Le pétrole sous les 80 dollars à New York Le Temps-Agences - Les marchés européens et asiatiques ont plongé hier dans le krach boursier, accroissant la pression sur les grands argentiers du G7 qui se réunissent en fin de journée à Washington, après une semaine de vains efforts pour enrayer une crise historique.Evènement A 14H16 HT, Paris frôlait les 10% de chute, à -9,93%, tandis que Francfort les avait dépassés, à -10,10%. Peu avant 11H00 GMT, Londres avait affiché 7,50% de perte. Les autres Bourses européennes --de Milan à Amsterdam et de Lisbonne à Athènes-- subissaient des pertes semblables, tandis qu'à Moscou, les autorités ont préféré carrément ne pas ouvrir les deux marchés, le RTS et le Micex. Cauchemar général en Asie également. En clôture, Hong Kong a perdu 7,2%, Sydney et Manille 8,3%, Singapour 7,34% et Bangkok 9,61%. Même la bourse chinoise de Shanghai, pourtant jusqu'à maintenant préservée, perdait 3,57%. "On dirait que la Bourse chinoise a finalement perdu pied, après avoir réussi à résister à la crise financière pendant quatre séances", a indiqué l'analyste Zhang Qi de Haitong Securities. Autre victime collatérale, le pétrole. Le baril est passé sous 80 dollars hier à Londres, alors que les perspectives de demande racornissent à vue d'œil. Par rapport à ses records historiques du 11 juillet à plus de 147 dollars, le pétrole a abandonné près de la moitié (47%) de sa valeur. Après les journées noires de lundi et mercredi, les grandes Bourses affichent des reculs dignes de la définition informelle du krach --une baisse des cours de plus de 20% en quelques jours-- qui justifient les comparaisons avec les crises de 1929 et 1987. A l'issue de sept séances consécutives de baisse, le Nikkei de Tokyo enregistre une plongeon de 24,33% sur la semaine. Et de 54,68% depuis son pic de juillet 2007, à l'aube de la crise mondiale ! La Bourse de Tokyo respirera jusqu'à mardi, lundi étant jour férié au Japon. A Paris, avant la clôture hebdomadaire, le CAC-40 perdait déjà plus de 20% depuis lundi, portant ses pertes depuis le début de l'année à 43%. Le CAC 40 pulvérise ainsi les records de baisse hebdomadaire établis après les attentats du 11 septembre 2001 (-11,42%) et début juillet 2002, après la révélation des manipulations comptables du géant américain des télécommunications Worldcom (-9,06%). "C'est la panique totale, il n'y a pas d'autre mot", commentait à New York Gregori Volokhine, analyste chez Meeschaert. "On est au-delà de la panique", renchérissait à Tokyo Oh Hyun-Seok, de Samsung Securities. Et la menace d'une contagion de la crise financière à "l'économie réelle" se fait plus pressante. Selon des analystes parisiens, la paralysie du marché interbancaire met des établissements en faillite potentielle. Par extension, les banques ne peuvent plus prêter aux particuliers et aux entreprises, déprimant consommation, marché immobilier et investissement. "Si les banquiers sont aux abonnés absents, (...) les fonds de roulement des entreprises sont directement menacés et on va aux faillites en chaîne", redoute Jean-Paul Pierret, directeur de la stratégie de Dexia. Or, le mois d'octobre, déjà meurtrier lors des krachs de 1929 et 1987, est "particulièrement critique" pour les sociétés de l'hémisphère Nord, car il correspond à une levée de fonds "avant l'hiver et les dépenses de fin d'année", releve de son côté Valérie Plagnol, du Crédit Mutuel-CIC. L'Islande, dont les trois plus grandes banques ont été nationalisées cette semaine, pourrait servir de test dans cette perspective, alors que son avenir financier semble suspendu à une intervention du Fonds monétaire international (FMI) ou à un prêt massif de la Russie. Le krach et ses menaces mettent la pression sur la réunion des ministres de l'Economie et des Finances et des gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus industrialisés (G7) qui devait s'ouvrir à Washington à 14H00 (19H00 HT). Ils devaient "discuter des démarches entreprises par chacun" et des "moyens de renforcer nos efforts collectifs", a indiqué le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson. Selon la presse japonaise, Tokyo va proposer au G7 la création d'un fonds d'urgence d'environ 200 milliards de dollars (146 milliards d'euros) pour prêter de l'argent aux petits pays affectés par la crise financière mondiale. Le Japon, qui préside cette année le G8 (G7 plus Russie), est également prêt à convoquer un sommet extraordinaire de ce club de grandes puissances si aucune solution pour faire face à la crise financière n'émerge lors de la réunion du G7 finances hier, a annoncé le Premier ministre japonais Taro Aso.