« S'agissant d'un match à élimination directe, seule la qualification en finale compte », c'est ce que l'on entend répéter au lendemain de la demi-finale livrée par l'Etoile à Radès au Stade Tunisien. C'est que les supporters de l'Etoile, son entourage proche et bon nombre d'observateurs ont certainement relevé la petite sortie de l'équipe sahélienne conduite par son nouveau patron le suisse Michel Decastel. Que s'est-il passé au juste pour que l'Etoile ne soit pas transcendante voire dominatrice face à un ST qui n'a convaincu que par son application sur le terrain et sa réaction immédiate par deux fois aux buts de l'Etoile ? Une interrogation qui suscite quelques préoccupations quant à la teneur du jeu, de l'application des joueurs et de leur inspiration. Certes, les Etoilés traînent encore les effets de la perte du titre de champion dans les dernières longueurs de la course, mais ceci n'explique pas tout et ne doit nullement constituer un handicap majeur et encore moins une raison pour ne pas gommer l'échec par une réussite en Coupe. Face au ST, l'Etoile a été encore celle de Marchand, celle qui a été incapable de succéder à elle même avec les carences décelées depuis janvier dernier. Une Etoile peu organisée en défense, peu entreprenante à l'entrejeu même avec un Narry qui n'a nullement démérité notamment en première mi-temps, et aucunement percutante et décisive en attaque.
Flottement de la défense On le sait, l'équipe étoilée a terminé le championnat en ayant la meilleure défense avec quasiment les mêmes éléments la composant. Pourtant, face au ST, Felhi (promu capitaine) et ses coéquipiers du compartiment, n'ont pas affiché leur autorité habituelle sur l'adversaire. Ils ont même multiplié les erreurs de placement et omis d'assurer la couverture mutuelle lorsque les Stadistes Selliti et Denisio se sont montrés menaçants à maintes reprises. Et puis, les deux latéraux Berradhia et Meriah n'ont pas tenu convenablement les rôles qui leur sont dévolus. Berradhia a constamment subi le pressing stadiste pour rester « sage » dans le couloir et n'a pris aucune initiative ou presque pour aller devant comme il sait bien le faire. L'autre interrogation concerne Mehdi Mériah. L'Etoilé est-il tout simplement lessivé après tant de matches joués durant toute une saison faite de matches locaux, continentaux, et internationaux (au Japon) ? A 29 ans, bien sonnés le 5 de ce mois, a-t-il besoin d'être ménagé pendant quelques temps pour pouvoir rebondir par la suite ?
Absence de rythme Que faut-il dire de l'entrejeu de l'Etoile ? Truffé pourtant de bons éléments (Narry, Nafkha, Gharbi et Gilson), le milieu étoilé a brillé par sa lenteur ne parvenant qu'en de rares fois à imprégner au jeu de l'équipe et par conséquent au match le rythme qu'il faut pour se dépêtrer des obstacles érigés par l'équipe stadiste. La relance s'est faite trop lente et ce dont ont profité les Stadistes pour se replacer rapidement et pour aller appliquer un pressing relativement haut dans la zone de l'Etoile. La méforme d'Afouane Gharbi, incapable de gagner un seul duel, et le jeu brouillon de Gelson (qui a eu le seul mérite d'ouvrir la marque grâce à un très joli tir de loin), ont affecté le rendement de l'équipe étoilée. Les espaces béants concédés à l'adversaire à cause d'une complémentarité approximative entre les joueurs du milieu ont fait le bonheur des joueurs stadistes qui ont réussi à cavalier seuls pour parvenir en peu de temps à la zone de Mathlouthi. Le but d'égalisation du ST en est une parfaite illustration.
Y'a-t-il attaque ? Un constat on ne peut plus éprouvant pour les nerfs des étoilistes toutes franges confondues : l'Etoile ne se crée plus suffisamment d'occasions franches. Ce n'est même plus de l'indigence offensive, ce serait une mauvaise approche de la conception d'un système offensif. Avec un Chermiti esseulé et le plus souvent agité donc perdant concentration, l'Etoile a manqué de percussion, seule arme pouvant déstabiliser le dispositif stadiste. Même l'entrée de Ben Dhifallah n'a pas résolu le problème. L'homme très lent dans la manœuvre et trop souvent dos aux buts de Naouali, ne pouvait que ralentir le jeu d'attaque. Bien des choses à revoir dans ce compartiment où la présence d'un attaquant pouvant peser sur la défense adverse devient une nécessité impérieuse pour que l'Etoile retrouve allant et efficacité. Pourtant, il s'agit là aussi de la meilleure attaque en championnat.
Soigner le mental Difficilement, certes, l'Etoile est tout de même qualifiée à la finale de la Coupe de Tunisie grâce aux tirs au but (6-5). Mais un fait est cependant certain,l es Etoilés ont perdu de leur assurance de champions d'Afrique. Un travail spécifique est à ce niveau recommandé pour donner au groupe confiance et sérénité. Il y va de l'avenir immédiat de l'équipe. Il n 'y a certainement pas le feu en la demeure. Decastel saura sûrement repartir du « terminus Benzarti « en léguant aux oubliettes le « raccourci Marchand ».