La transformation digitale sera sans nul doute le cheval de bataille des entreprises post Covid 19. Aucun secteur ne sera épargné par cette déferlante qui augure d'un changement radical des modèles de développement économique. A ce propos, la Société Tunisienne des Banques « STB » a organisé hier un Webinaire sectoriel sous le thème : « Tourisme en transformation». Afin que le secteur touristique retrouve quelques couleurs, plusieurs axes sont certes, à revoir. Rompre avec tourisme mono-produit Après la mise en place d'une batterie de mesures par Mohamed Ali Toumi, ministre du tourisme, en faveur du secteur touristique, principal secteur sinistré avec une perte estimée de 6 milliards de dinars), le ministre a souligné lors de son allocution dans ce webinaire que son département travaille d'arrache pied afin de mettre en place une stratégie prudente et efficace : « Tout d'abord, il est primordial de passer d'un tourisme mono-produit à un tourisme à multiples visages où chaque région constitue à elle-seule une destination ayant ses propres atouts, sa propre identité et sa propre image. Et puis, il est indispensable de sortir d'un tourisme de masse à un tourisme riche et varié : tourisme culturel, sportif, médical … » Cette transformation profonde du tourisme tunisien ne pourrait se faire sans le numérique, a-t-il indiqué. « Le numérique va changer notre capacité à innover, à produire et à communiquer. C'est pourquoi nous sommes en train de préparer une stratégie pour assurer une transition numérique sur tous les fronts : promotion touristique, prestation touristique. Nous considérons cette crise comme une opportunité unique pour réinventer notre tourisme, qui a fait preuve d'une forte capacité de résilience à maintes reprises », a souligné le ministre. Assurer un monitoring du développement de la crise Corona D'autre part, Marouane Abassi, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a déclaré que le système bancaire et la BCT en particulier vont être très proches des professionnels du secteur. Et d'ajouter : « On va assurer une gestion en collaboration avec le ministère du tourisme et les autres ministères concernés un monitoring du développement de cette crise. Comment va-t-on la gérer ? Le but c'est qu'à la fin de 2020, nous puissions redémarrer dans des bonnes conditions ». Le Gouverneur de la BCT a fait savoir que compte tenu du bouleversement tous azimuts de l'écosystème, le développement du tourisme numérique en collaboration avec les fintechs est une piste à emprunter pour atteindre un tourisme de qualité, à haute valeur ajoutée et décentralisé. « 500 MD pour un secteur qui compte 1868 hôtels, c'est très peu » Afif Kchouk, Président de l'Union Nationale de l'Industrie Hôtelière, a confirmé que le monde de l'après Covid-19, n'est pas celui d'avant. Et de poursuivre : « En Tunisie, la transformation digitale est là mais, nous avons quand même des handicaps pour aller encore plus vite et plus loin à cause de plusieurs entraves telles que l'open Sky (handicap politique), le PayPal ( handicap législatif)… » M.Kchouk a fait savoir qu'avant Corona, on a fait une année record en 2019. L'année 2020, a-t-il poursuit, est partie réaliser un objectif de 10 millions de touristes. La crise sanitaire a bouleversé toutes les prévisions. Et d'ajouter : « Actuellement, nous avons besoin d'une communication de crise réactive quotidienne. Il y avait eu de retard quant à la mise en place des mesures, et encore pire à les mettre en exécution. 500 millions de dinars pour un secteur qui compte 1868 hôtels, c'est très peu. Pour 2020, si on arrive au point zéro, c'est-à-dire équilibrer notre compte d'exploitation, ça sera une belle performance ». Le tourisme tunisien nécessite une transformation du Business model Mouna Allani Ben Halima, membre du Bureau Exécutif de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH) a affirmé pour sa part que le tourisme tunisien nécessite une transformation du Business model : « Partout dans le monde, les choses ont changé. En Tunisie, on est encore à la traine parce qu'on est très en retard sur la digitalisation du pays d'une manière générale et du tourisme en particulier. Il faut savoir qu'avec les startups, on peut énormément évolué. On n'a pas été encouragé à entrer dans la digitalisation parce qu'artificiellement le pays a maintenu l'ancien Business model en vie tout en empêchant l'Open Sky. La meilleure preuve, c'est que le modèle tours opérateurs est condamné dans le monde (faillite de Thomas Cook) ».