« Le ciel scintillant d'étoiles brille d'une lumière sans chaleur, irréelle et pâle comme le rêve. La mélancolie de la pénombre, l'harmonie de la voix, la douceur de la flûte, la forme imagée des poèmes au rythme musical, attendrissent le cœur, emplissent la tête d'images et le corps d'une douce ivresse ». Le Fils du pauvre (1950) de Mouloud Feraoun. Le poète Abdelaziz Hammami est l'un des fondateurs du premier club littéraire à Kairouan à la fin des années soixante du siècle dernier. Un club illustre qui groupait, à l'époque, Jamila Mejri, Mohamed Ghozzi, Moncef Ouhaibi, Jaafar Majed ... Il est l'auteur de nombreux poèmes parus sur les colonnes des pages littéraires de plusieurs journaux et revues de la place. Ce poète était, pendant de longues années correspondant de l'agence TAP, des trois radios nationales (Tunis, Monastir et Sfax) et de plusieurs quotidiens et revues nationaux, à Kairouan ‘. Il a attendu sa mise à la retraite pour se consacrer totalement à la poésie et devenir le porte-drapeau d'un courant de poésie très apprécié par les amoureux de la poésie, et ils sont très nombreux partout dans le pays et au-delà de nos frontières. Fervent défenseur de la pureté de la langue arabe, ses œuvres poétiques sont caractérisées par la clarté du style et la richesse du vocabulaire. Certains de ses travaux ont été traduits en langues française et anglaise. Alors que le recueil ‘la roucoulade du nuage' (Hadile El GhaIma) lui a valu le premier prix du meilleur recueil poétique arabe(2020) qu'attribue chaque année l'établissement culturel Abdelaziz Saoud Babtine du Koweït. Deux autres recueils de vers composés par ce poète ont été jusque-là publiés à savoir, l'abécédaire de l'eau et du sable (Abajadiatou almaa oua arramel), et Trajet flou (massafatoun ghamidha), dans l'attente de la sortie des presses de son quatrième recueil. Abdelaziz Hammami qui débuta tout jeune dans la composition des vers, fait partie de la lignée des poètes ayant choisi d'exprimer le vécu personnel et celui des autres. Ceci en forgeant admirablement les sensations avec des expressions magnifiques. Il a piochés sans difficulté dans le magma de ses souvenirs pour composer des poésies inspirées par les circonstances et par la vie qui caractérisent l'ancienne médina pour nous offrir des morceaux très passionnants. « Comme le dit Alphonse Lamartine dans ‘Premières méditations poétiques' : la poésie ne m'a jamais possédé tout entier. Je ne lui ai donné dans mon âme et dans ma vie que la place que seulement l'homme donne au chant dans sa journée, des moments le matin, des moments le soir, avant et après le travail sérieux et quotidien ». Et de poursuivre « .Je garde toujours de bons souvenirs des moments passés au club littéraire qu'abritait à l'époque ‘Dar El Mrabet', dans l'ancienne médina de Kairouan. « C'est une importante étape dans ma vie pendant laquelle j'ai fréquenté de grands poètes ; feux Chadli Atallah, Mohamed Mezhoud, Naceur Saddam et autres. L'ancienne médina, ses monuments historiques prestigieux, ses remparts encore debout, ses rues et ses ruelles, ses souks ombragés, ses artisans, ses us et coutumes sont les sources d'inspiration de ma poésie. J'ai également écris sur les problèmes de l'homme, de ses rêves, de sa joie et de ses inquiétudes et j'ai essayé à travers mes poésies de panser les blessures des opprimés et tenté de combattre la haine installée dans les cœurs. » A-t-il conclu. Lire ce poète qui a Kairouan dans les veines et l'amour des mots dans les tripes, c'est ne jamais oublier que cette ville, Kairouan la douce, a vu naître de grands poètes, des hommes de lettres et des chanteurs, tous portés par la sacralisation des « mots », loin des maux et avec ces mêmes maux. Pour des joies absolues et des tristesses humaines. N.K.