Le rêve de partir à l'étranger hante pratiquement les jeunes et les moins-jeunes. Un tel espoir est partout exprimé, aussi bien par les diplômés que par ceux qui ne possèdent pas de qualification professionnelle. Les complications et les aléas de la vie ont fait que même ceux qui ont du travail, ils veulent émigrer pour améliorer leur situation. Un tel état de fait a constitué un terrain favorable à des personnes sans scrupule pour miroiter cet espoir et en tirer profit comme dans le cas de l'affaire qui a été récemment examinée par le Tribunal de première instance de Tunis. Laquelle affaire est la concrétisation même de l'exploitation du désir d'émigrer. L'accusé est un citoyen tunisien de 45 ans, fonctionnaire, dont les frères sont installés en Allemagne. Les victimes sont une douzaine d'ouvriers dans le bâtiment auxquels le fonctionnaire a promis des contrats de travail moyennant deux mille dinars avancés avant le début des démarches. L'affaire a commencé lorsque l'un des frères du fonctionnaire lui a effectivement demandé de trouver des ouvriers pour une entreprise allemande dans des spécialités bien déterminées et ayant une expérience dans leurs domaines respectifs. La tâche s'est avérée difficile car le profil demandé est rare. Il n'empêche que le fonctionnaire a fait des démarches qui n'ont pas abouti. Il a compris entre-temps que les gens étaient disposés à casquer beaucoup d'argent pour partir à l'étranger. Ainsi, lorsque le fonctionnaire a eu un besoin d'argent et que la banque ne lui a pas accordé de prêt, il s'est rappelé qu'il pouvait récolter de l'argent chez ces soupirants à l'émigration. Donc, il a fait circuler la nouvelle que son frère cherchait à recruter des ouvriers de bâtiment. Il a exigé la somme de deux mille dinars pour chaque cas avec un paiement immédiat. Dix personnes ont mordu à l'hameçon. Il s'agit d'ouvriers expérimentés ayant une situation stable. Il a reçu de chacun d'eux un dossier et la somme convenue et a promis à chacun d'eux de l'informer des suites de la démarche au bout de quatre à six mois. Le fonctionnaire a compté sur le retour de ses frères pour arranger la situation et obtenir l'argent. Mais, l'un de ses frères a eu un accident de travail et l'autre a été retenu par des obligations professionnelles. Ainsi, le temps passait et le fonctionnaire n'était pas parvenu à honorer ses engagements vis-à-vis des candidats à l'émigration qui s'impatientaient. Lesquels candidats avaient réalisé le manque de sérieux dans l'attitude de leur vis-à-vis et lui ont demandé de leur rendre leur argent. Le fonctionnaire a prétendu avoir remis l'argent à son frère. Au bout de plusieurs tractations, les candidats à l'émigration ont décidé d'aller porter plainte à la police. Sommé de régulariser ce différend, le fonctionnaire n'a pas été capable de trouver un compromis avec les plaignants. Il a été arrêté et il a été transféré devant la justice. Devant la cour, son avocat lui a demandé la liberté provisoire pour régulariser les différends encore en cours. Il a présenté six attestations de paiement couvrant les dus de six plaignants. La cour a accédé à la requête de l'avocat pour la liberté provisoire de l'accusé et a renvoyé l'affaire à une date ultérieure en sommant l'accusé de régulariser entre-temps.