Le monde a besoin de se sentir en sécurité. Cette planète est en train de subir de dangereuses mutations climatiques. Le fondamentalisme religieux fait frémir. L'islamisme porte, agressif, le deuil de ses modèles. Les néo-évangélistes s'implantent là où la foi des hommes chancèle. Les Hébreux, modérés, vivent dans la diaspora intellectuelle et ne croient plus, eux-mêmes, à la paix. Autant qu'à un nouveau monde sans barrières, régi par les règles abstraites de la mondialisation, la pauvreté, le SIDA, les nettoyages ethniques, n'en auront pas fini de sonner le glas d'une illusion de prospérité mondiale. Parler de crise mondiale, aujourd'hui, c'est trop facile. Malgré son extrême complexité, tout le monde, monsieur tout le monde, en parle avec aisance. On nous annonce une récession qui tarde encore à se manifester. On diabolise à l'envi les Etats-Unis qu'on soupçonne d'avoir mis en scène la crise pour renflouer ses caisses grâce aux fonds souverains des Arabes et pour dérégler la mécanique chinoise, vraisemblablement, partie pour tout dévorer (céréales et pétrole), sur son passage. Le grand journaliste et philosophe Jean François Revel est l'auteur d'un livre-référence dès la fin des années 60 : « Ni Marx ; ni Jésus ». Pour lui, la révolution de fin de siècle se déploierait aux Etats-Unis, avec la fin du communisme (Marx) et la fin de la droite et des religions (Jésus). Il a eu raison, à moitié. La chute du Mur de Berlin aura marqué la fin du XXème siècle. Mais le 11 septembre 2001 aura marqué le début tectonique du XXIème. On pourra reprocher beaucoup de témérité dévastatrice à Georges W.Bush. Il est diabolisé pour l'Irak, pour les idéologies néo-conservatrices de son staff, pour Guantanamo. N'en oublions pas, néanmoins, le mécanisme déclencheur : au nom de « son Islam, à lui», Ben Laden a massacré des milliers de vies humaine à New-York. C'est ce rubicon franchi qui aura fourni les meilleurs prétextes à Bush et qui lui aura, peut-être, permis de rempiler. Que laisse-t-il, donc, à Obama ou à McCaine ? Un Etat-guerrier, oui. Une nation devenue, soudain, frileuse, sans doute. Une crise mondiale, dont le nœud gordien se trouve à Walt Street, bien sûr. Il est, néanmoins, établi que celui qui remplacera Bush à la Maison Blanche, vivra avec l'épée de Damoclès suspendue sur sa tête. Une Amérique trop forte ou une Amérique trop faible : dans les deux cas, malheur à l'humanité. Et au-delà des considérations triviales sur la couleur d'Obama ou l'âge de McCaine, les Etats-Unis vivent, aujourd'hui, un tournant dans leur histoire, à l'heure d'une campagne exceptionnelle. Il s'agit d'élire l'homme le plus puissant du monde. Ce XXIe siècle, convulsif, maculé de sang et confus y trouvera-t-il ses repères ? Se laissera-t-il bercer par un zeste d'universalisme, seule antidote à l'unilatéralisme aveugle ?