La chambre criminelle du tribunal correctionnelle de Tunis a dernièrement examiné une affaire douloureuse dans laquelle est impliqué un sexagénaire coupable d'avoir commis un meurtre pour laver l'honneur de sa famille et notamment celui de sa fille, attardée mentale, violée par un boulanger sans scrupules. Le pauvre père, qui n'a pas pu supporter cette infamie, a fait semblant d'être malade pour attirer chez lui le violeur de sa fille et l'assassiner froidement, à titre de vengeance. Un crime d'honneur qui lui a valu une condamnation à vingt ans de prison. Heureusement que pareils crimes ne sont pas monnaie courante chez nous, d'autant plus que la justice veille au grain pour rendre à César ce qui appartient à César. Le plaignant, quel que soit le motif, n'a point besoin de se faire justice soi-même. Les instances compétentes sont là pour lui rendre justice. Dommage pour ce vieillard qui risque de terminer ses jours derrière les barreaux pour ce crime d'honneur gratuit. Tenant une épicerie dans un quartier populaire de la capitale, l'accusé en a confié la gestion à son aînée, âgée d'une trentaine d'année, bien qu'elle souffre quelque peu de troubles qui ont nécessité sa prise en charge par un psychiatre. Parmi ses fournisseurs figure le boulanger qui passe régulièrement pour l'approvisionner en pain. C'était un ami de la famille à laquelle il rendait souvent visite. Ce qui lui a permis de se rendre compte des difficultés psychiques que vivait la fille de l'épicier au point que de temps en temps elle paraissait presque débile. Un jour, le boulanger profita de la situation pour abuser de la jeune fille, dans l'épicerie même de son père. Pourtant, c'était un homme marié qui menait une vie tranquille auprès de son épouse et de ses enfants. Dès lors, les rencontres intimes se multiplièrent avec pour conséquences inéluctables, une gestation indésirable. S'apercevant de la tragédie, la famille poussa la jeune fille dans ses derniers retranchements. Elle avoua avoir été violée par leur voisin, le boulanger du quartier, l'ami inséparable de son père. Ce dernier devait alors préparer sa vengeance, en se déclarant malade afin que le boulanger, une fois au courant, ne manque pas de lui rendre visite. Ce qui arriva en effet. La discussion entre les deux hommes ne tarda pas alors à prendre une tournure dramatique, après les révélations du boulanger. L'épicier, fou de rage, et bien qu'il soit alité, exhiba un couteau qu'il plongea avec frénésie dans le corps de sa victime qui trépassa dans une mare de sang.