Ezzeddine Zaâtour : "Qu'on laisse l'UGET jouer son rôle à l'université" Fixé en avril 2008 puis en mai le 25ème congrès de l'Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) a été reporté à une date ultérieure. La direction de l'organisation estudiantine désabusée de ce report imposé en dépit , selon elle, des promesses du ministère de tutelle, a décidé de tenir avec ses moyens propres son congrès. Cela dénote d'une tension entre la direction de l'UGET et le ministère à la veille d'une entrée universitaire jugée "difficile". Pour en savoir plus sur les dessous de cette affaire, sur les relations de l'organisation estudiantine avec le ministère et sur d'autres questions qui ont attrait à la situation dans l'université nous avons invité Ezzeddine Zaâtour, le secrétaire général de l'UGET. Interview. Le Temps: Le 25ème congrès de l'organisation estudiantine a été reporté à maintes reprises. En 2008 il a été déjà reporté à deux reprises en avril et en août . Quelles en sont les causes de ces deux derniers reports? Ezzeddine Zaâtour: Le report de la tenue du congrès d'avril à août a été décidé en coordination avec le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Mais ce dernier s'est rétracté comme d'habitude. •Comment ça? -La commission administrative de l'UGET qui s'est réunie en mars 2008 a décidé la tenue du 25ème congrès les 16, 17 et 18 avril à la faculté des sciences de Bizerte. Une commission représentant le cabinet du ministre nous a contacté pour nous dire qu'il est impératif de reporter la tenue du congrès étant donné que la faculté des sciences de Bizerte est en train de préparer les examens et en attendant le ministère est prêt à examiner les dossiers en suspens concernant les revendications estudiantines et aussi il promet de financer la tenue du prochain congrès et de mettre à sa disposition un espace adéquat . Le bureau exécutif de l'UGET a réagi positivement en convoquant la commission administrative pour fixer une autre date pour la tenue. Effectivement, le congrès a été reporté au 16, 17 et 18 août 2008. Mais la direction de l'UGET, les congressistes et toutes les parties concernées par la tenue du congrès ont été surpris du non respect des promesses tenues par le ministère concernant le financement et la mise à la disposition d'un espace pour la tenue du congrès. Face à cette situation, la direction de l'UGET a adressé une lettre par l'intermédiaire du ministre de l'Enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique au Président de la République qui est le garant de l'Etat de droit et des institutions pour qu'il intervienne afin de dissiper le malentendu entre le ministère et l'UGET et permettre à l'organisation estudiantine de tenir son congrès et d'assumer son rôle d'encadrement des étudiants. •Mais entre temps vous avez décidé de tenir le congrès en question? -En réponse à l'attitude du ministère nous avons décidé de tenir le 25ème congrès en comptant sur nos propres moyens et sur l'aide des anciens de l'UGET et de ses amis pour financer les travaux du congrès et nous comptons aussi sur la volonté des étudiants pour assurer la tenue de ce congrès . C'est le droit de l'organisation estudiantine de tenir son congrès . Un droit en symposium avec le règlement de l'UGET et avec les lois en vigueur dans le pays. En plus, et tout le monde le sait, et c'est connu dans le monde entier, le congrès de toute organisation est une assemblée générale des congressistes pour élire une nouvelle direction et tracer les perspectives d'avenir de cette organisation. •Vous comptez tenir un congrès unificateur. Mais il y a certaines parties qui restent réticentes et qui n'ont pas rejoint le processus unificateur. Qu'en pensez-vous? Le bureau exécutif de l'UGET a œuvré depuis deux années à mettre tous les atouts de son côté pour le bien de l'organisation afin d'unifier toutes les parties existantes au sein de l'université et de tenir à cet effet un congrès où seront représentées toutes les tendances. Aujourd'hui, il y a des représentants d'une tendance qui refusent encore de rejoindre le processus d'unification, nous les invitons de nouveau à nous rejoindre. Reste que l'UGET et son congrès unificateur ne vont pas à cause du refus d'une quelconque partie, arrêter leur action et la concrétisation de l'unification. •Les préparatifs du congrès sont donc en marche? -Absolument, nous sommes en train de constituer des commissions régionales, structurelles et nationales pour préparer la tenue du congrès. Je tiens ici à souligner avec force que nous refusons que l'UGET entre en crise comme la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LTDH). L'UGET est un acquis national et sa mission doit être canalisée sur la recherche des solutions aux problèmes qui se posent aux étudiants et non sur les difficultés qu'on nous crée pour tenir notre congrès Un congrès somme toute ordinaire. •Quelles sont exactement vos revendications? -Nous appelons à l'instauration des relations basées sur la confiance réciproque entre la direction de l'UGET et le ministère et entre la direction de l'UGET, les commissions et les représentants du ministère dans les établissements universitaires . Nous demandons aussi à ce qu'on laisse l'UGET jouer pleinement son rôle dans les établissements universitaires sans entraves à son action et dans des conditions normales tout en la faisant participer à tout ce qui intéresse la vie universitaire. Ici permettez-moi de rappeler certains faits: l'organisation estudiantine a été créée en 1952. Elle a 56 ans, et cette année nous allons célébrer le 20ème anniversaire du 18ème congrès de l'UGET et en dépit d'une histoire de militantisme riche, l'organisation estudiantine se trouve aujourd'hui marginaliser et exclue - et c'est voulu - de toutes les commissions spécialisées dans les affaires universitaires et la vie universitaire d'une façon générale. Les responsables agissent envers l'UGET avec désinvolture et nonchalance . Les étudiants sont constamment menacés d'expulsion à cause de leur action syndicale et la direction de l'organisation estudiantine est souvent interdite d'entrée dans les établissements universitaires. On agit comme si l'UGET est un parti politique alors que c'est une organisation syndicale qui défend les intérêts des étudiants avant toute autre considération. •Avec ces relations difficiles, si on ose dire, avec le ministère comment jugez-vous la rentrée universitaire? -Une rentrée très difficile et sensible vu le nombre grandissant des étudiants (371.000) avec le lot des problèmes qui en découlent: logement, orientation en plus des questions sociales,..... Et l'UGET a un rôle à jouer pour assainir la situation pourvu qu'on ne lui mette pas des bâtons dans les roues. Son rôle entre dans le cadre de l'intérêt des étudiants, de l'université et de la nation, c'est le message qu'on tient à transmettre au ministère de tutelle et on espère qu'il aura un écho favorable. Interview réalisée par Néjib SASSI
Position de l'administration Lors d'une conférence de presse tenue le 11-9-2008, le ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique M. Lazhar Bououni a souligné que "L'UGET est une organisation nationale avec qui le dialogue est de mise et sa rupture est exclue. L'année dernière on n'a pas tenu une réunion avec le bureau exécutif de l'UGET parce que le bureau était divisé. Nous continuons à aider cette organisation et à lui octroyer les subventions et le ministère observe la neutralité quant à tout ce qui se déroule à l'UGET comme les conflits internes qui sont alimentés par des partis politiques qui doivent a affirmé le ministre, "laisser les étudiants s'occuper de leurs problèmes".