Suite à la publication de l'article intitulé « Les constructions pieds dans l'eau et la pression sur le littoral » paru dans les colonnes de notre journal « Le Temps » dans sa livraison du 04 juin 2008, nous avons reçu le courrier suivant : « L'homme est la source de tous les maux qui rongent notre univers. Ce pyromane pompier qui attise le feu puis se demande d'où provient la fumée, se met aujourd'hui dans la peau d'un écolo parti à la recherche de solutions susceptibles d'atténuer l'impact des crimes qu'il a perpétrés à l'encontre de la nature. En ripostant aux diverses agressions de l'homme, la nature recherche un nouvel équilibre qui commence à se dessiner : changements climatiques et reconfiguration des côtes accompagnée d'une montée spectaculaire du niveau de la mer. La liste des « crimes écologiques » commis à l'encontre de la nature est longue : N'a-t-on pas dévié des cours d'eau naturels pour s'offrir plus d'espaces aménageables ? N'a-t-on pas largement dépassé la dose prescrite pour les émissions des GES rendant notre univers une véritable serre asphyxiante ? N'a-t-on pas prémédité le perçage de la couche d'ozone qui nous protège ? N'a-t-on pas provoqué le dégel puis l'effondrement des icebergs de l'Antarctique ? N'a-t-on pas perturbé le transit naturel des sédiments le long des côtes ? De Rio De Janeiro 92 à nos jours, en passant par Johannesburg 2002, la chose environnementale n'a pas évolué d'un iota. Les indicateurs campent au rouge et rien ne laisse présager une quelconque amélioration. La reconfiguration des côtes se traduisant par un recul spectaculaire de la ligne côtière est un phénomène qui ne laisse aucun pays littoral indifférent. L'article intitulé « Les constructions pieds dans l'eau et la pression sur le littoral » paru dans les colonnes de notre journal Le Temps dans sa livraison du 04 juin 2008 a traité de l'impact des constructions en front de mer sur la stabilité de notre ligne côtière. En faisant allusion aux constructions érigées sur la bande littorale, l'article précise que, malgré l'existence d'un cadre institutionnel et juridique et l'extension des prérogatives de l'APAL, l'érosion menace encore nos côtes. Cette précision, telle que formulée, laisse entendre que les maux dont souffre notre littoral sont dus principalement à des causes endogènes alors que le véritable danger nous vient de l'extérieur. Tout en louant la contribution de l'Association de l'Education à l'Environnement, je voudrais, par le biais de cette intervention, enrichir un débat longuement attendu sur le devenir de notre littoral et sur les dangers qui le guettent. Certes, comme l'a si bien montré l'article, les constructions en front de mer agissent négativement sur la stabilité de la ligne côtière mais la réglementation en vigueur notamment celle relative aux règles de retrait par rapport au DPM ainsi que la vigilance de l'APAL et autres organismes en charge de l'environnement et de l'aménagement ont permis d'atténuer cet impact. Comme partout ailleurs, il arrive que quelques infractions soient enregistrées mais, partant du principe que l'exception ne fait pas la règle, on peut dire que notre pays est parvenu à maîtriser les causes endogènes susceptibles de perturber l'écosystème marin. Il serait alors injuste d'évoquer la stabilité de nos côtes et d'imputer le recul de notre ligne côtière uniquement à des causes endogènes sans mettre nos quelque 1350 km de côtes dans leur environnement méditerranéen puis mondial. De l'avis des instances internationales en la matière, la Tunisie a pu mettre son littoral en phase avec les traités et les recommandations mondiales les plus strictes. La dépollution de Taparoura, pour ne citer que cet exemple, traduit dans les faits les orientations nationales dans le domaine de l'environnement en général et particulièrement dans la protection de l'écosystème marin. Alors que les règles d'aménagement et de construction sur le littoral sont clairement instituées et généralement observées et que l'œuvre de dépollution de nos côtes se trouve à un stade très avancé, la question qui se pose avec insistance aujourd'hui doit tourner autour des causes exogènes qui dégradent nos côtes et qui continuent à nous imposer leur loi. On peut rendre plus rigide notre réglementation littorale voire interdire purement et simplement toute construction sur la côte mais cela ne freinerait pas le recul de notre ligne côtière. Une fois que les icebergs de l'Antarctique se fixent, que les pays dits « industrialisés » dosent comme il se doit leurs émissions de CO2 et que les sédiments en transit pris en otages quelque part en Méditerranée se libèrent, notre ligne côtière se fixerait définitivement et nos installations balnéaires de haut de plage retrouveraient leur pérennité escomptée. Puisqu'il s'agit d'une zone où se concentrent 90% de l'activité économique du pays, le devenir de notre littoral et la pérennisation de nos installations côtières sont des sujets d'actualité brûlante et si, à l'échelle nationale, le débat sur le sujet bat son plein, il n'est pas le cas de la majorité des communes littorales dont l'adhésion se fait encore attendre, ces communes qui ne parviennent pas encore à se doter de leur propre Agenda 21 locaux ». Abderrahman BEN GAID HASSINE