Avec l'ouverture du secteur des télécommunications aux opérateurs privés, le paysage tunisien de la communication a été marqué par un sursaut quantitatif et qualitatif du secteur de la téléphonie mobile. La concurrence a fait changer la donne du secteur et a favorisé un terrain de rivalité pure et parfaite entre Tunisie Telecom et le premier opérateur privé Tunisiana. Une concurrence légitime qui bénéficie aux consommateurs en leur offrant une palette de services riche et adaptée à tous. Le parcours de Tunisiana est réussi et promet bien plus encore pour l'avenir du secteur. De quoi faire le bonheur de millions d'abonnés et favoriser le développement d'un secteur, considéré il y a cinq ans, comme embryonnaire. Dans ce cadre, Tunisiana a tenu avant-hier, à son siège, un point de presse ayant pour principal objet, la présentation du bilan annuel de la société. De même, et en avant-première, deux nouveaux services innovants ont été présentés, il s'agit des services : « a7kili » et « wrap up ». Au cours de cette rencontre, M. Yves Gautier, Président Directeur Général de Tunisiana, a fait part de quelques réflexions et commentaires afférents aux états financiers de la société pour l'année 2007. À ce sujet, il a évoqué l'amoindrissement des efforts en investissement informatique pour cette année en comparaison à l'an 2006, et ce en raison d'une forte montée des coûts du réseau. Pour cette année, la société entre dans un stade de stabilisation, au cours duquel, il n'y a pas eu d'investissements en réseau. D'ailleurs, la croissance des investissements alloués en la matière était de 40% pour 2006 pour atteindre 20% en 2007. Cependant, l'activité de Tunisiana accuse un certain ralentissement en enregistrant un taux de pénétration du marché avoisinant les 75%. D'après le PDG de Tunisiana, « il ne faut plus s'attendre à une croissance remarquable comme celle connue par le passé ». Cette croissance se traduit par ce que rapporte chaque client en dehors du roaming, un apport qui s'est stabilisé ces derniers temps.
« Les Tunisiens ne dorment pas » Par ailleurs, le nombre de minutes de communication par client a augmenté et le prix moyen par minute a baissé grâce aux offres commercialisées (l'offre d'abondance, l'offre de Ramadan etc.). Grâce aux bonus octroyés à travers ces diverses offres, le trafic a augmenté ce qui a impliqué l'accroissement du nombre des minutes consommées sans que le prix n'ait augmenté au même rythme. Pour la plupart des abonnés, il est difficile de discerner la baisse des prix de la minute de communication, tant que cela n'est pas palpable directement. Or, avec la totalité des bonus accordés, le prix moyen de la minute de communication diminue. En effet, lorsqu'un bonus est donné, le prix de référence ne peut être modifié. C'est dès lors en fonction de la moyenne que s'applique la fluctuation. Toutefois, concernant le bonus accordé sous forme de gratuité ou d'abondance, M. Gautier a fait part de son étonnement quant à l'usage de celui-ci à des heures où le trafic est censé diminuer remarquablement. Il explique que d'après les statistiques, il y a nettement plus de trafic vers 3h du matin que vers 11h du matin. Sachant, que la société a fixé les plages horaires de cette offre dans la portion la moins accessible (en théorie), la situation s'est orientée vers une autre configuration, mais qui dénote sur la réussite de l'offre. Le PDG affirme que « c'est la première fois dans sa carrière, qu'il voit un trafic aussi important à une heure précise ». Il se dit étonné de voir que les Tunisiens ne dorment pas. De ce fait, et afin de protéger le réseau et éviter qu'il soit en danger, le nombre des souscriptions a été limité. Entre autres, si le trafic doit être augmenté pendant les heures pleines, un investissement dans le réseau est obligatoire. Donc, à ce niveau, la stratégie devant être adoptée est celle qui optimise le réseau, et ce en donnant des tarifs plus bas quand le réseau n'est pas normalement chargé. « Evidemment, le résultat a dépassé nos espérances » affirme M. Gautier. Et d'ajouter : « Peut être qu'à ce stade il nous faut revoir un peu la façon dont nous conçevons nos offres mais globalement notre stratégie est bonne ». A ce titre, il faut noter que l'offre des « sms » illimités on net à partir de 8h du soir a multiplié par dix le trafic des « sms » et le prix moyen du « sms » a par ricochet baissé. Les responsables de Tunisiana assurent que les offres vont continuer dans cette optique en donnant encore plus de bonus pour encourager et accroître le trafic. Approuvé dans le dressement des états financiers de la société, l'ARPU Tunisiana a été maintenu pour l'année 2007 à son niveau, ce qui représente un indicateur optimiste. Concernant les coûts, l'investissement sera moindre puisque la société atteint la phase de maturité. Cela dit, la pénétration va continuer à croître, l'investissement sera maintenu, mais pas au même rythme qu'auparavant.
Tunisiana projette d'investir dans la 3G Egalement, Tunisiana projette d'investir dans la « 3G », puisque les licences vont être mises en vente tres prochainement en Tunisie. Dans ce sens que la société doit rester à la pointe de la technologie et fidèle à sa réputation aussi bien à travers le client que l'image de marque au regard du public. A l'avenant, Investir dans la technologie large bande est un objectif pour l'équipe de Tunisiana , en essayant en parallèle de promouvoir l'Internet mobile, dont les indicateurs sont assez favorables. Et même s'il y a encore des modems qui sont détenus en douane, cela n'empêchera pas la progression de la société. « L'investissement dans la haute technologie est toujours parmi nos priorités », affirme M. Gautier. Malgré les apparences, les responsables parlent de gains en terme d'argent important, surtout que Tunisiana est le premier contribuable en Tunisie avec 35% d'impôt qu'elle paye. S'ajoute à cela une dette relativement importante qui dépasse 400 Millions de Dinars à rembourser. Les cash-flows générés servent à payer une partie de cette dette, laquelle a servi à payer une partie des licences obtenues. Cette dette est bien justifiée dans la mesure où tous les opérateurs téléphoniques du monde recourent aux dettes pour financer certaines parties de leur activité. Tunisiana est par ailleurs bien placée en terme des différents ratios financiers. Contrairement à d'autres sociétés qui récupèrent leur profitabilité sur le long terme, Tunisiana se distingue par un mécanisme pareil, en agissant sur le court et moyen terme.
Fair play Sur la question relevant des parts de marché partagées entre les deux opérateurs téléphoniques, à savoir 47% pour Tunisiana et 52,3% pour Tunisie Telecom, le PDG préfère jouer « la carte fair play » en affichant une position neutre par rapport à ces valeurs. Il conteste, néanmoins la façon dont a été établi le marketshare, ce dernier étant plutôt insignifiant dans les grands marchés du prépayé. M. Gautier réplique : « L'important pour nous, c'est d'être dans un trend de croissance, un trend où nous attirons apparemment plus de clients que notre concurrent ». La fin de la rencontre s'est faite sur une note concernant les prévisions de Tunisiana pour l'année 2008. Une croissance à deux chiffres qui varie entre 10, 13, et 14% est l'objectif tracé pour cette année. Le nombre de revenu et des clients croît de la même façon à peu prés. Les plans de la société ne peuvent être révélés avec exactitude, néanmoins, c'est un peu le prolongement de ce qui a déjà été réalisé. Une croissance qui se tasse légèrement, certes, mais, plus la saturation varie, plus la croissance ralentit. Les chiffres et les faits parlent d'eux-même. Tunisiana poursuit une croissance dans le domaine de la téléphonie mobile, et de surcroît, une recherche insatiable d'innovation en termes de produits et de services. Les ressources sont disponibles ; la volonté affirmée ; la conjoncture favorable. Reste à dépasser les barrières administratives et réglementaires, souvent à l'origine du ralentissement de tout progrès technologique.