La guéguerre permanente et harassante menée par Abir Moussi contre le Mouvement Ennahdha et ses « filiales » n'est pas près de s'arrêter malgré le désordre qu'elle entraine dans les travaux de l'assemblée. Le parti Ennahdha et son chef doivent trouver les réponses adéquates et surement difficiles aux questions qu'agitent Moussi et beaucoup de Tunisiens. La dernière en date des essais de réponses au harcèlement permanent du PDL a été trouvé par la Coalition El Karama. Parce que Abir Moussi et ses partisans hissent les portraits de Bourguiba à l'ARP, il faut aussi que « filiale » islamo-populiste d'Ennahdha trouve la parade. Ça a été d'abord la photo de Salah ben Youssef et celle de Farhat Hached. Puis le comble, lors de la dernière plénière de l'assemblée, Makhlouf et ses acolytes s'emparent de la photo de Mohamed Morsi, le président égyptien « frère musulman » et la brandissent dans l'hémicycle ! Guerre de symbole ?! Le geste provocateur d'El Karama a suscité évidemment le courroux du PDL mais pas seulement ! Plusieurs députés, de tous les blocs, ont refusé que le portrait d'un président d'un pays étranger soit hissé au sein du parlement tunisien, symbole s'il en est de l'indépendance tunisienne et fruit d'une longue lutte du peuple tunisien. Même les députés d'Ennahdha ont dû faire profil bas en condamnant, dans une intervention de Noureddine Bhiri, tout symbole dans le palais du Bardo mais sans condamner le geste d'el Karama dans son essence. C'est là qu'on comprend que c'est une guerre de symbole. Bourguiba contre qui ? contre les symboles des « frères musulmans » ? Il faut se rappeler que les députés d'El Karama ont levé, lors de la première plénière de l'ARP, le symbole de « Rabâa » en levant 4 doigts de la main droite rappelant ce symbole des « frères musulmans » égyptiens contre Essissi ! Je te prends par la barbichette ? Il faut se rappeler aussi que Abir Moussi et le PDL ont voulu déposer une motion au parlement visant à classifier les « frères musulmans » comme organisation terroriste en Tunisie. Or cette classification, bien qu'elle ne soit pas du ressort du parlement stricto-sensu, peut provoquer un tremblement de terre du côté de Montplaisir ! Après l'homérique bataille autour du questionnement de Rached Ghannouchi sur ses accointances avec Erdogan et Sarraj, Moussi ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Le harcèlement, elle ne connait que ça et elle s'est fixée comme objectif de harceler Ennahdha. Avec toutes les réserves qu'elle suscite, Abir Moussi est en passe de damer le pion au parti islamiste. Ni son histoire mouvementée au sein du RCD, ni son apologie de Ben Ali et de son régime, ni le « bric à brac » idéologique qu'elle a opéré sur les destouriens, ni son « fascisme » déclaré ou caché ne l'arrêtent. Abir Moussi est devenu en l'espace de quelque mois le cauchemar des nahdhaouis. 10 Ans de batailles politiques et idéologiques de plusieurs partis de gauche et du centre contre l'islam politique n'ont pas pu ébranler le parti de Rached Ghannouchi comme l'a fait Moussi et son PDL depuis septembre 2019. Les questions qui fâchent La stratégie d'Abir Moussi contre les « Khwanjias » comme elle aime les appeler par provocation est de les acculer. En les nommant chaque fois de « frères musulmans », en exigeant qu'ils s‘expliquent sur le moindre détail politique, en leur disputant leur leadership au sein de l'ARP. Or Ennahdha a fait de la nuance grise son blason. Depuis sa création et particulièrement depuis la révolution de 2011, elle navigue dans « l'à-peu-près » ! les grands moments de rupture sont fréquents dans l'histoire des partis politiques. Il faut se rappeler par exemple le programme de Bad Godesberg du SPD, le parti social-démocrate allemand en 1959 ou le parti a abandonné les références marxistes pour adopter clairement la « social-démocratie ». Ennahdha n'a jamais voulu déclarer clairement sa rupture avec la pensée des frères musulman. Plusieurs de ses leaders et en premier Ghannouchi participent au sulfureux « Congrès des savants musulmans » mené par Le Cheikh Qaradhoui, financé par le Qatar et tenu maintenant par la Turquie d'Erdogan. Manque de clarté d'Ennahdha Ennahdha n'a jamais voulu déclarer son implication réelle dans des structures militaires parallèles par le passé ni annoncer clairement son refus de ces méthodes pas trop orthodoxe, même après la révolution. Ennahdha n'a jamais publié un texte expliquant clairement son engagement durant des années à faire l'apologie de la « guerre sainte » en Syrie et les « fatwas » émises par ses cheikhs pour envoyer des jeunes tunisiens dans cette galère. Ennahdha est tenue pour responsable par beaucoup des tunisiens, au mois politiquement de l'assassinat des leaders Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, mais elle refuse depuis toujours d'en parler clairement. Même au sein d'Ennahdha, beaucoup pensent que cette manière de faire n'est plus productive et que le moment est venu pour ce « mouvement » de choisir soit de continuer ouvertement de militer au sein de la nébuleuse « fréristes » soit de devenir un parti politique démocrate avec ce que cela signifie comme remise en cause. Abir Moussi sait tout ça et elle l'utilise adroitement contre Ghannouchi et son parti, surtout que le vieux cheikh n'est plus éligible à aucun poste officiel selon les règlements intérieurs d'Ennahdha ! Les clarifications demandées par Abir Moussi et qui sont en passe de devenir ceux de tous les tunisiens sont douloureuses et difficiles. Des gens clairvoyants comme Abdelhamid Jlassi, Zoubeïr Chéhoudi, Lotfi Zitoun, Abdellatif Mekki et d'autres encore, ont déclaré clairement que l'avenir passe par ces clarifications. Ghannouchi n'en veut pas. Mais Ghannouchi est peut-être en passe d'être dépassé !