L'appel à projets "Culture Solidaire KLF" a généré 310 réponses émanant d'artistes individuels ou de collectifs. Un jury de douze membres a choisi 59 projets portés par 120 artistes au total. Une dotation de près de 500.000 dinars est ainsi engagée en soutien de ces projets et artistes représentant toutes les disciplines. En trois semaines, l'appel "Culture Solidaire KLF", lancé par la Fondation Kamel Lazaar, a débouché sur des résultats concrets. En effet, en une vingtaine de jours, un appel a été lancé et concrétisé pour identifier des artistes qui poursuivaient leur travail dans les difficultés du confinement, avec pour objectif proclamé, un effet immédiat. Une initiative dans l'urgence C'est désormais chose faite. En effet, l'appel à projets a immédiatement été suivi par une vaste réponse émanant d'artistes de plusieurs disciplines. En quelques jours, ils étaient 310 à présenter leurs projets en cours et, rapidement, le jury de 12 experts rassemblés par la Fondation Kamel Lazaar, a statué sur les différentes participations. Au bout de ce processus qui se voulait inscrit dans l'urgence, 59 projets portés par des artistes individuels et des collectifs ont été sélectionnés apportant une manne précieuse à un total de 120 artistes. Chaque artiste devrait recevoir à partir de ce lundi 27 avril, une dotation de 3000 dinars afin de pouvoir poursuivre dans de meilleures conditions tout travail commencé avant ou pendant le confinement. Les différents projets artistiques devront être pour leur part développés dans les semaines qui suivent. Toute la dynamique de "Culture Solidaire KLF" réside dans cette approche qui veille à appuyer les artistes dans l'urgence. De plus, l'ensemble des projets présentés apportent un panorama inédit et exceptionnel des thématiques abordées par les artistes en période de confinement. Aspect essentiel dans l'appel "Culture Solidaire KLF", l'inscription dans le cadre du Fonds Relance Culture (FRC) initié par le ministère des Affaires culturelles, constitue une articulation fondamentale. En effet, la Fondation Kamel Lazaar, apportant son plein soutien au département de la culture, appuie le FRC et se mobilise dans la philosophie de ce fonds. Soulignons que le FRC a été institué par le ministère des Affaires culturelles au lendemain du confinement. Il a pour but d'apporter un soutien aux artistes qui se retrouvent dans la précarité et de créer les conditions propices à une relance harmonieuse du secteur culturel dans les meilleurs délais. Entre vocation sociale et efficacité culturelle, le FRC devrait dès les prochains mois constituer un vecteur en vue pour l'action culturelle. Plusieurs partenaires se sont associés à cette initiative de Chiraz Laatiri, notamment de grandes entreprises, des banques et des fondations actives dans le domaine culturel. L'assise de ce fonds devrait d'ailleurs s'élargir dans les semaines à venir. Ségrégation positive et principe de précarité Trois grands groupes de projets ont été sélectionnés par le jury de "Culture Solidaire KLF". Ils concernent les Arts vivants, les Arts visuels et le cinéma ainsi que les Arts plastiques. Pour opérer son choix, le jury a mis en œuvre un principe de ségrégation positive. En effet, un bonus a par exemple été accordé aux artistes travaillant hors de la capitale. Dans le même esprit, la priorité a été accordée aux artistes professionnels vivant de leur art. Ce principe de précarité a permis d'offrir les dotations disponibles à des artistes qui n'ont pas de revenus autres que ceux générés par leur travail artistique. Enfin, les critères de fond concernaient la qualité, la poésie et l'originalité des projets présentés. Ces derniers devaient en outre, impérativement s'inscrire dans l'esprit de l'appel "Culture Solidaire KLF". Autrement dit, les projets devaient être créés ici et maintenant, dans les conditions du confinement et avec les moyens du bord. Procéder de la sorte ouvrait la voie à deux éléments essentiels. En premier lieu, l'identité sociale de l'initiative ne fait pas de doute. Elle vient appuyer des artistes durant une période difficile et tente d'apporter un soutien qui puisse permettre à des projets de voir le jour rapidement. En second lieu, "Culture Solidaire KLF" s'adresse aux créatifs et leur ménage un premier socle afin qu'ils ne perdent pas leur élan créatif et que ce confinement ne soit pas un temps simplement perdu. De cette manière, l'initiative de la Fondation Kamel Lazaar adopte un profil hybride: elle participe à l'aspect social et contribue à la relance culturelle. Elle soutient ainsi les deux volets induits par l'action gouvernementale définie par le ministère des Affaires culturelles et matérialisée par le Fonds Relance Culture. Des vitamines pour les bâtisseurs d'imaginaire Grâce à cette initiative, 59 projets et 120 artistes sont mis en mouvement et devraient prochainement présenter non plus des réponses à un appel mais des œuvres inscrites dans le concret et la créativité. Vitamines pour les bâtisseurs d'imaginaire, les dotations de la Fondation Kamel Lazaar n'excluent pas pour autant les projets non sélectionnés. En ce sens, plusieurs de ces projets pourront à l'avenir bénéficier d'un accompagnement de la fondation dans le cadre d'autres mécanismes. Ceci dit, il convient aussi de saluer la belle performance qui vient d'être réalisée par le bais de "Culture Solidaire KLF". En effet, les dossiers de candidatures ont été déposés le 12 avril dernier et le choix final connu dix jours après, le 23 avril. Pensée, construite et déployée dans l'urgence, l'initiative n'aurait pas eu de sens sans cette mobilisation totale des jurys et cette réponse hic et nunc. Nous reviendrons sur les projets artistiques qui commenceront à être diffusés dès la sortie du confinement. Au-delà de l'initiative qui nous intéresse, ces projets ont pour eux un atout majeur: ils nous offrent une image précise et éloquente de la manière dont les artistes tunisiens ou résidents en Tunisie ont mûri et construit leurs oeuvres dans cette situation exceptionnelle que nous traversons.