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De la controverse à l'admiration universelle
Publié dans Le Temps le 06 - 04 - 2008

Notre confrère Mohamed Ali Habachi, chercheur passionné en matière d'histoire moderne et contemporaine de la Tunisie, et de l'ensemble des pays du Maghreb, nous a fourni des témoignages de quelques contemporains de Bourguiba. Une grande controverse et des jugements d'une extrême sévérité marquent le début de son "apostolat", dans les années 1930, et même longtemps après.
Alors qu'en France, son action fait dire "qu'il est temps de suspendre dans nos possessions transméditérranéennes le cours de la propagande de la 2ème et 3ème Internationale", ou encore "L'homme aux différents visages", en Tunisie, il est traité de "blanc-bec", "d'agitateur et de trublion", accusé à la fois d'être "l'homme-lige de la France..., le forban qui l'a trahie et devant lequel elle capitule" (Charles Saumagne) dans les "Les Temps modernes", (mars 1976). Mais avec le temps, les jugements se font plus nuancés, de la part même de ses adversaires les plus acharnés qui le trouvent "d'autant plus redoutable qu'il est sincère". (De Guerin du Cayla lors du procès de Bourguiba en 1938).
Il sera ultérieurement perçu comme "un grand maître de la tactique dont la mise pourrait transformer rapidement la géographie politique du monde" (JJ Servan Schreiber, dans Paris - Presse. L'intransigeant 10 avril 1952).
De Gaulle le saluera comme "un lutteur, un politique, un Chef d'Etat dont l'envergure et l'ambition dépassent les dimensions de son pays", ajoutant, par ailleurs, qu'il a quelque chose de commun avec lui, "le courage de prendre des rendez-vous avec l'Histoire" (Charles de Gaulle, Mémoires d'espoir. Tome 1 Octobre 1970).
En dehors de la France et de la Tunisie, les témoignages ne manquent pas, et ils aident à situer le personnage dans le temps et dans l'espace, émanant d'hommes d'Etat peu portés à la complaisance.
Pour Amintore Fanfani, il est "un Jugurtha qui a réussi". Pour John Fitzgerald Kennedy, il est "l'homme qui a suscité l'admiration universelle".
Cas presque unique dans les annales du Sénat Américain , une résolution est adoptée en août 1976, proclamant qu'il "doit être honoré pour son sage et courageux leadership de la Tunisie pendant deux décennies".
Jimmy Carter, champion des droits de l'homme, choisit, quant à lui, de rendre hommage "à sa valeur morale". Dans le camp opposé, et malgré les divergences doctrinales, les marques d'estime et de considération ne manquent pas, comme celles manifestées par Chou En Laï au cours d'une rencontre avec les journalistes arabes en 1971, ou par Tito, Kossyguine et bien d'autres apôtres du marxisme - léninisme, au cours de leurs visites en Tunisie. Plus près de nous, au Maghreb, au Machreq et en Afrique, dans cette aire géo-politique particulièrement agitée, où foisonnent les rivalités, il est rare qu'un Chef d'Etat n'ait pas choisi, en parlant de lui, d'utiliser le titre, le plus glorieux entre tous, que ses compatriotes lui avaient décerné dès les premières années de sa lutte, celui de "Combattant Suprême".
Même ceux qui ne partagent pas ses conceptions politiques, se sont posés, un moment, en adversaires déclarés, ont fini par admettre le bien-fondé de ses positions et de regretter de ne s'être pas fiés à sa perspicacité.
Le plus célèbre parmi eux, Jamal Abdennasser, devait confier à la fin de sa vie : "C'est le vrai ami ; il est le seul à m'avoir dit la vérité".
L'opinion de tous ceux qui l'ont approché ou, mieux encore, ont eu à négocier avec lui, peut-être résumée dans ce témoignage, rapporté par Simon Malley : "Vous pouvez être en désaccord avec lui, disait Murphy à John Foster Dulles à son retour à Washington, après sa mission de "Bons offices", mais, il vous est impossible de douter de la profonde sincérité de ses opinions et de son jugement".
Sa renommée ne se limite pas aux milieux officiels et aux cercles des observateurs initiés. Pour en mesurer l'étendue, il n'est guère de meilleure indication que l'expérience vécue par nombre de ses compatriotes, lors de leurs déplacements à l'étranger. L'énoncé de leur nationalité, dans des pays lointains, ne suffit pas parfois à les situer de même que leur pays. Mais à l'évocation du nom de Bourguiba, tout devient plus clair.
Le nom Bourguiba, est évocateur par lui-même, autant que par les luttes qui y sont attachées, d'une personnalité hors du commun.
De tous les témoignages cités - et autres - une première impression jaillit, correspondant à la définition que donne Hegel de l'homme de génie. Il est dit-il, "Celui qui réconcilie le plus de contraires". Parmi eux - et non des moindres - qui ont relevé cet aspect de la personnalité de Bourguiba, Charles de Gaulle qui ne lui était pas, pourtant, toujours favorable. Voilà comment, pour expliquer la guerre de Bizerte et rendre hommage à un adversaire qui forçait son admiration, il en trace le portrait : "Depuis toujours, il est le champion de l'indépendance tunisienne, ce qui l'oblige à surmonter en lui-même maintes contradictions.
Il s'est sans cesse opposé à la France à laquelle, cependant, l'attachent sa culture et son sentiment. A Tunis, il a renversé le régime beylical et épousé la révolution, bien qu'il croie en la vertu de ce qui est permanent et traditionnel. Il s'incorpore à la grande querelle arabe et islamique, tout libre-penseur qu'il soit et imbu de l'esprit et des manières de l'Occident.
Présentement, il soutient l'insurrection en Algérie, non sans redouter pour demain le voisinage d'une République bouillonnante"... (Charles de Gaulle).
Bien d'autres exemples peuvent être cités des contradictions surmontées dans la poursuite du grand dessein que le leader Habib Bourguiba s'est assigné.


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