C'était prévisible, mais l'administration et les enseignants ne s'attendaient pas à une telle désaffection des cours par les étudiants toutes filières confondues. Les établissements qui fonctionnent aujourd'hui avec plus de la moitié de leur effectif sont extrêmement rares. Pour les autres, seuls les groupes du second cycle (3ème et 4ème années) enregistrent une présence toute relative. On dispense les cours à une dizaine d'étudiants tout au plus. La plupart des enseignants se rencontrent dans des réunions de coordination pour élaborer des plannings semestriels ou concevoir de nouveaux contenus pour leurs programmes de l'année ou du semestre. Sinon ils passent juste pour « pointer », ensuite ils vaquent à leurs autres affaires. En bref, un parfum de vacances emplit encore les couloirs des facultés et des instituts supérieurs. Dans les salles de classe, ça démarre difficilement pour tout le monde. Dans les bureaux non plus, ce n'est pas la vitesse de croisière. On en est bien loin à cause de blocages divers relatifs soit à l'infrastructure même de l'établissement, aux effectifs manquants, ou à des indispositions circonstancielles au niveau du personnel administratif. Ramadan aidant, le rythme du travail est très lent à toutes les échelles. Comme si cela ne suffisait pas, les étudiants -et quelques enseignants aussi- font courir toutes sortes de rumeurs à propos d'un éventuel congé prolongé que le ministère envisagerait d'accorder à l'occasion de l'Aïd el Fitr. Renseignement pris, il n'est pas du tout question de modifier quoi que ce soit dans le calendrier des congés de l'année. Pour la prochaine fête, on n'a pas encore fixé avec précision les journées qui seront chômées. Une chose est maintenant certaine : le travail à l'Université ne démarrera pour de bon que la semaine qui suivra l'Aïd. En fait, les étudiants ne sont pas les seuls à en avoir décidé ainsi ; mais un concours de circonstances a fait coïncider la rentrée universitaire avec les préparatifs pour la fête et avec un mois exceptionnellement difficile pour les familles, sur le plan économique. Espérons tout de même que les retards enregistrés n'affecteront pas outre mesure la progression des enseignements ni la qualité de la formation de nos étudiants ; car cela fait déjà trois semaines de perdues. Peut-on se permettre d'autres défaillances quand on sait la durée réelle d'un semestre à l'Université ? Il est peut-être temps de revoir le système de contrôle de l'assiduité aux cours. En vue bien évidemment de l'affermir de manière à lutter efficacement contre la dangereuse tendance à l'absentéisme. Il ne faut pas seulement compter sur le professionnalisme des enseignants pour rattraper le retard dans la formation. Quand c'est dans l'intérêt de l'étudiant, on doit prendre les mesures les moins molles et imposer la discipline et l'amour du travail bien fait à tous.