Depuis que les bulletins scolaires sont informatisés, grâce à des logiciels fournis par le ministère de l'Education, tout le travail est fait sur ordinateur : notes, moyennes, rang et même les appréciations. Que reste-t-il donc aux professeurs, sinon l'approbation et la signature. L'opération en tant que telle n'est pas à déplorer, au contraire, elle dénote un certain souci de modernisation des services administratifs et fait bénéficier d'un gain de temps très important. Arrive enfin le tour du conseil des classes qui, en principe, doit examiner les situations au cas par cas en s'attardant surtout sur ceux des élèves en difficultés, afin de comprendre mieux les causes de leurs retards scolaires et d'essayer de proposer les solutions adéquates susceptibles d'améliorer ses résultats à l'avenir. C'est pourtant la seule occasion dont disposent les enseignants pour débattre des questions pédagogiques et de procéder à une évaluation collective du travail des élèves. Ces réunions périodiques (3 fois par an), constituent un lieu privilégié pour l'administration d'un côté et les profs de l'autre pour travailler conjointement afin d'arrêter les mesures nécessaires à prendre à l'égard de certains élèves qui souffrent de certaines difficultés dans le parcours de leur cursus. Or, il arrive souvent que ces conseils de classe (trimestriels ou annuels) n'assument pas convenablement leur rôle pédagogique et se transforment ainsi en un simple travail de routine qui consiste à récompenser les bons et les excellents élèves et sanctionner les médiocres et les cancres, tel un tribunal qui proclame son jugement sur les inculpés ! En fait, les conseils de classe font de la paraphrase. « La réunion de ces conseils, nous a confirmé un enseignant, est une course contre la montre, tellement les délais fixés auparavant par l'administration sont très pressants, ce qui pousse certains directeurs à grouper toutes les classes d'un même niveau ou même deux ou trois niveaux dans la même matinée ! ». En outre, cette pression du temps, surtout en fin d'année avec le déroulement des examens nationaux, peut influer sur la qualité du travail de ces conseils qui souvent se réduit en une simple lecture des résultats des élèves par le directeur (chose superflue, du moment qu'ils existent sur les bulletins et dont les enseignants ont déjà pris note !) et à la formulation automatique d'une appréciation globale déjà préétablie en octroyant systématiquement des certificats aux élèves ayant obtenu une moyenne supérieure à 11/20 (satisfécit, encouragement, honneur, excellence...).
Le redoublement peut être bénéfique Le règlement permet pourtant aux enseignants d'intervenir pour retirer le certificat accordé à un élève dont la conduite ou l'assiduité est jugée mauvaise. Il permet également à tout enseignant de s'opposer, pour des raisons purement pédagogiques, au passage ou au redoublement d'un élève en zone de rachat ! « Malheureusement, nous a confié une enseignante, cela se fait rarement, les délibérations se passent tellement vite et d'une manière quasi machinale, si bien que souvent tous les élèves ayant obtenu 09/20 sont rachetés ! Alors que pour certains le redoublement peut être bénéfique ! » La fonction attribuée aux conseils des classes dans tous les établissements est d'autant plus importante qu'elle peut jouer un rôle plus dynamique dans l'encadrement des élèves en difficultés scolaires, du moment que ses membres sont formés essentiellement d'enseignants qui sont les mieux placés pour juger des niveaux et des performances des élèves de par leur contact direct et quotidien avec eux. L'idée d'élargir ces conseils par d'autres acteurs serait bien accueillie. En fait, pourquoi ne pas penser à faire participer un assistant social, le médecin de l'école, un délégué des parents, un délégué des élèves pour prendre part à ces conseils ? Ils pourront ainsi éclairer le personnel enseignant et administratif sur des cas bien spécifiques concernant certains élèves en difficulté scolaire. Au cas où la présence de ces nouveaux acteurs serait impossible, vu qu'ils peuvent intervenir dans d'autres cadres inhérents à l'école (le conseil d'établissement, l'organisation de l'éducation et de la famille...) on peut du moins exiger d'eux un rapport sur certains cas concernant les conditions de vie, le niveau social, l'état de santé physique et psychologique, le comportement extrascolaire de certains élèves accusant un retard scolaire très flagrant. Ce n'est pas trop demander, du fait que dans plusieurs pays les conseils des classes sont formés non seulement par les profs et le cadre administratif mais aussi par d'autres membres ayant un rapport de près ou de loin avec l'institution scolaire. De même, une collaboration permanente entre le conseil des classes et ces organismes est souhaitable, cela contribuerait à mieux agir et au bon moment pour venir en aide à un bon nombre d'élèves en difficulté scolaire.