La formation professionnelle, est une voie pour la réussite , après avoir été longtemps considérée, comme une filière pour les rescapés de l'enseignement général. Pour avoir pareille image auprès des jeunes et des moins jeunes, un travail de réforme en profondeur est engagé. Le travail des techniciens achevé, les consultations régionales et sectorielles finies, le temps est venu pour une large consultation nationale engageant partis politiques et organisations nationales. Cette dernière a été organisée hier à Tunis par le ministère de l'Education et de la Formation sous le haut patronage du Chef de l'Etat. Le nouveau système de la formation et de l'éducation, le financement et la formation continue ont été au centre des débats.
Secrétaires généraux des partis politiques, membres du Gouvernement, présidents ou représentants d'organisations nationales, universitaires et cadres étaient réunis, hier pour discuter du présent et de l'avenir de la formation professionnelle en Tunisie. A l'ouverture des travaux M.Mohamed Ghannouchi, premier ministre devait placer le débat dans son cadre en précisant que cette consultation vient à la dernière étape dans la préparation du 11ème Plan, consacrant la tradition de dialogue initiée par le Chef de l'Etat. Il déclare : « Les ressources humaines en Tunisie sont sa plus grande richesse et un facteur capital dans la course à la compétitivité de l'entreprise». Le système de la formation et de l'éducation est au premier rang dans la maîtrise des sciences. Les dépenses en Tunisie dans ce domaine s'élèvent à 7,5% du PIB. « Quotidiennement, 9 millions de dinars sont dépensés dans la formation professionnelle et l'éducation », annonce le premier ministre. La promotion de la formation professionnelle est un maillon fondamental dans la réforme du système éducatif et de formation.
Mise à niveau engagée Le cadre réglementaire de la formation professionnelle a été arrêté en 1993. La mise à niveau du système a été engagée. L'observatoire national de la formation et de l'emploi a été crée. L'approche de la qualité a été adoptée dans toutes les étapes de la formation. Un référentiel qualité a été adopté pour tous les centres de formation professionnelle. Les entreprises ont été associées à l'ingénierie de la formation. La formation continue a été consolidée. L'Etat a pris en charge la formation continue dans les nouvelles technologies. Quels ont été les résultats de cette politique ? Le nombre de centres de formation professionnelle est passé de 171 en 1991 à 343 actuellement. La capacité de formation est passée, durant la même période de 18.000 à 62.000 apprenants. Le nombre des diplômés s'est élevé à 35.000 en 2006. Quant à la formation continue, elle a bénéficié à 4600 entreprises en 2006, contre 2000 en 1997. Ces acquis ne doivent pas cacher les faiblesses. « Les résultats sont en deça des ambitions », déclare en substance le premier ministre. Il évoque la modeste adhésion des jeunes. Dans la tranche d'âge : 16 - 20 ans, elle est de 23%, alors qu'elle est de 40% en France et de 80% en Allemagne. L'abandon précoce avant l'âge de 16 ans est inquiétant. Il met sur le marché de l'emploi des jeunes sans qualification.
Plusieurs défis La formation continue au sein des entreprises a besoin de soutien. Notre pays a plusieurs défis. Le taux de croissance du PIB après avoir été de 5% durant la dernière période doit passer à plus de 6% durant le 11ème Plan pour pouvoir répondre aux demandes additionnelles d'emplois de 80.000 par an et ramener le taux de chômage à 10% en 2016. L'exacerbation de la concurrence, la libéralisation des échanges avec l'Union européenne, l'augmentation des prix des matières premières...nécessitent l'approfondissement des réformes dans tous les domaines pour permettre à notre pays de relever les défis. Le facteur humain est capital. D'où l'importance extrême de réformer le système de la formation professionnelle dans l'objectif de produire plus dans les activités à haut contenu en savoir. « A l'avenir, il faudra aller plus vite et plus loin pour que la formation professionnelle soit une voie pour la réussite » assure le premier ministre. Des passerelles sont à établir entre l'enseignement général et la formation professionnelle. L'institution du baccalauréat professionnel va dans ce sens. Le partenariat avec les entreprises doit être consolidé. La promotion de la formation continue est une des plus importantes tâches qui s'imposent. Il faut intensifier les efforts pour convaincre davantage de jeunes à suivre le cursus de la formation professionnelle. Auparavant, M. Sadok Korbi, ministre de l'Education et de la Formation avait rappelé que la formation professionnelle fait partie des priorités dans les choix nationaux vu son importance dans le processus de développement. Il a présenté de façon succincte le projet de restructuration de la formation professionnelle, les acquis et les faiblesses.
Hassine BOUAZRA
Sons de cloches
M. Hédi M'Henni Secrétaire Général du RCD : « Consolider l'esprit d'initiative » La consultation consacre le principe du dialogue. Le RCD place la formation professionnelle parmi ses premiers soucis. Des commissions de réflexion sont engagées. Le dossier préparé par le ministère de l'Education et de la Formation est important et courageux. Il faut consolider l'esprit d'initiative. Les réussites ne doivent pas cacher les défis. Il faut stimuler la formation professionnelle privée. Il faut accorder plus d'importance à l'enseignement des langues étrangères et l'informatique. Un effort supplémentaire doit être entrepris par les organes d'information pour faire connaître le nouveau système. La consultation apportera du nouveau.
Mohamed Bouchiha Secrétaire Général du PUP : « Le regard de la société doit changer » L'intervention du ministre de l'Education et de la Formation m'a incité à enlever certains paragraphes de ma déclaration. Les cadres moyens ne représentent que 30% en Tunisie alors qu'ils sont de l'ordre de 60% en Europe. Le regard de la société à la formation professionnelle doit changer. Le niveau des diplômés et celui des centres de formation professionnelle doit s'améliorer. Une campagne d'information doit être engagée pour mettre fin aux préjugés. Elle ne doit pas se faire en début d'année, période qui rappelle l'échec. La relation entre l'environnement et les centres de formation doit se consolider. Certaines entreprises doivent parrainer des centres de formation professionnelle.