Elle s'est présentée en tant que victime aux enquêteurs qui ont recueilli ses déclarations au poste de police de Séjoumi, prétendant qu'elle a été assaillie par deux jeunes gens en état d'ébriété qui l'ont obligée sous la menace à les suivre dans un buisson des environs pour la violer tour à tour. Disait-elle la vérité ou affabulait-elle ? L'enquête semble prouver le contraire de ce qu'elle a dit spontanément aux policiers lorsqu'ils ont procédé à la confrontation d'usage après l'arrestation des suspects. Ecoutons-la : " Je travaille comme femme de ménage non couchante dans une famille aisée du quartier de Montfleury et il m'arrive de rentrer chez moi à la nuit tombante. Jusqu'à ce jour maudit, tout allait bien et je n'ai pas eu d'accroc. Mais, il fallait compter avec le destin qui a mis sur ma route ces deux malabars qui m'ont cruellement souillée, profitant de la nuit noire et de l'endroit totalement désert où ils m'ont conduite. Muni d'une lame de rasoir, le premier m'obligea à se donner à lui, par deux fois, alors que son compère faisait le guet. Mes appels au secours et mes supplications n'ont servi à rien puisqu'il n'y avait pas âme qui vive, au moment où je subissais ses assauts. Puis, ce fut au tour de son acolyte de saisir l'occasion, les rôles étant inversés. Vraiment, j'ai enduré le martyre. " Voilà la déposition faite par l'adolescente aux enquêteurs qui devaient entendre un son de cloche différent lors de l'interrogatoire des deux accusés qui ont affirmé avoir certes eu des relations sexuelles avec la plaignante, mais elle était totalement consentante. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois, d'autant que nous l'avons rémunérée pour ses services, ont-ils ajouté avant de marquer leur étonnement quant à la plainte de viol déposée par la prétendue victime. A l'audience, leur avocat soutint que l'accusation à l'encontre de ses clients est infondée, car la plaignante inventa cette histoire de toutes pièces afin de justifier son retour au domicile familial, à pareille heure tardive. Il sollicita l'acquittement de ses clients. La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, ayant suivi la thèse de la défense, a prononcé la relaxe des accusés.