La flambée des prix internationaux a été favorisée, en grande partie, par l'absence d'un cadre réglementant la concurrence à l'échelle mondiale, estiment les participants à un séminaire sur la flambée des prix internationaux et le rôle des Autorités de concurrence, organisé, hier, à Tunis, à l'initiative du ministère du Commerce et de l'Artisanat et de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le Développement (CNUCD). Ouvrant la réunion, le ministre du Commerce et de l'Artisanat, M. Ridha Touiti, a déploré l'absence de réglementations internationales en matière de concurrence propres à juguler les spéculations sur les marchés mondiaux, responsables de la hausse des prix internationaux, notamment ceux des produits agro-alimentaires, à hauteur de 30%. Ce vide incompatible avec la mondialisation des marchés et des échanges commerciaux rend les Autorités nationales de concurrence désarmées et incapables de faire face séparément à ces spéculations, a-t-il dit, appelant au renforcement des Autorités nationales de concurrence et au développement de la coopération régionale dans ce domaine, en attendant la mise en place d'un cadre international approprié dans ce domaine.
Problème grave Le séminaire de Tunis revêt, d'ailleurs, un caractère régional, car il inaugure le programme d'activités du Centre régional de formation en matière de concurrence, créé en 2007, pour contribuer à la consolidation des capacités opérationnelles des pays concernés à savoir les pays maghrébins, les pays arabes et les pays francophones de la région. Il regroupait les directeurs des Autorités de la concurrence de Tunisie et de plusieurs autres pays maghrébins et arabes, ainsi que les représentants des structures administratives et professionnelles concernées. Le représentant de la CNUCD, M. Hassen Qaqaya, a émis l'espoir qu'il permettra de comprendre les causes profondes du phénomène et de tirer les leçons propices pour l'éviter, à l'avenir. L'un des conférenciers invités à animer les travaux, l'expert français, Frédéric Jenny, président du comité de l'OCDE sur la concurrence et conseiller à la Cour de cassation de Paris, a qualifié le séminaire ''de novateur'' dans son sujet. D'autres experts de Tunisie, d'Italie, du Canada ont pris part à l'animation des débats marqués par la présentation de l'expérience de la Tunisie et d'autres pays maghrébins et arabes, en matière de concurrence. Le problème est d'autant plus grave et d'actualité brûlante que la hausse des prix des produits agro-alimentaires menace d'engendrer des crises alimentaires locales et généralisées et elle a provoqué des émeutes contre la détérioration du pouvoir d'achat, dans de nombreux pays en développement. Les pays riches et développés sont aussi affectés par cette inflation et cette envolée des prix internationaux. Cependant, des observateurs présents ont constaté que les experts européens ayant pris la parole semblent rester, encore, prisonniers des modèles d'approches proprement européens, imputant la crise, sciemment ou inconsciemment, aux pays en voie de développement, soit à cause de l'accroissement de la demande de la part de ces pays, notamment les pays émergents d'Asie, comme la Chine et l'Inde, soit à cause des problèmes structurels de sous-développement rencontrés par les pays pauvres. Approches orientées ! La libéralisation fusse-t-elle des plus sauvages n'est jamais remise en question. Le contrôle des prix est absolument déconseillé car il décourage la production. Le monopole de la production industrielle par les pays occidentaux développés est toujours occulté, alors que les prix des produits industriels fabriqués dans les pays occidentaux ne cessent d'augmenter. Les restrictions à l'exportation des produits agro-alimentaires sont, aussi, critiquées, parce que certains décideurs et analystes des pays en voie de développement recommandent de telles restrictions et la réservation de la production locale à l'approvisionnement du marché local. Le ministre du Commerce et de l'Artisanat a passé en revue les résultats satisfaisants enregistrés par la Tunisie en matière d'approvisionnement régulier du marché intérieur en produits agro- alimentaires et maîtrise des prix, grâce à la politique suivie dans ce domaine et reposant sur l'augmentation de la production, la rationalisation de la consommation, la lutte contre le gaspillage, l'encouragement de la concurrence et de l'initiative privée et l'intégration dans l' environnement régional et international. Ainsi le taux d'inflation ou glissement de l'indice des prix n'a pas dépassé les 4,8% en 2008, tandis que le déficit budgétaire est limité à 6%, pour un taux de croissance de l'économie fixé à 6%, également.