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Pourquoi tant de mystère ?
Tribune : « Organismes génétiquement modifiés » en Tunisie
Publié dans Le Temps le 17 - 09 - 2008

A quoi sont dues la productivité et la qualité des produits agricoles et peut-on les améliorer simultanément? Voici une question que chacun de nous se pose devant l'irrésistible ascension des cours mondiaux des produits agricoles. Répondre «oui, c'est le rôle de la recherche» était apparemment évident il y a quelques années ;
mais aujourd'hui cela semble plus complexe! La Recherche pouvant être appréhendée de diverses façons.
En effet, qu'il s'agisse de productivité ou de qualité des produits agricoles, l'origine de ces caractéristiques bonnes ou mauvaises se trouve inscrite, comme pour tous les êtres vivants, dans le génome des plantes et tout changement souhaité de ces caractéristiques doit d'abord être introduit dans le génome. Et, si historiquement, l'homme s'était beaucoup attaché à l'amélioration de ses cultures (et de son cheptel) depuis des siècles, si nos anciens agriculteurs savaient à quel voisin soigneux s'adresser pour chercher le bon «fhal» à utiliser comme semences pour ses cultures ou comme géniteur pour son cheptel; c'est notamment au siècle dernier, que les chercheurs se sont le plus attelés à l'amélioration variétale pour répondre aux besoins de plus en plus précis du consommateur ou de l'industriel qui demandaient tantôt des produits plus doux, ou plus colorés, ou plus gros, ou plus fins, ou plus précoces, ou plus tardifs ou plus résistants aux maladies ou au transport..., avec toujours une productivité maximale.
Ainsi, annuellement, les sélectionneurs s'étaient donné à cœur joie pour «concocter le meilleur assortiment de gênes» à réunir, à chaque fois, dans la nouvelle variété qui se devait d'être plus performante. Aussi, sous la pression des consommateurs bien avertis et de l'agriculteur qui les fournit, la demande en «productivité et en qualité» s'était faite de plus en plus précise pour le sélectionneur qui doit répondre à cette demande.
Ce genre de recherche, qui a commencé chez nous à la fin du XIXè siècle avec des chercheurs comme le furent, par exemple Bœuf pour ce qui est des céréales..., ou encore notre regretté ami Ali Maâmouri... jusqu'à une date relativement récente; qui, partant généralement de croisements entre variétés de différentes provenances obtenaient des variétés meilleures, grâce à quoi ils ont pu faire marquer à l'agriculture des progrès très significatifs. Mais, entre temps et dans le monde, et sous l'impulsion de quelques chercheurs innovants et de multinationales «semencières» aux visées mercantiles certaines, une tendance à l'appropriation du capital génétique mondial a pu se cristalliser progressivement et un mode de sélection par «hybridation» a commencé à voir le jour. Schématiquement, il s'agit - pour ces obtenteurs - d'effectuer des hybridations entre géniteurs dont ils gardent l'identité secrète, pour produire, après quelques générations, des semences-hybrides utilisables par l'agriculteur seulement une fois, l'obligeant ainsi de renouveler chez eux et chaque année, ses achats pour s'assurer de la qualité de ses récoltes. Ce passage obligé créé par ce type de recherche par un nombre réduit de semenciers; leur a permis ainsi de créer progressivement des monopoles mondiaux des semences de plus en plus d'espèces. Les pays qui n'ont pas introduit cette technologie se sont trouvés obligés d'abandonner progressivement leurs variétés locales qu'ils n'ont pu faire évoluer et de consacrer ainsi une dépendance supplémentaire de leur agriculture de ces monopôles de la semence! Pour citer des exemples connus du public, c'est la raison pour laquelle vous ne voyez plus les pastèques de Bou Argoub ou de Mareth... mais seulement les variétés dites «américaines» que vous connaissez depuis plusieurs années déjà. Il en était de même du maïs, des tomates et du poivron (notamment pour la serriculture) qui étaient issues d'hybridation.... Le tiers monde, et même certains pays d'Europe..., étaient devenus tributaires de ce modèle d'amélioration génétique et des semences et produits qui en sont issues. Leurs agricultures ont ainsi perdu dans cette affaire sur le plan du patrimoine génétique, de l'indépendance alimentaire et de la balance commerciale.
Le Présent passe déjà sous le signe des OGM ?
Et alors que la recherche dans le tiers-monde continuait à balbutier durant la fin du siècle dernier dans leurs approches de sélection qui sont restées d'un type plutôt classique pour ne pas dire primaire ..., dans l'incapacité d'adopter cette approche «monopolistique» ; d'autres pays et des multinationales sont passés d'un autre cran dans leurs recherches, et en fait depuis les années 1950 avec l'apparition des premières techniques, de génie génétique, ils ne se contentèrent plus de ces croisements, hybridations... dont on vient de parler. Ils sont allés chercher les gênes qui transmettent les «caractères améliorateurs», non plus dans la même espèce ou variété, mais, ils sont allés jusqu'à les chercher dans les chromosomes où ils se trouvent chez d'autres espèces végétales ou animales, et forcer ainsi l'introduction des spécifications génétiques précises qu'ils souhaitent dans leurs obtentions. C'est ce qui a permis l'obtention d'Organismes Génétiquement Modifiés (OGM).... Actuellement, ces «manipulations génétiques» ne forment plus seulement une nouvelle technologie de sélection des plantes, mais deviennent «La technologie des pays évolués» par rapport au restant des pays qui risquent de continuer à «bricoler» comme ils peuvent dans leurs institutions au risque de se laisser distancer encore plus. Les Européens, qui ont fait un tollé au début, emboitent aujourd'hui le pas aux Etats-Unis, Brésil, Canada, Chine, Inde... comme si, dans un tacite accord, ils se sont donné pour tâche de monopoliser par cette voie la nourriture du monde africain, sud asiatique...et arabe qui restent à la traine; peut-être aussi de leur fournir plus de textile, de plantes industrielles avec cette technologie..., et, cela ne sera certainement pas pour leurs beaux yeux. Ainsi «mettre au point une technologie de sélection» pour créer une nouvelle variété de soja, de maïs ou de blé plus productive, d'une meilleure qualité boulangère ou industrielle..., revient à en produire «les semences» et détenir à la fois le marché du produit et de sa semence ! Et comme les cultures et la productivité des pays en développement ne peuvent soutenir la concurrence devant la forte productivité de ces cultures, et que les semences de plusieurs variétés locales (maraîchères, protéagineuses ou céréalières...) ont pratiquement disparues, ces pays sont obligés non seulement d'importer le soja ou le maïs..., mais également leurs semences quand ils voudront bien mettre à niveau leurs agricultures, la recherche n'ayant pu devancer les changements; et l'écart entre les deux types d'économies devenant toujours plus périlleux!
Pour un Programme National de Recherche d'OGM Tunisiennes!
Que faire alors ? Les multinationales et les pays développés détiennent de plus en plus de ficelles, et le monde qui a faim aujourd'hui se trouvera de plus en plus acculé par ses retards, celui qui n'avance pas recule.... J'avais écris en 2003, un article sur la problématique des semences (Pour une maghrébine des semences - Le Temps du 11 Mai 2003), aujourd'hui, avec les OGM, la question devient encore plus complexe. Peut-on faire quelque chose dans notre petite Tunisie? Notre qualité d'agronomes ne nous impose-t-elle pas d'y penser ?
Chez nous et à ce jour, on a l'impression qu'il est indélicat pour certains de parler d'OGM; en France, en Europe on en avait beaucoup parlé, critiqué, mais aujourd'hui tous s'y sont mis et essaient de rattraper leur retard (voir par ex. le livre de Claude Allègre, qui fait son mea culpa dans «Ma vérité sur la Planète»). Les institutions et services qui s'occupent chez nous de préparer des textes réglementaires en la matière, se préoccupent surtout des problèmes de contrôle, de santé, d'importation ... que de la problématique de recherche et de production agricole d'OGM adaptées à nos besoins.... Dans les autres pays arabo-musulmans, ils doivent avoir le même type de retard, si ce n'est plus .... D'ailleurs, je ne sais si ce problème a été traité dans le rapport du Comité de Réflexion sur l'Agriculture qui a réuni ces derniers mois, sous l'autorité d'un grand spécialiste en Hydraulique, des ingénieurs chez qui on a reconnu une grande compétence en matière agricole. La presse ne nous ayant pas livré le contenu de ce rapport, espérons qu'elle ne tardera pas à le faire. Mais, s'agissant d'un milieu aussi réfringent que l'agriculture, il y a lieu de penser que ce CRA a certainement examiné à la loupe cette problématique de recherche et de production agricole d'OGM avec l'angle de réfraction qu'impose ce milieu si spécial, et que les penseurs réunis pour tracer le chemin à l'Agriculture de demain n'ignorent pas.
Aussi, en m'excusant auprès du lecteur, peut-être mieux au courant que moi des méditations de ce comité ad' hoc; je dirais simplement, qu'à mon avis, la recherche de meilleures performances - par OGM interposés - n'est et ne peut être qu'une «technologie», parmi d'autres, pour la sélection des plantes et que nous ferons bien de la prendre pour atout. Nous ne pouvons ignorer qu'elle représente une source de progrès qualitatif et quantitatif certains pour notre agriculture. Donc, si on l'adopte aujourd'hui, avec les réserves que nous prescrit notre religion, nos croyances et notre climat; si on la met entre les mains de nos savants avec, bien entendu, des directives bien précises et une direction compétente et éclairée; si on forme de jeunes chercheurs motivés dans toutes les disciplines nécessaires à cette technologie, si on lui consent les moyens financiers nécessaires (en sachant bien qu'elle a besoin de moyens importants mais rentables à long terme), si on lui trace un programme de recherche en fonction de nos besoins... on pourra prétendre que nous aurons extrait notre agriculture au danger de se trouver un jour dans le broyeur des multinationales et préparé un avenir autonome non seulement à notre agriculture, mais probablement à l'agriculture du monde arabo-musulman, marché potentiel certain pour des «OGM tunisiennes» correspondantes à ses besoins et à ses principes, et pour lesquelles il ne pourra être que preneur. La recherche appliquée ayant montré ses limites comme on peut le constater à présent, un programme pareil doit allier des thèmes de recherche fondamentale à des applications qui ciblent des résultats directement exploitables sur le terrain. Il ne s'agira plus de PFE effectués presque à la sauvette ou de mastères ponctuels sans lendemain, qui ont eu certes le mérite d'avoir été faites à Tunis ou à Sfax, mais plutôt d'un programme aux contours bien définis couvrant le court et le long termes et mené par des Patrons qui mesurent chaque pas effectué....Voici un créneau annonciateur d'innovations par des têtes bien faites et bien pleines que nous devons préparer; un créneau qui rapportera gros au pays, et qui sera le fer de lance d'une guerre contre «l'Aliment-Dépendance» vers lequel risquent de nous mener certaines multinationales semencière avec ses hybrides, ses OGM....
Un mot à nos jeunes élites invités à ce grand Forum sur l'Avenir !
Si on veut bien de la contribution d'un sénior à ce vaste Dialogue auquel sont invités, ces jours-ci, nos jeunes par le gouvernement; j'espère qu'ils ne se soient pas bornés - dans leur forum - à des revendications sur les loisirs ou les festivals dans telle ou telle localité.... Oublier de réfléchir et de discuter du rôle de la SCIENCE et de la TECHNOLOGIE dans la détermination de leur avenir et de celui du pays...serait grave de leur part. Aussi, m'adressant surtout à l'élite des bacheliers sélectionnés pour partir aux Grandes Ecoles étrangères, je leur dis de parier sur l'Agriculture dans leur choix, comme moyen sûr pour garantir l'indépendance du pays et de leur avenir. Cette agriculture a besoin de grands cerveaux, de grands chercheurs, de grands agronomes... pour évoluer; et à ce titre, ils doivent cibler en priorité les Grandes Ecoles et Institutions de recherche agronomique où ils peuvent apprendre ces technologies pour jouer leur rôle au retour en vrais Scientifiques dans une société où l'Agriculture, après sa Mise à Niveau, pourrait s'enorgueillir de se donner la noble tâche de ne pas nourrir seulement la population tunisienne, mais aussi de contribuer, par les technologies de pointe qu'ils développeront, à nourrir ce «monde dit en développement». La fin (et la faim) ne justifie-t-elle pas les moyens ?
Enfin, en cette rentrée de la saison agricole, je ne peux que présenter mes vœux pieux pour accompagner nos amis agriculteurs.
Malek Ben Salah / Ingénieur agronome


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