La fraude aux examens est un phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur dans nos écoles (collèges et lycées notamment). Malgré les mesures prises par l'administration et la vigilance des enseignants lors des devoirs de contrôle ou pendant la semaine bloquée, le nombre des cas de fraude ou de tentative de fraude ne cesse d'augmenter et la tentation a gagné même les élèves des petites classes qui ont leurs propres stratagèmes en matière de fraude. La technologie aidant, certains élèves ont recours à leurs téléphones portables pour se faire passer des réponses au cours de l'examen ! Mais les anciennes pratiques sont toujours en vigueur. Le principe adopté par ces tricheurs est que « la fin justifie les moyens » ; les tricheurs sont solidaires entre eux et ils peuvent dans certaines matières se communiquer la bonne réponse par des gestes ou en soufflant discrètement au voisin quelques mots-clés. L'objectif est d'avoir sa moyenne au devoir en vue de satisfaire des parents qui, ayant souvent bien investi dans les études de leur enfant, attendent avec impatience un résultat positif à chaque fin de trimestre. C'est alors que certains parents sont surpris de recevoir une convocation les priant de se présenter à l'administration parce que leur enfant a été pris en flagrant délit en train de tricher à l'examen avec preuve à l'appui et qu'il doit comparaître devant le conseil d'éducation... Imaginez donc la réaction de ces pauvres parents qui viennent supplier l'administration pour solliciter le pardon ! Ils meurent de honte de se voir dans une situation pareille.
Gare au prof qui « ose »... Ce spectacle est très fréquent dans nos collèges et lycées à la suite de chaque semaine bloquée. Dans certains lycées, les élèves réputés pour être effrontés et sans scrupules, font de la fraude leur pain quotidien et se permettent à l'exercer à bon droit. Fini le temps où l'élève tremblait et rougissait quand il est repéré par son prof ! Les élèves arrivent souvent dans la salle d'examen armés jusqu'aux dents par des petits bouts de papiers contenant des règles ou des théorèmes soigneusement préparés la veille. Et gare au prof qui « ose » arrêter un tricheur ou tomber sur une fausse copie en sa possession, il doit en assumer les conséquences de sa bonne vigilance ! Combien de profs ont fait les frais de leur « prise » ! Ils doivent s'attendre à une quelconque « vengeance » de la part de l'élève suspect : la réaction se fait généralement par l'intermédiaire d'une tierce personne. C'est ainsi que l'affaire est sortie du cadre scolaire pour devenir civile, du moment que l'enseignant agressé porte plainte à la police. On raconte qu'il y a quelques mois, une enseignante en état de grossesse a été attaquée et malmenée par son propre élève ! Certains élèves dont la réaction est plus « douce » se contentent de s'en prendre aux équipements du lycée ou du collège, et ce sont les vitres qui s'envolent en débris et les installations électriques (lampes et prises) qui sont sauvagement détruites ! C'est le scénario qui se passe fréquemment dans nos établissements secondaires. Le phénomène reste toujours brûlant d'actualité et les chiffres sont éloquents : les élèves comparus annuellement devant le conseil d'éducation pour fraude ou tentative de fraude se comptent par milliers.
« Qui vole un œuf, vole un bœuf » Abstraction faite des sanctions que pourraient encourir les élèves tricheurs, il faut plutôt réfléchir sur la valeur du diplôme qu'ils auront en fin de leur cursus. Sauront-ils, un jour, sans capacités ni savoir-faire, répondre à un test ou passer un concours en vue d'un éventuel recrutement par une entreprise nationale ou internationale ? Il est scandaleux de voir parfois des diplômés incapables de rédiger une lettre de motivation ou même un C.V. en bonne et due forme ! Et dire que plusieurs diplômés ne sont pas recrutés ! C'est à ce moment-là qu'on regrette la grosse bêtise qu'on a commise en trichant dans les examens ! Et si plus tard, l'élève ou l'étudiant qui a décroché son diplôme à coups de fraudes successives, parvient un jour, d'une façon ou d'une autre, à trouver un poste dans une entreprise, sera-t-il à la hauteur des fonctions qui lui seront attribuées ? Le doute est alors permis ! D'autres encore, habitués à la fraude durant toute leur vie scolaire, ils cèderont facilement à la tentation et n'hésiteront peut-être pas à tricher avec leur patron, car comme dit le dicton : « qui vole un œuf vole un bœuf ». Et là, les conséquences seront certainement plus graves. Ce ne sont certes pas là des leçons de morale adressées à nos élèves, (A quoi bon ! celles qu'ils reçoivent chaque jour à l'école ne sont pas observées !), mais plutôt des cas issus de notre réalité. Que faire face à ce phénomène sans cesse grandissant et qui devient dangereux dans nos établissements scolaires ? Durcir encore les sanctions relatives aux cas de fraude ? Il n'en est pas question ! Car l'expérience a montré que ce sont les mêmes tricheurs qui récidivent. La plus grave des sanctions prononcée par le conseil d'éducation, à savoir l'exclusion définitive de l'établissement, ne pourra jamais résoudre le problème, puisque l'élève tricheur peut facilement s'inscrire dans un autre établissement ! Augmenter le nombre des professeurs-surveillants dans chaque salle d'examen, lors des examens trimestriels ou nationaux, (brevet et bac), de sorte qu'ils seront quatre au lieu de deux, est une solution difficile à réaliser, compte tenu de l'effectif disponible et des moyens matériels du ministère. Installer des caméras de surveillance comme dans les grandes surfaces pour détecter les voleurs, c'est impossible! Le ministère de l'Education et de la Formation, étant conscient des risques de ce phénomène et soucieux de préserver la crédibilité de nos diplômes, doit réagir autrement pour trouver les solutions adéquates à ce fléau, car cela touche même au principe de l'égalité des chances entre les élèves sans exception et il y va de l'image du système éducatif de la Tunisie dans le monde entier. En l'absence d'un moyen magique, nous n'avons qu'une seule solution : le dialogue. Faire prendre conscience aux élèves dès leur bas âge, les sensibiliser aux retombées de la fraude aux examens sur la qualité de leurs études et sur la valeur de leurs diplômes. Toujours est-il que de nouvelles procédures concernant le déroulement d'examens doivent être prises pour diminuer, un tant soit peu, de ces cas frauduleux auxquels les mesures disciplinaires actuelles n'ont pas pu trouver de solutions définitives.