Les représentants des instances constitutionnelles et des structures syndicales et professionnelles du secteur de l'information ont souligné l'existence d'une "volonté de mainmise" sur les acquis constitutionnels réalisés après la révolution, particulièrement dans le domaine des libertés individuelles et collectives". Dans une conférence de presse, organisée, mercredi, par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), ces derniers n'ont estimé que "l'initiative du bloc parlementaire de la Coalition al-Karama visant à amender le décret-loi n°116 en est la preuve vivante", ajoutant qu'il s'agit d'un "combat pour consacrer l'Etat de droit et préserver les acquis réalisés". A ce propos, Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a indiqué que le projet de loi proposé par le bloc de la Coalition al-Karama est de nature à "légitimer la création de médias contraires à la loi" qui ne sont que "les porte-paroles de lobbies politiques ou financiers sous couvert de religion et de modernité". Bghouri a fait part de sa crainte que "les mafias prennent en otage les rouages de l'Etat et sabotent tous les acquis réalisés à ce jour". De son côté, Chawki Tabib, président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), a soulevé la question des campagnes de diffamation et des tentatives visant à remettre en question le rôle des instances constitutionnelles. Il a dénoncé une volonté d'affaiblir le processus démocratique et les instances indépendantes. Tabib a fait remarquer que les prérogatives qui seront attribuées au conseil de l'instance de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption et à son président sont, considérablement, en deçà des prérogatives attribuées par le décret en question. Pour Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne de travail (UGTT), chargé de l'information, "l'initiative législative proposée par la coalition al-Karama visant à remplacer "l'autorisation" par "la déclaration" peut paraître séduisante en apparence, mais celle-ci a pour but le maintien en place des lobbies financiers et des centres de pouvoir aspirant à retrouver leur position autoritariste".