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Méchichi dans tous ses « Etats »
Publié dans Le Temps le 21 - 10 - 2020

p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Aucun Chef d'Etat, aucun homme (ou femme) d'Etat, fussent-ils tous providentiels, ne pourront prétendre combattre à armes égales ce fléau dévastateur, le plus corrosif depuis l'aube des temps. La guerre contre le Covid-19 n'a en effet rien de conventionnel. Mais c'est une guerre dans les règles, avec les armes traditionnelles en moins. C'est cependant dans ce genre de contexte qu'on reconnait un chef de guerre à sa force de résilience, à sa détermination, à sa capacité à sensibiliser le peuple et, surtout, à le mobiliser.
Fort d'un cursus d'énarque de premier plan, Hichem Mechichi a été « brutalement » projeté sous les feux de la rampe. Il parle de contexte de guerre et, malgré lui, il doit s'assumer comme chef de guerre. Or, il n'y a pas que le front du Covid-19. D'autres fronts sont depuis longtemps ouverts sans que l'Etat ne s'y soit impliqué. Economie exsangue ; productions vitales à l'arrêt ; pertes d'emplois ; pans entiers sinistrés ; hautes turbulences sociales...A tout cela, s'ajoute l'opacité d'un Etat dont on ne sait pas où rechercher les leviers de commande et dont on ne sait pas aux mains de qui ces derniers se trouvent.
Cette apparence de « force tranquille »
De fait, derrière une apparence de « force tranquille », trop tranquille en fait, Hichem Méchichi aura prononcé le mot « Etat », au moins une trentaine de fois, durant sa récente interview accordée exclusivement à la première chaine nationale. Du moins, il aura corrigé le tir, parce que sa précédente intervention a eu lieu sur « Nessma », ce qui a enclenché une déferlante de critiques au milieu de cette vaste controverse autour de l'amendement de l'article 116 inhérent à l'audiovisuel proposé par la Coalition Al Karama. C'est un détail, pourrait-on dire.
En tous les cas, que ce soit sur telle ou telle chaine, Méchichi aurait tenu les mêmes propos. A savoir, une demande d'Etat. Il n'est plus dans la logique d'un Chef de gouvernement. Et c'était comme s'il réclamait un leadership au niveau de la gouvernance, usant néanmoins des exigences de la bienveillance, surtout quand il parlait de ses relations avec le Président Kais Saied. Question de convenances, attitude de qui veut faire retomber la tension, tout en rappelant les contours des prérogatives de l'un et de l'autre. Et il n'a pas manqué de marquer son territoire, en parlant de Walid Zidi ex-ministre de la Culture avec un air coquin du triomphateur. Voilà : malgré Kaïs Saïed, il a quand même limogé un ministre quelque part clivant, mais qui est plutôt victime du Président lui-même.
Sans doute, Hichem Méchichi n'ose-t-il pas (du moins pour le moment) remettre en question l'option du gouvernement de technocrates. Or, ce gouvernement est dans la fausse solidarité. Il y a ses ministres à lui. Et il y a les ministres de Kaïs Saïed. Pour preuve, les dissonances au niveau de la communication des membres du gouvernement. Hichem Méchichi déplorait que les 200 millions du 1818 fussent encore intacts dans le compte. Le lendemain, sur les ondes d'une radio privée, « son » ministre de la santé, Faouzi Mehdi (un homme à Kaïs Saïed) le démentait sans détour : il déclarait en effet que 51 millions de dinars ont été décaissés et que le reste est alloué aux appels d'offres d'ambulances et autres respirateurs.
En fait, un audit tarde à venir, à propos des 3 mille 500 milliards venant de l'étranger pour les besoins de l'effort de guerre contre la pandémie. Il ne faut pas être devin pour imaginer quels trous budgétaires ils ont été colmater. La Tunisie doit en effet mobiliser 11 milliards à titre de prêts auprès du marché local pour terminer l'année. Marouane Abassi, à la tête d'une Banque Centrale indépendante, y consentira-t-il ? Méchichi a cru bon d'éluder la question. Et, face à une dette publique qui s'élèvera à 15,8 milliards de dinars en 2021, face au service de la dette (perte 46% du PIB : 100 millions de dinars) au titre du budget 2020 et qu'il est obligé de clôturer par le biais d'une loi de finance complémentaire, sans parler des 1, 1 milliards de dinars que le FMI a refusé de décaisser parce que nous n'avons pas respecté nos engagements, Hichem Méchichi dit assumer, tout en évitant d'en imputer la responsabilité à ceux qui l'ont précédé. Et c'est là qu'il parle de continuité de l'Etat, un Etat qui est en guerre.
Exercice de funambule
En fait, à la tête de quel Etat Méchichi se verrait-il ? Il ne veut ni d'un Etat-Léviathan et coercitif, ni d'un Etat mou et faible. Mais l'Etat c'est l'Etat. Et il est résumé en termes cyniques par Friedrich Nietzche : « L'Etat est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche : Moi, l'Etat, je suis le peuple ». Réflexion qui sied parfaitement à Kaïs Saïed, mais nous doutons que Méchichi, homme qui se veut pragmatique et cartésien, puisse s'y identifier.
C'est ce pragmatisme qui est en train de faire en sorte qu'El Kamour soit négociable. Il est vrai que la délégation chargée de parlementer avec la partie adverse y va la main tendue. Il est vrai que la coordination d'El Kamour compte dans ses rangs des experts et des députés de la région. Il est tout autant vrai que ce problème paralysant date du gouvernement Chahed, depuis l'accord signé en 2017 et non concrétisé depuis.
Oui, mais il y a une notion de raison d'Etat que Méchichi évite d'évoquer. En fait, il n'y a pas que la guerre contre la pandémie. Dans le genre, El Kamour est aussi un front de guerre. Et le gouvernement ne saurait l'ignorer. Pour traiter, il faut être en position de force. « Le guerrier victorieux remporte la bataille, puis part en guerre. Le guerrier vaincu part en guerre, puis cherche à remporter la bataille », disait Sun Tzu, grand théoricien de « l'art de la guerre ». De quel Etat, parlerions-nous alors que la vanne du pétrole est fermée, avec des pertes qui se chiffrent en milliards de dinars.
Même raisonnement pour le phosphate. Le sens de l'Etat ne se réduit pas en effet à un gouverneur limogé. Ni à un couvre-feu. Il est vrai que Hichem Méchichi ne veut rien faire contre sa conscience, même si l'Etat le lui demande (Einstein). Mais se limiter à dire que l'Etat ne doit pas être un mauvais payeur, cela revient à occulter tous les autres dysfonctionnements au niveau des entreprises publiques.
Injecter 100 millions de dinars dans les caisses de la Pharmacie centrale pour qu'elle paie ses créanciers et importe les médicaments, n'aura pas d'autre effet qu'une piqûre de morphine. S'atteler à établir des audits des entreprises publiques déficitaires, voilà l'urgence première. Il se peut qu'il ait cela en tête. Un Mohamed Abbou aurait été utile dans ce sens. Et, puis n'a-t-il pas lu le rapport de la Banque Mondiale et prêté attention à ce que disait Patrice Bergamini sur « les 50 familles qui tiennent l'économie tunisienne en otage » ? Cela aussi mérite un approfondissement. C'est cela l'Etat.
Il est vrai que Méchichi y va à doses homéopathiques. Mais l'énarque qu'il est, le bureaucrate froid qu'il est, donne l'impression d'être rattrapé par le virus politique. Il parle de « coussin », cette Troïka qui le soutient au Parlement. Et, du coup, il retire le projet gouvernemental sur la protection des sécuritaires et le projet de refonte de l'article 116 inhérent au monde audiovisuel. Une tactique ? Possible. Ce qui est sûr, c'est qu'il est dans un exercice de funambule : éviter d'aller de Charybde (Kaïs Saïed) en Scylla (la nouvelle troïka parlementaire).
Ce qui est tout aussi certain, c'est qu'il est aussi condamné à gérer l'ingérable. Il doit trouver une troisième voie. A moins qu'il ne se résigne au destin d'un Sisyphe.
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