Avec l'apparition des premières chaleurs annonciatrices de l'avènement imminent de l'été, un hallali particulier, annuel et quasi immuable s'installe intéressant particulièrement la gente féminine. La ruée massive vers les médecins, pharmaciens, masseurs, centres de thalasso, guérisseurs, etc. à la recherche d'une taille et de formes autorisant la parade aux alentours des piscines et aux confins des plages. Du temps du Pr. Zouhaier Kallel, l'institut de nutrition affichait complet en ces périodes et pas en malades diabétiques, loin s'en faut ! Passe pour celles qui suivent un traitement médical bien codifié, quoique nous formulions certaines réserves dans l'affaire... ; mais les autres, du jour au lendemain elles s'infligent un régime draconien, mutilant, en se privant pratiquement de tout et ne se sustentant que de masses d'eau fraîche, de salade verte, et d'un quart de pomme par 24h.
Des maniaques en puissance De fil en aiguille, elles prennent le pli d'un pareil sevrage, encouragées par la fonte spectaculaire de leurs masses et par la chute vertigineuse de leur poids. Et chacune dans ses discussions avec ses semblables de se prévaloir et de ne point tarir d'éloges sur les méthodes efficaces qu'elle suit. Maniaques à l'extrême, le pèse-personne ne les quitte pratiquement jamais ; toujours à proximité. Même en ville, elles hantent les pharmacies pour évaluer en milligrammes l'apport d'un verre d'eau qu'elles ont dû ingurgiter en urgence pour étancher une soif subite ou pour lutter contre un vertige menaçant et désormais coutumier.
Complications en série Résultat des courses, une perte caractéristique de l'appétit que les toubibs qualifient d'anorexie mentale. Un tableau redoutable par ses retombées graves car difficilement récupérables pouvant amener le recours bien souvent aux traitements psychiatriques lourds. A la perte de l'appétit, se greffe inéluctablement un amaigrissement effrayant frisant la cachexie avec des troubles généraux et multiples dont notamment : une fatigabilité marquée avec une perte des forces, un teint jaunâtre ou plombé du faciès, un ralentissement du métabolisme de base, un amoindrissement des activités, un effondrement de la tension artérielle, une chute des cheveux, une diminution de l'acuité visuelle, voire des troubles psychiatriques. Chez la femme, l'aménorrhée (éclipse du cycle) est de mise ; avec une stérilité nullement souhaitée comme corollaire inévitable.
Le redressement est possible Traitées rapidement, ces « malades » évoluent généralement vers la guérison. On préconise leur isolement de leur milieu familial avec une hospitalisation surveillée. Une ré-alimentation progressive leur est administrée avec fermeté sous des contrôles biologiques quotidiens. Une fois tirées d'affaires, un suivi psychothérapique leur est assigné pour les sortir de leur entêtement à ne pas s'accepter telles qu'elles et bien sûr les dissuader d'éventuelles récidives. Voilà où le comportement irresponsable de certaines de nos écervelées peut les conduire. Il est vrai qu'avec la prolifération des chaînes satellitaires nous diffusant à longueur de journée des mannequins anguleux, décharnés et manquant de s'envoler avec la moindre brise d'air (poids plume oblige) donc ces stars exercent à ne point douter un attrait et une fascination que notre gente féminine adopte sans la moindre réserve ou retenue.