«l'Amas Ardent » de l'écrivain tunisien Yemen Manai, est un de ces livres qu'on lit ou relit toujours avec le même plaisir. Plébiscité par la critique et a raflé plusieurs prix à sa sortie en 2017: le Comar d'Or, le prix des cinq continents, le prix Maghreb de l'ADELF, et le grand prix du roman Méis. « L'Amas ardent », est une fable politique et écologique a réalisé un grand succès dans le monde entier et a propulsé son auteur qui était à son deuxième roman (après « La marche de l'incertitude ») au devant de la scène littéraire. « L'Amas ardent » raconte l'histoire d'un homme qui s'appelle « Don », un apiculteur qui mène une vie paisible avec ses ‘'filles'' qui ne sont autres que «ses abeilles», à la fois ses amies, et son gagne-pain. Un matin, il découvre qu'une grande partie de ses réserves en ruches est saccagée. Que s'est-il passé ? Il se met aux trousses des malfaiteurs. Les habitants de « NAWA », un village situé à quelques kilomètres des frontières, sont avisés des faits. L'apiculteur étant une personne affable et aimée de tous, tous les villageois accourent à son aide et lui prêtent main forte pour dévoiler l'auteur de cette monstruosité qui a causé cette perte considérable. Pendant ces temps, le quotidien de ce village reculé et oublié, était rythmée par les préparations pour les premières élections après une soi-disant révolution. Les villageois qui étaient majoritairement illettrés et très pauvres menaient une vie quasiment primitive. Ils ne pouvaient s'informer de l'actualité nationale qu'à travers un poste de télévision archaïque, installé au café du village et qui a cessé depuis une belle lurette de fonctionner convenablement. L'inquiétude de Don est de plus en plus grandissante. L'idée d'identifier la cause de cette dévastation. Il chérissait tant ses filles, (ses abeilles) et voulait à tout prix connaître l'auteur de cet acte odieux pour qu'il ne se reproduise plus. Il découvre enfin que le coupable est bel et bien une tribu de frelons noirs, jamais vus auparavant dans la région et qui s'attaquent aux abeilles par milliers... Que faire pour protéger ses aimables filles si jamais une deuxième croisade aura lieu et menacera la vie de ses reines, sa raison d'être ? Ce roman sous forme de conte, dresse un portrait ‘'plus vrai que nature'' de la Tunisie de l'après 2011. Une très belle métaphore des événements que subit la Tunisie. Le mal venu d'ailleurs n'est autre que le terrorisme, l'obscurantisme et l'intégrisme politique. L'auteur traite de ces questions sérieuses avec cette pointe d'humour qui rend l'ensemble agréable à lire. A propos de ce livre le président d'honneur du Prix des cinq continents de la francophonie, Jean Marie le Clézio avait dit : « ‘'L'Amas ardent'' est un livre aventureux. C'est un livre qui nous sort des sentiers battus et nous prend bien loin d'une littérature narcissique. C'est un livre qui nous parle de notre condition humaine, pas seulement de celle des Tunisiens à travers la lutte d'un individu obstiné qui adore ses filles, les abeilles, qu'il protège contre une société qui veut détruire cette harmonie et nous priver de vie. C'est un livre profond...» L.C