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Quand parents et enfants se regardent en chiens de faïence
Phénomènes d'époque
Publié dans Le Temps le 04 - 07 - 2008

Sans verser dans un alarmisme démesuré, la tournure prise par les relations parents-enfants n'est pas des plus reluisantes. Un malaise patent, palpable presque régit ces rapports.
Pourtant par un passé pas très lointain, les rapports avec les géniteurs étaient empreints de respect, de correction. Parler à voix haute en leur présence, ne pas aller au devant de leurs désirs, rentrer tard la nuit même pendant les vacances, étaient du domaine de l'inconcevable.
Depuis, nous assistons médusés et impuissants à une dégradation vertigineuse de ces liens sacrés. Selon une enquête que nous avons menée auprès des uns et des autres, chaque contingent crie à l'injustice et rejette la responsabilité de cet état déplorable sur l'autre.


Côté parents
« Les enfants, garçons ou filles, ne pensent qu'à leurs intérêts avec un égoïsme frisant la froide indifférence vis-à-vis des conditions réelles de la famille et des sacrifices consentis en leur faveur qu'ils minimisent avec une désinvolture blessante par ailleurs. Aligner avec eux deux phrases cohérentes quand ils sont de bonne humeur, SVP, relève du miracle. Car dans la plupart des cas, dès le premier mot, la première remarque même anodine on se trouve à parler dans le vide tout seuls du fait qu'ils ont détalé et quitté la scène en coup de vent et en maugréant. Leurs demandes sont de plus en plus fréquentes et d'une incohérence inouïe avec le vécu parental. Ils chipent la voiture sans autorisation quitte à laisser toute la famille en plan sans s'en préoccuper outre mesure. Aucun plat concocté à la maison ne leur plaît, mais chez la tante, l'oncle, le même mets constitue un véritable régal pour eux. Sinon c'est le fast-food.

Témoignages


Le père face aux caprices de la fille
« Ma fille unique a vadrouillé en long et en large durant sa scolarité. Elle fut logiquement exclue de l'enseignement public. Elle exigea de poursuivre ses études de la classe terminale dans une école privée. J'y ai consenti au prix de privations énormes. Elle prenait régulièrement l'argent des heures supplémentaires mais n'y mettait jamais les pieds. A un mois du bac, elle refusa de terminer l'année scolaire et déserta les bancs de l'école pour une quinzaine de jours nous plongeant dans le désarroi le plus total. Mais coup de chance, elle décrocha miraculeusement son bachot du premier coup.
Nous avons cru être parvenus enfin au bout de nos peines. Le lendemain de la proclamation des résultats, c'est l'enfer chez nous et pour cause : elle exigea de ne pas habiter dans le foyer universitaire (elle n'est même pas orientée) et tint à ce que nous lui louions un studio. Pire, nos conditions étant modestes, elle nous asticota, tenez vous bien, pour vendre notre appartement et lui acheter une voiture pour ses déplacements futurs ! »

« Un bataillon de copains »
« Mon fils très intelligent mais il n'accorde pas d'importance aux études. Il n'arrive jamais à rester assis à son bureau concentré plus d'un quart d'heure d'affilée. Il est toujours là à rigoler, à se payer du beau temps, à passer des nuits entières devant son ordinateur (une véritable calamité selon moi). La dernière quinzaine, il m'amène un bataillon de copains logés blanchis nourris qui squattent mon chez moi et limitent notre espace vital pour une révision pas trop tardive. Résultat des courses, redoublement systématique à chaque palier. Cette année il a fait mieux : triplant, il n'a dû son salut qu'à la session de contrôle et avec rachat.
Sitôt rentré de la fac auréolé de ce « spectaculaire triomphe », il a exigé une somme rondelette pour partir passer ses trois mois de vacances à l'étranger en nous confiant à son père et moi la tâche de le changer de fac et de branche rien de moins ! »

Volet enfants : « Nos parents sont contre notre émancipation »
Tous sont unanimes à reconnaître que les parents sont dépassés par les événements, ne sont plus à la page et ne comprennent pas leurs besoins naturels et normaux d'émancipation. Les études, elles servent à quoi au juste ? A garnir les terrasses des cafés tout en étant détenteurs des plus hautes distinctions ? Autant profiter pleinement de la vie alors avec veillées dans les milieux huppés, sorties en groupes, frime, voyages à l'étranger.
Les parents n'ont qu'à se débrouiller pour leur fournir les moyens pour y parvenir. Sinon, pourquoi alors les faire naître, leur donner la vie si c'est pour mener une existence de chien ?
Discuter avec eux ne rime à rien, ils ne les comprennent pas ; pire, ils les traitent toujours comme s'ils étaient encore des gamins. Et puis avec le boulot du paternel, les occupations de la vieille (l'azouza), quand vont-ils deviser avec eux du moment qu'ils ne sont jamais disponibles ?
Louer à Hammamet, durant les vacances alors qu'ils habitent normalement à 10 mètres de la plage en banlieue sud est des plus logiques. A-t-on idée à se baigner dans sa propre « houma » ?
Rentrer à l'aube, fumer, boire, consommer des cochonneries ; et alors ! Tout le monde est passé par là et une fois grands ils se rachèteront une conduite.

Le plus singulier dans l'affaire, c'est que tout le monde en dehors de la maison loue la politesse et le savoir vivre du gosse. C'est la crème dehors écoutant attentivement les conseils d'un parent aîné, acceptant ses critiques acerbes parfois et à la limite discutant à bâtons rompus avec lui interminablement. Sans oublier qu'il n'est jamais regardant volet bouffe et mange tout ce qu'on lui présente avec appétit !


Selon les psy et les sociologues, il s'agit « de fracture »
Selon les psy, plusieurs raisons sont à incriminer dans la genèse de ce malaise.
Tout d'abord, les parents ne sont plus suffisamment à l'écoute de leurs enfants. Avec un père rentrant éreinté après une dure journée de labeur, une mère exténuée par la double responsabilité boulot- charges domestiques et ne menant pas plus large. Etant d'une humeur exécrable, il leur est difficile de réserver une plage horaire suffisante à leurs enfants.
Un désengagement qu'ils tentent de combler par les crèches, les jardins d'enfants, les auxiliaires ménagères. Mais la présence d'une mère au foyer ne peut en aucun cas être compensée par ces artifices. D'où le début insidieux très tôt de la dichotomie parents enfants.
L'école, n'est pas non plus exempte de tout reproche dans l'histoire. Les instits ne se sentant plus suffisamment « protégés » par l'administration qui ne veut pas créer de vagues, ont graduellement perdu de leur ascendant, de leur aura, et se sont résignés à laisser courir.
Les médias sont aussi responsables. Avec la profusion de ces chaînes satellitaires aussi dévergondées les unes que les autres, l'Internet, etc. qui véhiculent une image des ados peu coutumière dans nos contrées, et que les nôtres gobent comme du petit lait et s'évertuent à reproduire.
Il y a aussi la rue qui n'est plus ce qu'elle était avant, sûre et calme. Permettre aux gosses de jouer dehors équivaut désormais systématiquement à les jeter dans la gueule du loup avec l'apprentissage à coup sûr des expressions et des manières les plus ordurières.
L'influence néfaste de certains professionnels qui tentent de récupérer ces ados encore très fragiles et manquant d'expériences, de lucidité pour déceler les desseins sombres de leurs « anges bienfaisants » avec leurs discours flatteurs, pleins de promesses mielleuses jamais tenues du reste, stigmatisant tout pèle mêle et leur miroitant le chemin du salut passant par le biais de leur canal.....

Toutes ces causes ont provoqué une coupure brutale entre ascendants et descendants. Ils se regardent en chiens de faïences avec de la suspicion comme toile de fond. Certes le dialogue, la patience sont de nature à améliorer ces relations tendues, mais encore faut-il que les deux protagonistes aient le temps, l'opportunité et la volonté d'aller de l'avant dans cette affaire et fassent l'effort nécessaire dans ce sens. Il y va de l'avenir de nos enfants, de la sérénité au sein du foyer, en un mot du bonheur de la famille.


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