L'éclectisme de ces deux délinquants est vraiment hors du commun, en s'attaquant à un artiste étranger pour lui voler ses tableaux de peinture. Tous les jours, l'on découvre du nouveau dans les faits divers. C'est dire l'imagination vagabonde et fertile de leurs auteurs qui ne cessent de nous surprendre au fil de leurs pérégrinations. Qui aurait cru qu'à présent, l'on bifurque vers les créateurs pour les déposséder de leurs œuvres d'art ? Personne. Et pourtant, c'est ce qui est survenu à ce peintre, venu en Tunisie, pour nous faire admirer tout son talent, à travers ses toiles qu'il expose ça et là dans les galeries les plus réputées et les plus fréquentées de la capitale. Pour son malheur, il a croisé près de l'institut national des beaux-arts, à Bab Saâdoun, deux jeunes gens qui l'ont abordé pour nouer avec lui une longue discussion qui les a menés dans un coin éloigné du côté d'El Omrane où ils se sont retrouvés presque seuls, à l'abri des regards. En fait, l'intention des délinquants était évidente : s'isoler avec l'artiste peintre pour lui voler les quelques toiles qui étaient avec lui. Etant parvenu à leurs fins, ils l'ont sauvagement agressé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Une fois le champ libre, ils l'ont fouillé d'abord pour lui prendre son téléphone portable ensuite ils se sont emparés de ses tableaux, avant de s'évanouir dans la nature. Des promeneurs devaient secourir la victime en l'évacuant vers l'hôpital le plus proche où il reçut les soins nécessaires. Une fois rétabli, il se dirigea au poste de police où il narra la mésaventure qui lui est arrivée. Les agents, munis du signalement précis des agresseurs, entreprirent leurs investigations au bout desquelles ils ont « coffré » les coupables qui ont été formellement reconnus par le peintre. A l'issue de l'enquête menée par le juge d'instruction chargée de l'affaire, l'un des délinquants a été écroué, sous le chef d'accusation de vol qualifié avec usage de la violence, tandis que le second a bénéficié de la liberté provisoire. A l'audience de la deuxième chambre criminelle du tribunal correctionnel de Tunis, l'accusé a demandé pardon à la victime, son amour effréné des tableaux de peinture l'ayant conduit à commettre ce méfait malheureux, alors que son complice ne s'est pas présenté. Quant à la défense, elle a sollicité du juge de faire profiter son client des circonstances atténuantes. Le jugement a été mis en délibération.