Dans quelques jours, Bizerte célébrera avec fierté la fête de l'évacuation, commémoration chère à tous les Tunisiens en général, et à tous les Bizertins en particulier, qui perçoivent la bataille de Bizerte, comme la mère des batailles, ayant conduit à l'évacuation du dernier soldat français du sol tunisien, après quatre vingt deux ans de protectorat, et d'hégémonie coloniale et au recouvrement total de notre dignité, qui jusqu'à cette date était mise entre parenthèses. Evacuation, ayant placé cette ville martyre au cœur de l'histoire, et conférer à l'indépendance de la Tunisie sa vraie plénitude. Paradoxalement, durant le règne du leader Habib Bourguiba, le rituel commémoratif s'est résumé, chaque année par une visite symbolique, et emblématique des officiels de l'Etat, et à leur tête, évidemment « le combattant suprême », à tel point, que le caractère festif a pris le pas sur les intérêts, et les impératifs de développement, auxquels a toujours aspiré la ville et le gouvernorat de Bizerte. Cependant, depuis l'avènement du 7 novembre le vent du Changement a remis les pendules à l'heure en métamorphosant l'esprit de la célébration de cet événement mémorable, balayant toute tendance honorifique, qui s'effectue le matin, et s'oublie le soir, transformant les visites du Président Zine El Abidine Ben Ali, fils spirituel de Bizerte, en rendez-vous de travail, d'évaluation, et de diagnostic. Des visites, ayant pour finalité la transcription des valeurs du Changement dans la réalité de la région en général, et de la ville de Bizerte en particulier, sans pour autant, rétrécir les atmosphères d'allégresse, qui gagnent toutes les composantes de la ville. Un engagement vaillant, doublé d'une détermination présidentielle agissante traduisant une acception juste et pertinente du lien organique entre la philosophie de ceux et celles, qui se sont sacrifiés pour une Tunisie libre à jamais, prospère, et orgueilleuse, et le degré de maturité politique, dont doivent faire preuve les dépositaires de cet acquis glorieux. Une vision nouvelle, pleine d'enseignements, rappelant, si besoin est, aux uns et aux autres, que la signification suprême de l'évacuation, et l'adhésion totale à son esprit, c'est l'édification d'une Tunisie prospère avec toutes ses régions, où l'œuvre du développement est synonyme d'effort quotidien, d'humilité, de régularité, d'abnégation, et de rigueur. Encore faut-il rompre avec l'approximatif, l'arbitraire, bannir la médiocrité, et s'adapter à l'évolution économique, sociale, et technologique du monde. Telle est la culture d'excellente chère à Ben Ali. S'il est vrai, que l'histoire retiendra indéniablement, à quel point les habitants de Bizerte sont attachés au Président Ben Ali, de par l'accueil chaleureux, qui lui ont toujours réservé, et leur adhésion indéfectible à sa politique réformiste, il n'en est pas moins vrai de constater, que nos élus municipaux n'ont jamais lésiné sur les moyens à mettre à contribution, à même de réussir coûte que coûte ce genre d'examen de passage. Sauf que, la frénésie liée aux préparatifs tous azimuts de la ville Bizerte comporte un côté cour, autant frustrant, que regrettable, qui vient gâcher l'euphorie des habitants de la capitale du nord, à savoir, que cette dynamique observée çà et là, à la veille de chaque 15 octobre trahit un certain opportunisme. En fait, tout se passe comme si l'élan salvateur de l'urbanisme et de mise à niveau de la ville ne se manifeste, qu'à l'approche de cette date, alors, qu'à longueur de l'année c'est le répit quasi absolu, et la tergiversation totale. Par conséquent, comme si la ville de Bizerte ne mérite, et ne peut aspirer, qu'à un lifting occasionnel, et de surcroît par endroits bien ciblés, alors, que des actions idoines, et des interventions urgentes auraient dû être menées en temps opportun. Autrement dit, l'intérêt porté à l'entretien de l'aspect de la ville, et à son image de marque tourne à la dérision en prenant la forme d'une campagne de charme superflue et superficielle et d'une série d'opérations de façade à l'occasion du 15 octobre. C'est, malheureusement le fait marquant à chaque commémoration, et qui au fil du temps devient une seconde nature de l'action municipale à Bizerte. La réalité sur le terrain ne manque pas d'exemples, qui viennent illustrer le désengagement curieux en matière de mise à niveau, et d'entretien durable, auquel s'expose à longueur d'années les commodités de la vie à Bizerte. Chaque recoin de cette ville regorge d'indices révélateurs corroborant le laisser-aller et la négligence, dont souffrent, équipements, infrastructures, monuments, édifices divers, jardins et lieux publics, et espaces vitaux, que le 15 octobre leur a offert l'occasion d'être partiellement réhabilités. Tout observateur avisé, et tout œil critique impartial relèvent aisément l'absence d'intendance régulière, durable, et préventive nécessaire pour le maintien d'un aspect accueillant de la ville de Bizerte. A mon humble avis, il est temps de se départir de cet état d'esprit, qui ne cesse de nuire à l'image de marque de la capitale du nord, et de commencer à réfléchir sérieusement à s'inscrire dans une optique qui implique d'accorder un intérêt perpétuel à une politique d'urbanisation édifiante de la ville de Bizerte, sans discontinuité, ni fléchissement, par le biais d'une stratégie à long terme, et dans le cadre d'une perspective tournée vers l'avenir. Si bien, que la marginalisation quasi continuelle de cette dimension restauratrice, et rénovatrice ne peut contribuer, qu'à égrener la splendeur, le romantisme, et la somptuosité des attributs de la ville en terme d'esthétique et de qualité de vie. Jelloul JEBALIA