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L'anarchie autour des stations de transport
Publié dans Le Temps le 10 - 11 - 2008

Les problèmes du transport dans la capitale ne proviennent pas seulement des défaillances de l'infrastructure et de la mauvaise gestion. Ils ne sont pas occasionnés que par les sociétés de transport, d'autres raisons et d'autres parties interviennent pour en ajouter à ceux qui existent déjà et rendre la situation encore plus insupportable.
On veut parler de l'ambiance chaotique qui règne dans les stations de transport.
Si vous désirez vous éclairer sur le mode de vie anarchique, vous n'avez qu'à vous rendre sur ces lieux, on vous en offre un modèle. Ils fonctionnent comme les simulations organisées dans la cité des sciences où on représente des époques très éloignées comme celle des dinosaures. Mais dans ces stations, l'évocation est prospective et non pas rétrospective, on vous y représente le rêve d'une société sans pouvoir où l'individu est le plus libre possible.
Les gares routières de Bab Alioua et de Bab Saâdoun, la station de rabattement El Intilaka et celle de Barcelone en sont la parfaite illustration. Ici, chacun fait ce qu'il veut, comme il peut, et personne ne se gêne de l'activité de l'autre. Tout est permis au nom de la liberté, on vit dans un monde affranchi de toute contrainte et de toute entrave. La liberté individuelle n'a pas de limites, on prend le contre-pied de la logique bourgeoise. Dans ce monde libre, chacun en use en fonction de ses capacités, de ses accointances, de ses envies, cette liberté est effective et non pas théorique comme dans l'autre système. Son étendue dépend donc de l'ambition et de l'humeur de chacun, mais également de la nature de l'activité. Par exemple, le propriétaire d'un kiosque de journaux ne peut pas se contenter de l'espace autorisé, la liberté d'expression en exige davantage. Les usagers, de fervents défenseurs de cette liberté, font preuve d'une conscience remarquable en lui concédant l'espace. Ils se bousculent, ils se marchent sur les pieds sans se lamenter.
Dans la gare routière de Bab Alioua, les kiosques à journaux se trouvent partout, ils colonisent tout l'espace : le premier occupe l'entrée et une partie de l'escalier, le second la partie droite de l'entrée, le troisième la partie gauche. Dans la gare routière de Bab Saâdoun, c'est pareil, le kiosque de journaux envahit les lieux. Dans la station de rabattement El Intilaka, il occupe la plate-forme et l'entrée de la station de bus au point que ces derniers trouvent des difficultés pour circuler. Pareil dans la station de bus de Barcelone où le kiosque à journaux prend pratiquement la moitié de l'espace. En plus de cela, ils participent largement à la pollution sonore avec la musique assourdissante qui rend l'endroit vraiment insupportable. Leur présence massive et la quantité prodigieuse de livres qu'ils exposent vous donnent l'impression que vous êtes dans le fief de la culture et du savoir, mais quand vous lisez les titres, vous ne trouvez que la gastronomie et les recettes des plantes médicinales qui datent d'il y a mille ans. Et même la vente de livres intéressants ne leur donne pas le droit de s'installer de cette façon anarchique.
Il n'y a pas que les kiosques de journaux qui emploient cette méthode, tous les autres commerçants usent du même procédé. A l'Intilaka, le fruitier envahit la station de bus. Son collègue de Bab Saâdoun s'empare de tout le trottoir et d'une partie de la chaussée qu'il bloque avec des caisses vides. Quant aux marchands ambulants, l'espace grignoté dépend de la quantité de la marchandise exposée. Le plus original d'entre eux c'est celui de El lntilaka qui a voulu être innovateur en accrochant ses articles au guichet du chef de station, c'est une touche d'artiste qui donne à l'endroit un aspect agréable avec ces couleurs vives et variées. Ce dernier n'ose pas l'empêcher, sinon il risque de connaître de gros problèmes et pourtant le poste de la garde nationale est à 100 mètres de là. L'autre spécificité de la station qui la rend unique en son genre c'est le dépotoir de déchets se trouvant juste derrière.
Cependant, la station la plus pittoresque est incontestablement celle de Barcelone, c'est là où vous trouvez le nombre le plus élevé de cireurs par mètre carré. Il y en a des dizaines. Traverser la grande place qu'ils occupent vous prend quelques bonnes minutes. Toujours dans le même endroit, les particuliers qui ne sont pas autorisées à pénétrer avec leurs voitures dans la place apportent leur contribution à ce festival carnavalesque. Ils empruntent les voies ferroviaires du métro et bloquent la circulation au niveau de la rue de Yougoslavie, et ce sont les agents de TRANSTU qui, aux heures de pointe, essayent de soulager la circulation, ils suppléent aux agents de circulation qui devraient être là normalement d'autant plus que le problème est quotidien. Ces embouteillages paralysent la circulation pendant un quart d'heure, ce qui occasionne du retard dans les voyages du métro, puisque la fréquence n'est plus respectée. Pour finir avec la station de Barcelone, rappelant qu'un accord a été signé il y a environ cinq ans entre TRANSTU, la SNCFT et la municipalité de Tunis en vue d'aménager la place, et le projet n'a pas encore vu le jour.
Les vendeurs à la sauvette qui ne se sauvent plus en raison de l'amnistie qu'on a décrétée en leur faveur, eux, ils sont les plus nombreux de tous. Leur nombre considérable les oblige à s'installer partout. Les autres commerçants à la sauvette sont les clandestins qu'on trouve surtout à la gare routière de Bab Saâdoun. Ils rendent la vie dure aux « taxistes » et aux « louagistes » qui ont déjà des difficultés à trouver des clients tellement ils sont nombreux. L'espace qu'on leur réserve et qui se transforme en bourbier quand il pleut ne suffit plus, ils se mettent en deuxième voire en troisième position. Les seconds se garent même plus loin de leur station, devant le jardin public et dans la voie parallèle à la voie du métro.
Les grands animateurs de ces gares et stations sont comme toujours et comme partout les mendiants. Chacun use de son moyen, l'un l'infirmité vraie ou simulée, l'autre le bébé, l'autre encore le petit garçon ou la petite fille crasseux. Les discours qu'ils vous tiennent également sont variés. Mais il y en a un qui est très efficace et c'est à la gare routière de Bab Saâdoun qu'il fonctionne le mieux grâce à la proximité des hôpitaux : ils étaient hospitalisés et ils veulent rentrer chez eux. On ne peut pas ne pas s'attendrir sur des drames pareils, on donne la somme demandée, car il y a des tarifs pour ce genre d'aumône qui sont généralement ceux des billets, et on se fond en larmes s'il le faut. C'est la dimension humaine de cette anarchie qui sévit dans ce monde à part où n'interviennent ni police, ni municipalité, la loi y est bafouée, seule celle de la jungle est présente.
Il y a quelque temps, on a entendu dire que la gare routière de Bab Saâdoun allait être déplacée vers Mnihla. C'est une très sage décision, mais on voudrait savoir où en est le projet. Toutefois, le déplacement ne doit pas se limiter à cette gare, il faut qu'il concerne aussi celle de Bab Alioua. Cela ferait grand bien à la place qui plie sous le poids du nombre impressionnant de véhicules la traversant. Ces endroits ne sont plus les entrées de la ville comme jadis lorsque Tunis était encore une petite agglomération, ces portes se sont éloignées de la périphérie, elles ont intégré le centre. Voilà pourquoi ces gares doivent reculer, leur emplacement c'est dans la nouvelle ceinture tracée par l'extension de la ville.


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