p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" « Divine » surprise, dimanche dernier : Rached Ghannouchi a parlé sur la chaine Al Watanya 1, alors même que l'un des dissidents du « groupe des cent », Abdellatif El Mekki s'égosillait au plateau de « Wahch Echacha » sur la Chaine 9 et se lançait dans un véritable pamphlet à l'endroit de celui dont l'oligarchie absolue, depuis près d'un demi-siècle, est pratiquement au-dessus des institutions du « Mouvement » Ennahdha, dans la pure tradition des « sectes » inexpugnables. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Des informations que nous prenons avec des pincettes, font état d'une interview «improvisée» et qu'en tant que telle, les questions et les réponses obéissaient au traditionnel protocole codé et à connotations rituelles. On sait que Rached Ghannouchi est péremptoirement « visqueux » dans les réponses aux questions qu'on lui pose entre deux portes, à la sortie d'une réunion, ou encore à la fin d'une plénière, mais qu'il ne s'est que rarement prêté à une interview dans les règles. Généralement, il délègue « sa parole » aux perroquets dévots qui l'entourent et qui brassent les plateaux audiovisuels pour nous rapporter, interpréter et nous faire avaler toutes les couleuvres, chaque fois que «le Cheikh suprême» défraie la chronique par des décisions équivoques, par la gestion de son «Mouvement» ou, tout près, par sa façon de concevoir son propre rôle de président de l'ARP. Un nouveau cheval de bataille... Ce qui est quand même assez significatif, c'est que le désormais contesté «leader» d'Ennahdha a voulu paraître inébranlable. Les questions, toutes commodes, le mettaient du reste à l'aise. Au final, en dehors d'un check up fallacieux de la vie politique nationale, Rached Ghannouchi est tombé dans les redondances, sans, néanmoins omettre –c'est sa façon de fonctionner- de lancer des fléchettes aux uns et aux autres. Seulement voilà : il en profite pour réitérer son intention de lancer un projet de réconciliation nationale à grande échelle. C'est pour cela, dit-il, qu'il a fait appel à Mohamed Ghariani, celui qui serait destiné à aller puiser dans le réservoir des RCDéïstes pour qu'ils se rallient à cette initiative. Voulant, comme à son habitude, souffler le chaud et le froid, il juge que le moment est venu de faire table rase du passé. Une réconciliation nationale avec les RCDéïstes pour toile de fond, serait sans doute une bonne chose pour le pays. Mais alors, cette métamorphose de celui qui a pris pour cible, sans distinction aucune, toutes les institutions du régime Ben Ali, en grand conciliateur devant l'Eternel, émane-t-elle de scrupules humanistes, ou tendrait-elle à se faire une aura dans le pur style de la récupération politique ? En tous les cas, c'est destiné à contrer l'initiative de réconciliation sur laquelle travaille Kaïs Saïed. Ghannouchi est, en effet, le défenseur acharné depuis la chute de l'ancien régime, de la force absolue et décapante d'une «révolution» se proposant d'ériger un ordre nouveau. Peut-être considère-t-il que «sa révolution» s'est épuisée. Mais, par ailleurs, quand il crée de toutes pièces un groupuscule «légalisé», comme la bande à Seifeddine Makhlouf, lui assignant la mission de se dresser par tous les moyens sur le chemin de Abir Moussi, il est quelque part dans la contradiction avec lui-même. Or, ce qu'il y a de burlesque dans tout cela, c'est qu'il se dise satisfait de son propre rendement à la tête de l'ARP et qu'il juge que l'hémicycle est dans une dynamique législative percutante. A l'évidence, il évite tout questionnement sur les dépassements, sur les violences qui se meuvent sous ses yeux, arguant que cela se passe aussi dans les vieilles démocraties. A-t-il, au moins, pris acte du ras-le-bol, du coup de colère exprimé par un homme calme et posé tel Tarek Fettiti, le jour où Seifeddine Makhlouf s'est défaussé violemment sur d'autres députés ? L'enjeu, c'est l'agenda régional En fait, Rached Ghannouchi est le plus grand manœuvrier sur la scène. Sans doute, se dit-il «chagriné» de ce que le linge sale d'Ennahdha soit lavé en public. Mais il sait que le vent a tourné. Finie l'idolâtrie ! Finie l'invulnérabilité d'un «Guide suprême» qui ne comprend toujours pas que son mouvement est resté comme figé dans le temps et dans l'espace ! Il persiste et signe, cependant : il déclare ne pas s'être encore fixé sur ses projets futurs au sein d'Ennahdha (ce qui veut dire qu'il ne se déclare pas solennellement prêt à passer la main au futur congrès du «Mouvement»). Pas plus, d'ailleurs, qu'il déclare ouvertement n'avoir aucune intention de briguer la présidentielle de 2024. Comme à son habitude, il laisse planer le flou artistique. Et c'est là qu'il lève un coin de voile sur ses rapports «équivoques» avec le Président de la république. Il juge le rendement de la diplomatie tunisienne «assez faible». C'est déjà une fronde à l'endroit de Kaïs Saïed. Il est vrai que le Président n'en finit pas encore de remettre de l'ordre (ou du désordre) autour de lui et dans ses propres champs de compétences. Ce qui est cependant certain, c'est que Kaïs Saïed représente un écueil sur le chemin diplomatique de Ghannouchi. Kaïs Saïed n'est inféodé à aucune trajectoire géostratégique. Il veut, du reste, respecter la ligne diplomatique de la Tunisie depuis l'indépendance, cette ligne marquée par la neutralité absolue vis-à-vis des conflits internationaux, à moins qu'ils ne menacent les intérêts tunisiens. Or, Ghannouchi, au nom du projet islamiste, a entrainé la Tunisie dans l'axe Ankara/Doha, principalement en ce qui concerne la question libyenne. D'autres activistes poussent vers Le Caire, Dubaï et Ryadh. Kaïs Saïed l'a encore affirmé dans son discours d'ouverture du Forum du dialogue inter-libyen : pas question pour la Tunisie d'accepter la partition de la Libye. Oui, mais les 75 «dignitaires» libyens présents à Tunis sont divisés en deux blocs et traitent selon des agendas internationaux. Il y aurait donc à poser cette question à Rached Ghannouchi, question qui ne lui a pas été posée dimanche : «De quelle partie libyenne se proclamerait-il ? » Parce que, finalement, ce Forum se tient à Tunis, alors que c'est pour la première fois depuis l'indépendance que des forces étrangères (entre milices et soldats agissant sous la coupe d'Erdogan) stationnent à nos frontières avec la Libye... A qui le doit-on, si ce n'est à l'axe du mal auquel a souscrit Ghannouchi ? Il est vrai que Kaïs Saïed ne pouvait soulever cette question. Mais le problème se posera tôt ou tard. Et en attendant des réponses concrètes, Rached Ghannouchi a fait aussi dans l'humour noir quand la question des «chambres noires» telles que définies par Saïed lui a été posée. «J'ai de l'électricité chez moi». Sauf qu'il y a de l'électricité en l'air ! Il l'alimente même. En tous les cas, il ne quittera pas la table comme le fait Aznavour... p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"