Le tatouage et le piercing sont devenus des pratiques courantes chez certains de nos jeunes. Cette mode qui s'est répandue ces dernières années en Europe, a été sûrement introduite chez nous par les milliers de touristes (hommes et femmes) qui viennent chaque année visiter nos contrées et qu'on voit partout se promener avec leurs tatouages sur le bras, le dos, le ventre, la poitrine et sur d'autres parties du corps ; on les voit aussi avec des piercings au nez, à l'oreille, à la langue et au nombril. Depuis quelque temps, cette pratique est également remarquée de plus en plus chez nos jeunes qui s'en donnent à cœur joie en se faisant graver le corps de dessins anodins mais souvent personnalisés. Pour quelles raisons et dans quel but, les jeunes d'aujourd'hui se font-ils tatouer ou se percer le corps ? Cette pratique se fait-elle dans des conditions normales d'hygiène et se fait-elle toujours sans risque ? Historiquement, le tatouage était essentiellement une pratique tribale pratiquée depuis l'Antiquité qui consiste à marquer sur la peau des membres d'une même tribu des signes caractéristiques attribuant l'appartenance de ces membres à telle tribu et pas à une autre, d'où l'expression « tatouage tribal ». C'était donc un système d'identification qui permettait de reconnaître sans erreur un individu. Le tatouage, tout comme le piercing, a été pratiqué à travers les siècles chez les indiens, les marins, les pirates, les prisonniers et les bagnards comme un moyen de marquage grâce auquel la personne était facilement recélée et reconnue. Peu à peu, ces pratiques ont connu d'autres fonctions : certains peuples y avaient recours pour des raisons cosmétiques en vue de s'embellir, de séduire (surtout pour les femmes), ou en guise de rituels religieux ou encore pour des fins magiques.
Un plaisir risqué A l'époque moderne, il n'y a pratiquement rien de tout cela. Si les jeunes font des tatouages, ce n'est ni pour des raisons d'identification, ni en signe d'appartenance à un groupe déterminé, ni pour des fins magiques. Alors serait-ce tout simplement l'effet de la mode ? Apparemment, oui ! Car la plupart des jeunes interrogés sur ce sujet n'avaient pas de réponses concluantes, mais ils laissaient tous entendre que : « C'est un plaisir ! » Un plaisir ! Mais ce plaisir est souvent coûteux et risqué. En effet, les artisans de ces tatouages s'installent partout surtout durant la saison touristique : on les voit dans les centres de loisirs, dans les souks, devant les magasins et à chaque coin des rues, là où il y a affluence de touristes étrangers et d'estivants tunisiens. Ils exercent leur « art » au vu et au su de tout le monde, sur le corps des gens venus de plein gré se faire « creuser » la peau par les aiguilles employées par ces artisans de tatouage ou de piercing qui, faute d'être stérilisées, et à force d'être utilisées sur plusieurs personnes, peuvent être la cause d'infections cutanées graves. On a pu remarquer aussi que ces artisans n'employaient pas de gants lors de leur travail. Quant à la matière utilisée dans le tatouage, c'est un mélange d'encre et de pigments ou de colorants industriels, souvent conçus à d'autres usages, la peinture de voitures, par exemple. Il y a quelque temps, un rapport médical émanant de la Commission européenne, a montré tous les risques engendrés par ces pratiques des tatouages et des piercings, surtout quand les conditions d'hygiène ne sont pas respectées. Selon ce rapport, « ces pratiques peuvent provoquer des infections virales graves, comme l'hépatite ou le sida. Mais aussi des infections bactériennes, des mélanomes ou des maladies contagieuses comme la lèpre. » A vrai dire, les jeunes tunisiens (filles et garçons) sont surtout des amateurs de tatouage. Le piercing est essentiellement pratiqué par les jeunes filles qui, par fantaisie, elles accrochent ces petits bijoux au nez, à la langue ou au nombril, croyant ainsi mettre certaines parties de leur corps en valeur. Mais on peut rencontrer parfois des garçons qui se font percer l'oreille pour y accrocher une boucle d'oreille. C'est surtout le tatouage qui est en vogue chez ces jeunes. Mais, il paraît que les tatouages pratiqués par ces jeunes sont superficiels et donc éphémères qui ne durent que le temps d'un séjour ; c'est que les matières utilisées par les tatoueurs ne sont pas de bonne qualité et peuvent disparaître au contact de l'eau, c'est pourquoi les tatoueurs conseillent leurs clients de ne pas trop abuser de bains et de ne pas frotter au savon. « Même les tatouages qui sont faits avec des matières de bonne qualité et qui sont bien incrustés dans la peau peuvent disparaître ou perdre leur forme initiale, nous a confié un tatoueur, cela dépend de la perte ou de la prise de poids. Si, par exemple, une fille a choisi de se faire tatouer sur le ventre ou au dos, il faut bien qu'elle garde la ligne pour que le tatouage ne soit pas déformé ou abîmé. » Un autre tatoueur nous a expliqué la chose en donnant des exemples : « Il faut garder le même poids, la même stature, la même corpulence pour garantir la même apparence à son tatouage. Si une fille trop grosse vient de se faire tatouer, pour peu qu'elle maigrisse, tout le tatouage est déformé et devient moche ; et si au contraire elle est trop maigre le jour du tatouage, il y a un risque de déformation des motifs une fois que son corps commence à avoir des rondeurs excessives. » « Juste le temps des vacances » Quant aux jeunes tatoués que nous avons rencontrés, ils ont insisté tous sur l'aspect esthétique du phénomène. Hanène, 15 ans, qui avait un tatouage sur le bras, un signe de zodiaque, nous a confié et non sans fierté : « j'adore le tatouage, c'est très joli, surtout quand il est petit et significatif, un signe astrologique, une mascotte quelconque, pour moi, c'est un porte-bonheur ! ». Elyès, 16 ans, qui portait un tatouage représentant un serpent sur l'avant-bras, nous a annoncé : « Pour moi, c'est plutôt un plaisir, ça fait partie de l'ambiance des vacances, d'ailleurs ce tatouage ne va pas tenir longtemps, c'est juste le temps des vacances ; il va disparaître totalement avec la rentrée scolaire, le produit dont il est fait n'est pas durable ! » Quant à Sonia, 17 ans, elle trouve que le tatouage est un accessoire de beauté qui peut être utile pour le look d'une fille : « L'essentiel, a-t-elle ajouté, est de savoir choisir des motifs féminins qui mettent le corps en valeur, on ne doit pas mettre n'importe quoi sur son corps ! Quant au piercing, je n'aime pas trop, parfois, quand je vois une touriste qui a un petit bijou sur le côté du nez, franchement, j'en éprouve le besoin ! »