Réformer la fonction publique est une lourde tâche pour tous les Etats du monde. Il faut à la fois continuer d'offrir les services aux citoyens tout en améliorant les performances. Un défi de taille auquel le ministre français de la fonction publique, Christian Jacob, a tenté d'apporter des éclairages, hier, lors de sa conférence à l'Ecole Nationale d'Administration de Tunis. C'est devant une salle bondée de futurs administrateurs que le ministre Christian Jacob a d'abord fait un exposé sur « L'action accomplie en vue de la modernisation de la fonction publique. » Pendant une heure, il a parlé des démarches entreprises en France afin de désengorger la fonction publique. Trois mots sont continuellement revenus dans son discours : transparence, performance et formation. « Le rôle d'une bonne fonction publique est, avant tout, de créer un environnement favorable à l'initiative privée et de répondre aux services des citoyens. Il ne faut jamais perdre ça de vue ! », a d'emblée tenu à dire le ministre Jacob. « Et c'est grâce aux outils de formation et d'information qu'on pourra devenir plus performant », a-t-il ajouté.
Le système public français ne satisfait pas pourtant tout le monde. Les fonctionnaires descendent régulièrement dans la rue pour revendiquer des augmentations salariales et de meilleures conditions de travail. Le ministre Jacob s'est dit bien conscient du travail qui reste à faire pour moderniser l'Etat français. Les réformes sont déjà entamées, mais il faudra encore quelques années, pour rendre la fonction publique plus efficace. « On doit regarder, à plus ou moins long terme, à établir des critères de performance par service et non individuellement », souligne monsieur Jacob. « Chaque année, on pourrait définir des objectifs pour chacun des services afin qu'ils soient plus efficaces. Si les objectifs sont atteints, alors il y aurait un bonus pour l'ensemble du personnel du service concerné. », explique-t-il.
Avec cette approche, le ministre Jacob estime que tous les fonctionnaires seraient récompensés pour leur travail que ce soit les directeurs, les cadres intermédiaires ou les agents d'exécution. De plus, il croit qu'il serait important d'instaurer une évaluation individuelle et d'offrir de la formation continue pour permettre aux fonctionnaires d'avancer dans leur carrière. « C'est sûr qu'une bonne formation de base est essentielle, mais il faut aussi s'assurer que nos fonctionnaires se renouvellent continuellement pour rester à jour », a indiqué le ministre Jacob.
Il n'en demeure pas moins que la question salariale demeure le point sensible dans la fonction publique française. Les systèmes de rémunération et de bonification sont de plus en plus désuets et les débats sur l'équité sont loin d'être réglés. « Le plus important c'est que tous nos ministères soient transparents en ce qui concerne la rémunération. Le problème n'est pas que le ministère des Finances paie mieux ses employés que les autres, mais il doit être en mesure de le justifier », mentionne monsieur Jacob. « Il ne doit y avoir aucune suspicion à l'égard de la fonction publique », insiste-t-il. À son avis, les nouvelles technologies vont justement permettre à l'Etat de montrer patte blanche. D'un côté, les citoyens ont plus facilement accès aux services publics. D'un autre côté, l'échange d'information se fait plus rapidement entre les fonctionnaires et les ministères.
Cet échange d'information se fait aussi entre la France et la Tunisie. Les deux pays collaborent étroitement pour tenter de moderniser respectivement leur fonction publique. Le ministre Jacob a d'ailleurs rencontré le Premier ministre M. Mohamed Ghannouchi et le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Fonction publique et du développement administratif, M. Zouhaier M'dhaffar, lors de son séjour au pays. Au cours de ces rencontres, le ministre Jacob a indiqué qu'ils ont discuté de l'échange des expériences notamment en matière d'évaluation des mérites, du droit individuel à la formation, de la création d'un répertoire interministériel et de l'échange de conférenciers entre les écoles d'administrations tunisiennes et françaises. « La France est prête à soutenir les efforts de la Tunisie dans le secteur de la réforme de la fonction publique », a conclu le ministre français.