Dans quelques jours, nous célèbrerons le 64è anniversaire de la mort de Mahmoud Bourguiba, le grand poète et non moins dramaturge et homme de radio. Né le 20 août 1909 et disparu le 22 mai 1956, il n'aura vécu que quarante sept ans. Il faisait partie du cercle littéraire et artistique « Taht Essour » et avait écrit des centaines de chansons pour les chanteurs et chanteuses de l'époque des années trente, quarante et cinquante du siècle dernier et d'autres beaux poèmes que ses amis et sa famille ont essayé de réunir dans un recueil. Sa mort était subite et avait suscité une grande émotion parmi ses pairs, ses amis et ses admirateurs. Cette mort était peut-être due à une accumulation de maux intérieurs (Hamsa) qu'il avait eu suite à son éviction de la radio, sans toutefois l'arrêt de sa mensualité qui n'avait pas tardé à suivre. C'est ce que nous rapporte l'historien et critique littéraire Rachid Dhaouadi dans son livre monographique : « Jamâat Taht Essour » paru en 1975. Il a ajouté que les raisons de cette « punition » émanant de la direction de la radio tunisienne est liée au fait que Si Mahmoud évitait d'utiliser le mot ou le nom de « Habib », en allusion au leader Habib Bourguiba, alors chef du gouvernement sous le Bey. Etait-ce là une fausse accusation ? En tout état de cause, le poète reste toujours libre de ses pensées et voit certainement le monde autrement. D'ailleurs, à l'époque des années 1955, 56, 57 et les années suivantes, plusieurs opposants à Bourguiba ont soit fui le pays pour sauver leur « peau » ou ont été liquidés. L'Histoire, qui ne pardonne pas, nous en dira plus certainement. Mais pour rester dans le littéraire et le radiophonique, Mahmoud Bourguiba était surnommé « Baba Sambel » dans l'émission pour enfants, ancêtre de « Jannet Al Atfel. » Un seul extrait où les gamins criaient : « Baba Sambel, Baba Sambel » où ce dernier répondait : « Hani jit, Hani jit » (Je viens d'arriver) a été diffusé à plusieurs reprises dans les années soixante dix et quatre vingt sur la radio nationale dans l'émission « Jannet Al Atfel » d'Essaida Alia, alias Alia Babbou. Mahmoud Bourguiba était également surnommé : « Chair Achabeb » (Le poète de la jeunesse), à l'instar du poète Ahmed Rami, en Egypte. Un hommage avait été rendu à Mahmoud Bourguiba en 1969 à la maison de la culture Ibn Khaldoun. Nous n'avons aucune trace de cet événement. Et le 19 mai 1975, le Club littéraire de ce même lieu d'animation culturelle avait commémoré le dix-neuvième anniversaire du départ à jamais du poète Mahmoud Bourguiba. C'était l'occasion d'évoquer des souvenirs par ses amis feux : Hédi Lâabidi, Fethia Khairi et la défunte épouse de Si Mahmoud. Le chanteur Noureddine Béji, alors débutant et membre de la grande troupe musicale de la maison de la culture Ibn Khaldoun, avait chanté : « Eddounya henya » sur des paroles de Mahmoud Bourguiba et une musique de Salah Mehdi (Zeriab.) Cette chanson appartient au répertoire de la chanteuse Nâama. Et sur un autre plan, feu Abdelaziz Laroui, un autre ténor et de « Taht Essour » et de la presse et de la radio nationale, avait écrit un article-portrait intitulé : « Mahmoud » dans le quotidien « Le Petit Matin » en mars 1938 dans la rubrique : « Silhouettes tunisiennes », alors que la radio tunisienne n'avait pas encore démarré. Elle allait être inaugurée le 15 octobre de la même année. Abdelaziz Laroui avait écrit, en substance : « Mahmoud n'est pas écrivain il est poète. Un poète toujours en transes, aimé de sa muse qui ne le lâche pas d'une semelle, d'une muse particulièrement diserte, prolixe et bavarde et qui, pour peu que vous le touchiez, vous lâche un vers à travers la figure. On l'avait un moment surnommé l'amoureux ambulant parce qu'il fut une époque où il ne pouvait pas voir une femme sans déposer à ses pieds en alexandrins Imroulkaïssiens, un amour foudroyant, immense, incommensurable et exclusif. »