Cette approche fera à coup sûr grincer des dents pas mal de personnes ; pas seulement des médecins. Car l'affaire concerne une batterie impressionnante d'intervenants. Cela étant dit, seuls ceux qui ont un petit quelque chose à se reprocher nous descendront en flammes. Ceux qui travaillant dans les règles de l'art, dans le respect de l'éthique et des principes du serment d'Hippocrate pousseront un grand ouf de soulagement car certains comportements peu orthodoxes nuisent en fait à toute la confrérie. Faut-il souligner que le plus clair de ces rares dépassements ont lieu dans le secteur privé, l'hôpital n'étant pas incriminé dans l'affaire ce coup-ci et pour une fois !
La problématique est simple : certaines parturientes, parmi les préparatifs de l'heureux événement futur qu'elles attendent impatiemment se mettent d'accord avec leur médecin accoucheur sur tous les détails concernant leur accouchement avec notamment le montant généralement forfaitaire fixé à l'avance. Et toutes de tirer leurs plans et de se préparer en conséquences de façon idoine en prévision bien évidemment d'un accouchement simple, par voie basse. : (Economies de neuf mois, prêt bancaire, avance sur salaire, collecte familiale, sollicitations des voisins, etc.). Mais à la sortie de la mère de la salle d'accouchement, la surprise, le désappointement voire la détresse sont de mise et à la hauteur de la joie antérieure pour le pauvre mari en premier lieu, et les proches accourus festoyer la naissance. On a eu recours à la voie haute (césarienne) pour extraire le bébé.
Le bistouri pleinement justifié Il est certes communément admis que la césarienne est indiquée pour des cas bien codifiés. Très souvent et bien avant le début des contractions, on la pratique à froid pour des raisons connues par tout l'entourage. Dans ce cas, le problème ne se pose pas car en se rendant à la clinique, on sait d'avance que la méthode chirurgicale sera la seule alternative possible. A souligner également que la voie haute est parfois envisagée après échec de toutes les tentatives d'accouchement par voie basse, la voie... « Normale ». Et là également, tout est parfaitement codifié et mis au point comme une montre suisse. Donc pas de récriminations possibles de la part des intéressés. Inutile de citer la liste fastidieuse des cas où à froid ou à chaud la césarienne est préconisée, et d'ailleurs ce n'est nullement le but de notre approche.
Chez ces mères opérées que nous avons abordées, le refrain est le même, itératif, étrangement semblable et les doléances sont comme qui dirait réglées comme du papier à musique. Etant primigeste (premier geste ou premier accouchement), l'évolution du processus aboutissant à l'accouchement se fait inéluctablement très lentement et s'étale sur de longues et interminables heures. Du coup, toute l'équipe est sur le qui vive avec une mobilisation stressante, fatigante à la limite. De fil en aiguille, on finit par succomber à cette tension infernale. De guerre lasse, on décide de franchir le pas et on opte pour la solution de facilité : une petite virée de quarante minutes du côté du bloc opératoire et le tour est joué ! On trouvera toujours plus tard les justifications « plausibles » ( ?) en usant il va sans dire d'un jargon incompréhensible à dessein de faire gober à un entourage le fin mot de l'histoire. En ayant recours à la césarienne, tout le monde exception faite de la famille de trouver largement son compte dans l'affaire. La clinique qui facture une salle d'opération en lieu et place d'un box d'accouchement avec des nuitées plus nombreuses en perspective à la clé. L'anesthésiste, l'instrumentiste, le panseur, l'aide, la sage-femme, l'accoucheur, etc. Tous sont rémunérés plus largement et se sucrent sur le dos des patientes.
Comment prouver une césarienne inopportune ? Difficile. Heureusement que ces cas ne sont pas légion et que quelque part, si non presque partout, Hippocrate veille au grain...Mais de bouche à oreille, on fini par distinguer les adeptes du bistouri de ceux qui s'assument en tant « qu'accrocheurs » dans le sens très classique du terme.