Cela fait longtemps que j'attendais un article comme celui paru le 9/8/08 : "Un médecin s'inquiète" ; aussi pertinent, aussi ciblé qui incite non seulement les médecins à agir mais aussi les patients, qui comme moi tiennent à la qualité du service médical. Je ne sais pas qui a écrit cet excellent article, mais permettez-moi de vous féliciter Docteur pour votre intelligente subjectivité qui ne laisse pas indifférent. Votre article tranche dans le paysage des articles qui expriment des convictions sous une lumière plus douce, il dégage l'énergie de celui qui a gardé le cap de sa croissance et reçu ses leçons de vie. Je suis heureux de reconnaître chaque phrase de votre article comme une vérité, comme un aveu d'humanité. Cher Docteur : votre inquiétude est la nôtre, et en tant que patient qui tient à être suivi par ses médecins traitants (non conventionnés), je me sens impliqué dans cette affaire, prêt à faire des sacrifices pour arriver à un compromis valable pour le médecin et le patient. Et c'est avec vos patients Docteur que vous pouvez défendre vos droits et protéger vos acquis. Le patient a été toujours un être qui "ne sait rien" et si information il y a, elle lui arrive depuis un extérieur spectaculaire par rapport auquel il reste passif et éloigné ; en d'autres termes, nous sommes chaque jour plus informés des choses dont nous ne savons rien du fonctionnement et de l'orientation. En ce sens, votre article m'a permis de comprendre le problème, de décoder la peur de ces médecins de vivre leur angoisse et de partager leur scepticisme et leur hésitation envers tout ce qui peut nuire à de longues années d'espoirs et de sacrifices. Nous sommes tous destinés ou appelés à une tâche, à se réaliser suivant notre propre vocation, et si j'aime telle activité, tel type de situation, pourquoi ne pas chercher à faire que toute ma vie me permette de les reproduire. Vous vous êtes sacrifiés pour une noble tâche : c'est la médecine, alors pourquoi venir amputer vos espoirs et ceux de vos patients qui croient en vous ? Tout médecin doit conserver sa totale liberté de jugement, son indépendance absolue et son intérêt matériel, institutionnel ou honorifique. Donnez-leur la chance de pouvoir disposer de libres moyens d'exercer une médecine de qualité, ne les obligez pas à suivre malgré eux et contre leurs principes un courant précis de peur d'être dans le chômage partiel ou subtotal. Sous la contrainte, un médecin ne pourra jamais donner le meilleur de lui-même, sa consultation revêtera souvent un côté impersonnel et mécaniste (que le patient refuse). Parce que quand un sujet déballe à son médecin une histoire dans laquelle se sont impliquées ses conditions psychologiques ; les paroles, les gestes et les regards sont souvent plus efficaces que les dosages savants et les prescriptions compliquées. C'est une question de confiance, et, c'est un sujet passionnant que celui de la confiance. Nous en usons tous les jours à chaque instant de notre vie. Quand je traverse la route, je fais confiance aux feux, quand je prends l'avion, je fais confiance à la compagnie aérienne, quand mon médecin pose un geste médical, je lui fais confiance. Sans elle c'est la descente aux enfers. L'acte médical doit être conçu comme un Art par excellence et artiste comme il est chaque médecin ajoute à son savoir scientifique une touche personnelle, un grain d'expérience. Une partie de soi-même qui est sa propre empreinte qui le différencie des autres. Personnellement, je trouve que cela n'a pas de prix et c'est là où réside réellement l'originalité de la qualité. Si on pose les bonnes questions, on se donne une chance de trouver les bonnes réponses. Après avoir couru dans une direction ; courir dans l'autre direction peut-il nous faire progresser ? Méfions-nous tout de même de tout ce qui peut ressembler à une fuite ! Plutôt que de chercher une autre direction, pourquoi ne pas songer à mettre de l'ordre face à la situation chaotique du secteur médical ? Pourquoi ne pas s'attaquer aux différentes défaillances, aux dépassements immorals, aux nombreux abus existants et bien enracinés dans ce secteur qui ne font que déshonorer le cadre médical, dégrader la qualité des soins et prendre le patient en otage ? Le malade subit longtemps le pouvoir médical, qu'on lui laisse enfin, à la fin, le choix final, me semble... juste. Déjà comprendre est un pas vers le changement, et changer est un pas vers la liberté (souvent effrayante). Ainsi, non préférons souvent des mensonges solidement argumentés ou agréablement déguisés (qui ressemblent à des certitudes) à une vérité trop difficile à assumer. Et pourtant, la réalité pour se révéler, n'attend rien d'autre qu'un observateur à l'écoute, attentif, éveillé et suffisamment averti pour ne pas replonger dans la première illusion venue. Il est vrai que le réel importune, il est trop opaque, trop inquiétant pour avoir une place dans la mentalité de transparence. Mais l'univers médical n'a besoin de rien. Sauf d'un peu de compromis et de beaucoup de conscience. Si non, il ne nous reste plus qu'a marabouter ! ! Un proverbe italien dit "il médico a il pralungamento di Dio sulla terra". Traduction : "le médecin est le prolongement de Dieu sur terre" (ça conserve le vrai médecin). Alors aidons les à assurer leur sacrée tâche. A ce médecin qui a écrit "Un médecin s'inquiète", et qui a voulu avec toute modestie garder l'anonymat, je dis encore une fois que votre inquiétude est la notre, et vous savez parfaitement qu'on ne pourra jamais nous en passer de vous ! Vous qui avez tenu le Serment d'Hippocrate, toujours présent dans votre cœur et dans votre âme ; nous serons toujours de votre côté, prêts à vous épauler, pour l'unique raison, que vous êtes là pour veuiller sur notre plus cher héritage : "La Santé". Merci de votre engagement Merci de votre transparence Des médecins comme vous méritent de l'estime, du respect et surtout d'être encouragé et applaudi.
"Un patient qui espère ne plus s'inquiéter"
*** A propos du courrier des lecteurs « Tunisiens avant d'être arabes », publié le 12 septembre 2008
« Tunisiens avant d'être Arabes : Le débat continue... »
« Je remercie vivement « Le Temps » de m'avoir offert l'opportunité de débattre en public un sujet aussi sensible qui concerne notre identité et l'avenir de notre société. « Le Temps », ainsi que le magazine « l'Expression », devraient être perçues comme des modèles d'ouverture et d'honnêteté intellectuelle. Je voudrais réagir au courrier de M. Naoufel Ben Rayana qui n'a fait que reproduire des arguments populistes et un peu trop simplistes, à mon humble avis. Je suis moi-même docteur en Sciences Politiques et je ne peux qu'accepter toute forme de critique. Je demande juste à M. Rayana et à tout autre intellectuel qui désire prendre part à un débat élitiste d'exprimer son désaccord en évitant les concepts irrespectueux et choquants (« venin », « mensonge »...). En plus, comparer un intellectuel tunisien modéré à des intellectuels occidentaux défenseurs de la théorie du « Clash des Civilisations » (Houelbecque, Bernard Lewis, Oriana Fallacci) me paraît trop agressif. En fait, ce genre d'analyse agressive et simpliste confirme l'environnement de haine et de rejet de l'autre caractérisant l'arène internationale actuelle. Je suis d'accord avec M. Rayana quand il dit que « Les vraies raisons des maux de la société tunisienne sont à rechercher ailleurs : démission de la famille, laxisme dans l'application des lois (sur la route, dans les stades, dans les affaires de construction anarchique, etc.), dans le rôle à jouer par le système éducatif qui n'éduque plus, dans nos médias tunisiens ». D'ailleurs dire que « [je] fais fausse route en imputant notre problème quotidien à cette culture arabe » me paraît le produit d'une lecture volontairement fausse de mon analyse. L'idée que j'essaye, ainsi que des milliers d'intellectuels tunisiens, de défendre est tout simplement la suivante : protégeons notre identité, notre culture, notre société, notre avenir, notre « exceptionnalité » avant que ça ne soit trop tard. Soyons, nous Tunisiens, vigilants face à cette vaste campagne de haine, d'extrême religiosité, de nationalisme agressif, de tabous, de médiocrité, de conservatisme, de traditionalisme, et d'hypocrisie qui domine l'environnement arabe actuel. Soyons fidèles à nos traditionnelles valeurs de pragmatisme, de tolérance, d'ouverture, de laïcité, de modernité... Trouvons notre place dans cette Mondialisation qui bouge un peu trop vite. Occupons nous des débats de l'avenir et non des règles du 6ème et 7ème siècle... Le débat continue ... dans le respect mutuel. « Je ne suis pas d'accord avec un mot de ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour votre droit de le dire. » Voltaire »