Quand on parle de ces deux patrimoines de notre football que sont le Club Africain et le Stade Tunisien, on ne peut que converser du passé. Le souvenir de deux épopées face à face pour débuter une nouvelle aventure dont le club aîné est sorti vainqueur. Le présent est tout clubiste, et l'avenir lui appartient. Il est clair aujourd'hui que le club du Bardo devra attendre encore pour pouvoir rivaliser avec les quatre clubs meilleurs que lui. Tous ses supporters comptaient sur ce beau sommet et espéraient voir leur club relancé via ce match, en vain ! Difficile par un temps pareil, par une pelouse semblable à un champ de maïs, peut être aussi par un tel arbitrage qui a refusé un penalty à Akrout, mais impossible par un système de jeu qui n'est pas ambitieux, irréalisable par une mentalité aussi négative que celle de Tonniche, d'abord, et Korbi, ensuite. Le premier, poussant ses camarades à finir le match à genoux, cramés, est coupable d'avoir commis une faute très grave. Il doit être bien sanctionnée. Le second a passé la plupart du temps à brûler la corne au lieu de l'encens. Le résultat qui a finalement sanctionné ce derby, qui n'en n'est plus un, est des plus logiques et, franchement, le score ne reflétait en aucun cas la physionomie des débats. Au cours de ce match assez enlevé, bon esprit dans l'ensemble et blindé d'occasions franches, hélas d'un seul côté, le Club Africain était très fort, et méritait sans aucune contestation son succès. Lundi matin, le réveil a été très dur pour les Stadistes. Leur football a replongé dans ses doutes et, franchement, de grands chantiers l'attendent. La trêve arrive à point nommé pour revoir beaucoup de choses, analyser la situation, dresser un bilan, en tirer les conclusions, se baser sur tout ce qui a été positif et replonger au travail. Le jeu stadiste est trop statique, donc très prévisible ; les joueurs courent trop avec la balle au lieu de la faire circuler. Il n'y a pas de véritable fond de jeu. Se contenter de balancer vers Akrout reste une option, mais jamais une solution. Le dit joueur n'est pas superman et, puis, quand on joue face à une défense qui n'a pas encaissé le moindre but depuis six matches, il faut imaginer autre chose... Prendre des buts, encore une fois sur une balle arrêtée, est une faiblesse manifeste qu'on doit impérativement corriger.
Se tourner vers le vivier Le Stade Tunisien, dans son actuelle copie, ne peut pas aller plus loin, au vu de son jeu, dont on a sommairement parlé, et de ses joueurs. Ces derniers ne sont pas complémentaires, et cela on le devine sans trop de difficultés. On a beau prétendre que les amitiés sont soudées, que le groupe est très uni, cela n'est pas vrai. Sans aborder le sujet avec un peu plus de détails, il faut absolument que cessent les préférences, les traitements de faveur. De la discipline, qui est mère de tous les succès et insuccès, on a trop parlé, et il s'est avéré que l'absence d'un homme comme Ahmed M'ghirbi, un véritable proviseur, a procuré à certains joueurs un surcroît de laxisme. Autre chose avant de clore, maintenant que la messe est dite, c'est-à-dire que le Stade Tunisien ne peut disposer, en l'état actuel des choses, d'un gros avenir, pourquoi ne s'en retourne-t-on pas au vivier. Il y a de jeunes joueurs ayant un potentiel très intéressant et qui, via un bon programme de travail, ont toutes les chances de s'intégrer. Un garçon comme Iheb M'sakni, a toutes les chances de devenir le régisseur tant convoité et jamais déniché depuis le départ de Sellami. Il ne faut pas qu'il perde encore plus de temps avec les « désespoirs ». Des garçons comme Jamel Berbèche, Hassène Trabelsi et même Marouène Tej, frère cadet de Issam, le handballeur, disposent de bons arguments pour briller avec les aînés. Pour le moment ils sont ignorés, oubliés. L'heure est venue de penser à eux, et à bien d'autres choses. Si côté picaillons, cela ne marche pas fort et que l'on ne peut pas se permettre certaines folies, il est impératif de se faire fraîcheur à grands seaux de recours aux jeunes pousses issues du vivier. Certains joueurs de l'équipe fanion sont généreux, et cela est indiscutable. Mais ils ne jouent pas juste et cela ne constitue qu'un désavantage qui place, tous les dimanches et dès le départ, l'équipe stadiste en position d'infériorité. Les changements sont l'essence de la vie, et l'arbre qui n'émonde pas ses branches de temps à autre est condamné à la disparition.