Habituellement volage et capricieuse, la Coupe a choisi de nous émouvoir cette année. Non pas seulement pour avoir mis face à les deux veilles dames du football tunisien, dix-sept ans après le remake n'aurait été dans ce cas qu'ordinaire. Mais parce que l'affiche évoque la mémoire et fait remonter le temps. Pour le souvenir, de vieilles mémoires ont rouvert les albums jaunes et se sont penchés sur le sujet, vieux d'un demi-siècle. Ils ont découvert à peine quelques survivants à l'Etoile et à l'Espérance seulement deux. Je ne sais pas si ces témoins seront là ce samedi pour la quatrième confrontation de l'histoire entre l'Espérance et l'Etoile. Je ne sais pas non plus quel sentiment auront-ils lorsqu'il s'agira de comparer à cinquante ans de distance entre le Géo-André de leur jeunesse et Radès, d'aujourd'hui. Je ne sais pas s'ils sauront communiquer à la génération actuelle, ce que la finale de 1959 avait d'émouvant. Avec ses 240 minutes intenses, ses neufs buts durant les deux éditions dont les cinq réussis par l'Etoile étaient tous de la tête. Pourquoi un si petit détail a survécu au temps, celui de l'orteil du pied droit de Bouaziz, arrière de l'Espérance, qui causa la perte de son équipe parce qu'il a été fendu en deux. Puissent ceux qui revêtiront les tuniques prestigieuses ne perdent pas de vue les détails qui seuls parviennent à survivre au temps. Surtout les détails qui racontent le courage, l'intégrité ou tout simplement le fair-play.