Le Temps-Agences - La Chine et la Russie ont condamné hier, à l'occasion de la visite à Pékin du chef du Kremlin Dmitri Medvedev, le bouclier anti-missiles que Washington compte déployer en Europe de l'Est. "Les deux parties estiment que mettre en place un système mondial de défense anti-missiles, et ainsi déployer de tels modules dans certaines régions du monde(...) ne contribue pas à l'équilibre et à la stabilité stratégiques, mais porte atteinte aux efforts internationaux pour contrôler les armements ainsi que le processus de non prolifération", déclarent les deux puissances dans un communiqué commun. "Cela porte atteinte au renforcement de la confiance entre Etats ainsi qu'à la stabilité régionale. A cet égard, les deux parties expriment leur inquiétude", lit-on. Ce texte a été signé par le président chinois, Hu Jintao, et son homologue russe, arrivé dans la journée dans la capitale chinoise, sa première destination en dehors de l'ex-URSS depuis qu'il a pris ses fonctions en avril. Medvedev, avant Pékin, avait fait étape au Kazakhstan. "En venant en visite en Chine pour son premier déplacement à l'étranger depuis son investiture, le président Medvedev a montré qu'il attache une grande importance au développement bilatéral", a estimé Hu. Tous deux ont fait état de points de vue analogues sur la question des droits de l'homme, thème que, selon eux, les Etats-Unis utilisent fréquemment pour leur adresser des reproches.
Contrat dans le secteur nucléaire "Concernant les droits de l'homme, nous devons nous opposer à une politisation de la question tout comme à ce qu'il y ait deux poids deux mesures, et nous devons refuser que les droits de l'homme servent à s'immiscer dans les affaires d'un autre pays", lit-on dans le communiqué conjoint. Les deux pays ont proposé que soit conclu un traité d'interdiction des armes dans l'espace, cela toujours face au projet de bouclier anti-missiles américain, qui, selon Moscou, viserait à espionner l'arsenal de missiles russes et non pas à protéger l'Europe d'une attaque balistique de pays "voyous" comme la Corée du Nord et l'Iran. En outre, il a été conclu à Pékin que la Russie construirait pour la Chine une usine de retraitement d'uranium, contrat d'une valeur d'un milliard de dollars. "Le marché chinois est très intéressant et nous cherchons à nous y implanter de deux façons, non seulement en fournissant du combustible mais aussi en investissant dans la production chinoise", a expliqué Sergueï Kirienko, qui dirige Rosatom, entreprise nationale russe du secteur nucléaire. La visite de Medvedev devait prendre une nette coloration économique dans d'autres domaines. L'immense marché chinois est pour l'heure sous-investi par les compagnies pétrolières et gazières russes, dont plusieurs dirigeants accompagnent le président russe. Il est cependant peu probable que les projets de gazoduc devant relier les gisements russes à la Chine progressent. L'avancement de ce dossier est freiné par un contentieux tarifaire entre les deux parties.