L'opposition demande une force d'interposition de l'UA * Le pape lance un appel de paix et de réconciliation Le Temps - Agences - Les violences se poursuivaient hier dans l'ouest du Kenya, où treize personnes ont été tuées dans la nuit, à la veille de la reprise de pourparlers entre le gouvernement et l'opposition à Nairobi pour trouver une issue à la crise qui ensanglante le pays depuis un mois. L'opposant Raila Odinga a appelé l'ONU et l'Union africaine (UA) à envoyer des forces de maintien de la paix au Kenya, accusant les forces de sécurité nationales de manquer de "neutralité". Au moins 13 personnes ont été tuées durant la nuit de samedi à dimanche dans le district de Nyamira, le long de la frontière séparant le territoire de l'ethnie Kalenjin à celui des Kisii, a indiqué un commandant de la police dans la région. Cinq personnes ont été tuées par balles par la police, et huit à la machette. "Les affrontements se poursuivent et les gens fuient leurs maison", a-t-il précisé en début d'après-midi. Ces nouvelles victimes portent à 70 le nombre de personnes tuées depuis vendredi. Dans cette même région, à Chepilat, des échoppes ont été détruites et une école incendiée durant la nuit, et des maisons brûlées dans la matinée lors d'affrontements entre Kisii et Kalenjin, selon la même source. Plus à l'est, dans la zone d'Anaimoi, près de la ville de Kericho (environ 240 km au nord-ouest de Nairobi), des milliers de villageois ont fui leurs habitations après le lancement par la police d'une vaste opération pour récupérer des armes volées lors de violences. Les troubles ont éclaté vendredi dans cette circonscription après le meurtre, la veille, du député de cette circonscription, David Kimutai Too, élu du Mouvement démocratique orange (ODM, parti de M. Odinga). Il s'agit du second meurtre d'un député de l'opposition en quelques jours. Plus de 1.000 personnes ont été tuées et 250.000 à 300.000 déplacées dans les violences politico-ethniques qui ont suivi l'annonce de la réélection, contestée par l'opposition, du président Mwai Kibaki fin décembre. Le candidat malheureux à la présidentielle, Raila Odinga, a jugé dimanche "nécessaire qu'il y ait un déploiement de forces de maintien de la paix de l'ONU et de l'Union africaine". "La police a été souvent été utilisée à mauvais escient et nous ne ne croyons pas en la neutralité de l'armée", a-t-il déclaré lors d'une visite dans sa ville natale, Bond (ouest). M. Odinga a indiqué avoir "confiance" en la médiation menée par l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, mais a laissé entendre qu'il avait d'autres plans si les négociations échouaient. "Nous avons une solution de repli", a-t-il dit, sans donner plus de détails. M. Odinga, arrivé officiellement deuxième, accuse M. Kibaki d'avoir fraudé pour lui voler la victoire lors de l'élection, dont les résultats sont entachés de graves irrégularités, selon de nombreux observateurs. Les pourparlers entre négociateurs mandatés par MM. Kibaki et Odinga, présidés par M. Annan, doivent se poursuivre lundi. Vendredi, les deux équipes ont signé une feuille de route censée mettre fin aux graves violences et à la crise humanitaire qui en découle, et régler la crise politique qui a résulté de l'élection du 27 décembre.
L'opposition demande une force d'interposition de l'UA Le Temps - Agences - L'opposition a réclamé hier l'envoi au Kenya d'une force d'interposition de l'Union africaine pour faire cesser les violences politico-ethniques. "Il nous faut des soldats de maintien de la paix de l'Union africaine pour ramener le calme et la paix", a déclaré à Reuters Tony Gachoka, porte-parole du Mouvement démocratique Orange (ODM, opposition). Il a ajouté: "Compte-tenu de la dimension ethnique du conflit, leur déploiement serait plus neutre que celui de l'armée (nationale)". Le gouvernement du président contesté Mwai Kibaki n'a pas réagi pour le moment à cette idée. On estime qu'environ 900 personnes ont été tuées et un quart de million déracinées depuis le début, le 27 janvier, des troubles au Kenya.
Le pape lance un appel de paix et de réconciliation Le Temps - Agences - Benoît XVI a exprimé hier l'espoir qu'un accord mette fin aux violences déclenchées par l'élection présidentielle contestée du Kenya, en appelant l'ensemble des Kenyans à favoriser un retour à la normale. "Je vous invite à vous unir avec les frères et les soeurs du Kenya, dont certains sont présents ici sur la place Saint-Pierre, afin de prier pour la réconciliation, la justice et la paix dans leur pays", a-t-il déclaré aux fidèles rassemblés pour l'angélus dominical. "J'espère que les efforts de médiation en cours aboutiront, avec la bonne volonté et la coopération de chacun, à une prompte résolution de ce conflit qui a déjà fait trop de victimes." L'ancien secrétaire général de l'Onu Kofi Annan a obtenu vendredi un accord politique visant à faire cesser les violences postélectorales, qui ont causé la mort de près de 900 personnes et en déplacé plus de 250.000. Le souverain pontife a aussi appelé à la paix et à la réconciliation en Colombie, pays ravagé par "les extorsions, les enlèvements et les morts violentes".