La Société Générale, une des trois premières banques françaises, a révélé jeudi avoir perdu 7 milliards d'euros, dont près de 5 milliards de pertes provoquées par un de ses traders dans la fraude la plus colossale de l'histoire de la finance mondiale. Evènement En pleine tourmente boursière mondiale, la banque a été contrainte d'annoncer cette fraude interne de 4,9 milliards, auxquels s'ajoutent 2 milliards d'euros de dépréciations liées à la crise des "subprimes". L'employé à l'origine de la fraude, opérant à Paris et dont l'identité n'a pas été révélée, a été relevé de ses fonctions.Après avoir été suspendue à la demande de la banque, l'action de la Société Générale enregistrait une nette baisse à la reprise de sa cotation à la Bourse de Paris (-4,84% à 11H13 GMT), alors que les spéculations étaient relancées sur un éventuel rachat par une concurrente. Selon les explications de la banque, la fraude a été découverte le 19 janvier: un trader, opérant dans une sous-division de ses activités de marché, a profité de "sa connaissance approfondie des procédures de contrôle", pour "dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives". La Société générale a liquidé depuis ces positions mais compte tenu de leur taille et "des conditions de marché particulièrement défavorables", cette fraude a un impact négatif de 4,9 milliards d'euros sur son résultat net. Lors d'une conférence de presse convoquée d'urgence, le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, a tenté de s'expliquer sur cette fraude gigantesque et a présenté ses "excuses" aux actionnaires. "C'est un homme seul qui a construit une entreprise dissimulée à l'intérieur du groupe en utilisant les instruments de la Société Générale et qui a eu l'intelligence d'échapper à toutes les procédures de contrôle", a-t-il déclaré. Il a précisé que le trader avait "agi tout au long de l'année" 2007 et qu'une plainte allait être déposée à son encontre. Le trader "a joué, mais pas à son profit", a déclaré une source syndicale à l'issue d'une réunion avec la direction. De son côté, l'avocat d'une centaine d'actionnaires de la banque a affirmé avoir déposé une plainte pour "escroquerie, abus de confiance, faux, usage de faux et complicité, et recel". La Banque de France a annoncé dans la foulée qu'une enquête allait être diligentée pour examiner les conditions dans lesquelles cette fraude est intervenue. La banque avait déjà été critiquée par les analystes financiers pour son silence ces derniers jours alors que le titre chutait en pleine crise des "subprimes" (prêts immobiliers à risques américains). Il a perdu plus de 20% de sa valeur depuis le début de l'année, et plus de 40% sur les six derniers mois.