srarfi a composé près de 300 chansons et plus de vingt instrumentales - Pédagogue reconnu : créa une méthode de «oud» et une méthode pour violon. Un parcours d'exception ! K.T.