Malgré l'absence de Ouertani et Sellami, l'entre-jeu du Club Africain a été dimanche à la hauteur de sa mission et, malgré la défection forcée de Zaâlani, sa défense a été irréprochable. Mais, il faut se rendre à l'évidence, le problème des clubistes réside bien dans l'inefficacité de sa ligne offensive. Sa victoire sur l'Espérance, il y a dix jours, ne doit pas faire illusion. Se voulant candidat au titre, il lui faut trouver une solution à cette impuissance. Car, déjà, l'Etoile sonne à la porte du leadership. Et à la façon de faire du Club Africain face au Stade Tunisien, on se demande si d'autres pannes ne sont pas susceptibles de se produire. Le Stade, qui a voulu « bloquer » le Club Africain, tactiquement, lui a tout abandonné sur une profondeur de soixante mètres. Il a joué, en quelque sorte, avec le feu et a fini par sauvegarder un point qui le laisse en contact avec les cinq premiers. La quinzième journée n'a pas été somme tout aussi innocente qu'il paraît. Outre l'arrêt du Club Africain, c'est la victoire de l'USMonastir qui éveille en notre jugement le bien-fondé de ce qu'on pensait de l'équipe monastirienne. Battre le CSSfaxien après avoir été mené au score, c'est faire preuve de ressources capables de la faire revenir au niveau exigé après une lourde défaite et un nul face à Hammam-Lif. Quant au CSSfaxien, parti, il n'y a pas si longtemps pour disputer sérieusement le titre, le voilà, à dix longueurs de l'actuel leader. N'étant plus en course en Coupe, il vient de céder une bonne partie de sa cote en championnat. Il est vrai que cette compétition n'a pas encore fait son tri pour le sprint final que cinq club peuvent encore prétendre au sacre, mais déjà, les petits points perdus en janvier s'annonceront lourds en avril. L'Etoile, à Sousse, n'avait pas de quoi avoir peur de l'EOGK. Ce raisonnement, pourtant, n'avait pas tenu la route, il y a un an. L'Etoile a, depuis des années, perdu pratiquement le titre dans des rencontres de ce genre. Cette fois-ci, elle n'a pas fait de quartiers. Est-ce une confirmation de sa détermination à utiliser le rouleau compresseur et ne plus se suffire des rencontres capitales qui seules, ne peuvent suffire si on néglige les autres. Une chose reste tout de même à expliquer : comment l'Etoile se débrouille pour qu'en six rencontres, elle a pu passer de deux nuls dont un à Sousse (ASM) à un score fleuve contre le CSS et d'un nul blanc à Bizerte à deux victoires sans appel. Manque de continuité ou essoufflement ? Peut-on considérer l'O.Béja hors de danger après cette inestimable victoire qui lui fait sauter pas moins de trois concurrents au classement ? Pas sûr, car il lui suffirait d'une seule défaite pour retrouver son mauvais statut de début de saison. L'Espérance de Zarzis a, par contre, senti le coup de semonce. Venant après une période faste durant laquelle elle n'a connu que des résultats positifs en championnat comme en Coupe. Cette défaite lui fait perdre une place au classement et plus grave, la positionne dans la tranche la plus vulnérable du tableau. Son problème est le même que celui de l'ASMarsa qui, lui aussi, se fait surprendre après une série rose qu'il a cru prolonger. Mais, le plus malheureux reste le CABizertin. Il n'arrive pas à décoller malgré le sang neuf ramené par l'entraîneur revenu au bercail. Rien n'y est fait. On a beau réagir à la poisse sur le vieux port, on a beau jouer avec le cœur, la malédiction n'est pas près de disparaître. Mathématiquement, tout reste possible après quinze journées, mais l'expérience nous a enseigné que quand on passe aux comptes théoriques, c'est la psychose qui commence à prendre forme. Peut-être qu'à Bizerte, la situation désastreuse aura une autre conséquence : une prise de conscience du danger, une réaction plus violente et un grand coup de pied à la malchance pour qu'elle se détourne du vieux port.