Le Temps-Agences - Face aux objections de la Russie, de la Chine et d'Etats en développement, les pays européens ont renoncé à faire adopter au Conseil des gouverneurs de l'AIEA une résolution exhortant l'Iran à clarifier des activités nucléaires douteuses, rapportent des diplomates occidentaux. Les adversaires du projet ont fait valoir qu'une résolution serait superflue un jour après l'adoption à l'Onu, par le Conseil de sécurité, d'un troisième train de sanctions contre Téhéran, et pourrait même amener les Iraniens à réduire leur coopération avec les inspecteurs de l'Onu, ont-ils dit. "Le conseil (des gouverneurs) n'a nul besoin de concurrencer le Conseil de sécurité", a déclaré à Reuters un diplomate asiatique dont le pays est membre du Mouvement non-aligné. La Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ont écarté le projet de résolution en estimant que leurs objectifs étaient réalisés par la décision du Conseil de sécurité, et qu'il était inutile de prendre le risque d'une scission entre les principaux acteurs de l'AIEA que l'Iran pourrait exploiter, selon des diplomates occidentaux. "L'Iran a cru pouvoir manipuler l'AIEA pour éviter une résolution du Conseil de sécurité tout en continuant à développer sa capacité d'enrichissement de l'uranium", a déclaré aux journalistes Gregory Schulte, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'agence de Vienne. "Comme le montre la résolution adoptée à New York, l'Iran a nettement échoué. En réalité, dans l'optique de Vienne, cette résolution souligne que le dossier iranien reste ouvert et elle fournit un appui total à l'AIEA dans la poursuite de ses investigations sur les questions litigieuses, en particulier pour ce qui touche à la militarisation du programme iranien." En décidant par 14 voix et une abstention de durcir les sanctions déjà imposées aux Iraniens, le Conseil de sécurité a invoqué le fait que Téhéran n'a ni répondu aux demandes d'arrêt de ses activités d'enrichissement ni fourni d'éclaircissements sur son programme passé, et qu'il restreint toujours les inspections de ses sites sensibles par l'AIEA. Dans un discours prononcé avant-hier, le directeur général de l'AIEA Mohamed ElBaradeï a incité l'Iran à coopérer à une enquête sur ces divers points, faisant ainsi comprendre qu'il ne prendrait pas les dénégations catégoriques de Téhéran pour une réponse définitive. Le projet de résolution n'étant plus au programme du conseil des gouverneurs de l'AIEA, les déclarations issues du débat qui se tient en son sein viendront séparément des Etats-Unis, de l'UE et d'autres alliés occidentaux ainsi que du Mouvement non-aligné - dont fait partie l'Iran, qui n'appartient pas en revanche au conseil de l'AIEA.