Avec la réforme du système de prise en charge médicale et l'application de l'assurance-maladie, plusieurs patients souffrant de maladies chroniques se trouvent dans une impasse. La Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) ne se chargera en fait que du remboursement de 24 affections. Par contre la liste des maladies chroniques qui coûtent cher aux patients et qui touchent un bon nombre de Tunisiens est longue. A titre d'exemple, l'ostéoporose, la thalassémie...Une des principales vocations de la CNAM est l'amélioration des conditions de prise en charge de nos patients, mais avec l'exclusion d'un certain nombre de maladies chroniques atteindra-t-elle réellement son objectif ?
Deux mois seulement nous séparent de l'entrée en vigueur du nouveau système de prise en charge des malades, l'assurance maladie. Un système qui demeure pour la quasi-totalité des affiliés flou pour ne pas dire incohérent et ce pour plusieurs raisons, notamment l'indétermination du plafond du remboursement des médicaments pour ceux qui ont opté pour le troisième choix. Si quelques uns se trouvent dans la confusion totale à cause du manque d'informations, d'autres sont même dans une situation confuse. Il est question des patients atteints d'une maladie chronique à l'instar de l'ostéoporose et la thalassémie. A l'exception de 24 affections prises en charges intégralement par la CNAM d'autres pathologies ne le sont pas alors qu'elles affectent plusieurs Tunisiens. Elles sont également lourdes en termes de traitement et de prise en charge à l'instar des quelques maladies hémophiles où même l'ostéoporose. Plus de 40 % des femmes tunisiennes sont atteintes de la maladie qui nécessite un soin médical s'étalant sur des mois. Outre l'exclusion de la liste les patients ont dû faire face à des procédures administratives mais sans résultats fructueux. Faute d'organisation, la CNAM n'est pas en mesure de communiquer la liste des affections prises en charge intégralement par la Caisse. Par conséquent, plusieurs affiliés se sont retrouvés dans la confusion et sont même obligés de subir les tracas des procédures administratives pendant longtemps alors qu'ils pouvaient en être épargnés. Très occupés, les agents d'accueil ne prennent pas la peine de diffuser l'information correcte à l'assuré dès sa première visite à la CNAM. Ce n'est qu'après des mois que ces derniers reçoivent une simple réponse par voie postale. Un courrier qui demeure tout de même ambigu pour la majorité car il n'est pas explicite. « Hors liste », c'est ce qui est mentionné en français et en bas de page. Pour déchiffrer cette devinette, plusieurs personnes qui ne maîtrisent ni ne comprennent la langue de Molière se trouvent totalement dans le désarroi. La Caisse Nationale de l'Assurance Maladie est supposée véhiculer une information pertinente et compréhensible d'autant plus qu'elle s'adresse à plusieurs catégories d'assurés. Cette démarche s'inscrit en fait dans le cadre de l'amélioration des prestations offertes à ce niveau.
Confusion totale Si quelques patients ont l'initiative de s'organiser, d'autres n'ont pas procédé de la même manière. Il est question de ceux qui sont issus d'une classe socio-économique démunie et qui bénéficient de l'assistance du ministère des Affaires Sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'Etranger. Très mal informés, ces derniers n'ont même pas entendu parler du nouveau système de prise en charge. C'est ce qui explique d'ailleurs la réaction du Pr. Abderrahim Khlif, chef de service d'hématologie lors des 10èmes Journées Nationales de l'Hématologie tenues à Hammamet à la fin de la semaine dernière. S'adressant aux parents des enfants atteints de la thalassémie, le docteur ne cessait de les appeler à s'affilier à la CNAM dans les plus brefs délais pour pouvoir bénéficier de la prise en charge qui reste quand même partielle. Car, « la CNAM ne prend pas en charge des médicaments qui ont prouvé leur efficacité », d'après Pr Khlif.
A quelques mois de l'entrée en vigueur de l'assurance-maladie, la CNAM devrait faire un effort supplémentaire de vulgarisation.