Barak Obama hérite d'une Amérique à genoux. Il fera face à une situation internationale inextricable. On comprend bien son empressement à mettre en place son état-major et de se mettre vite au travail. Situation d'ailleurs inédite aux Etats-Unis: d'habitude le président élu ne se manifeste pas avant le 20 janvier date de son investiture. Et, en respect des institutions, le président sortant continue d'exercer ses prérogatives jusqu'à cette date. Aujourd'hui nous assistons à une sorte de cohabitation. Bush et Obama travaillent de concert et dans les coulisses. Et, vraisemblablement, le président élu est en train d'infléchir tout le processus de décisions que prennent les Etats Unis ces dernières semaines. Car l'heure est grave. Et, de surcroît, les ennemis de la paix ont accueilli Obama avec un sinistre baroud d'honneur. Obama affirme qu'une solution urgente doit être trouvée pour le problème du Cachemire… La réponse a été rapide: des Islamistes se proclamant des "Moujahidines du Deccan" font un carnage à Bombay; parmi les victimes, il y a deux concitoyens d'Obama et – plus grave encore – l'Inde pointe un doigt accusateur vers Islamabad. C'est le but. Que les Américains changent de président ou qu'ils changent de logique dans la perception des pesanteurs géostratégiques, le terrorisme, lui, n'a pas changé d'un iota sa façon de réfléchir, son mode d'emploi, ni d'ailleurs le ciblage malheureusement scientifique de ses victimes, enrichissant ainsi les sinistres études de victimologie échafaudées par des services secrets impuissants. Bush part et Ben Laden reste. Chaque jour les principes de tolérance, de dialogue des religions et d'échanges entre les cultures sont mièvrement rangés au chapitre des chimères d'un monde alter-mondialiste, mais où la seule super-puissance reste le terrorisme et pas vraiment les Etats-Unis. Car au nom de la démocratie, au nom des libertés, ce "Grand Moyen Orient" – alors qu'on croyait qu'il suffisait de déboulonner Saddam Hussein pour dissuader les Etats-voyous – est passé à côté des trajectoires réelles du terrorisme. Dans quel rêve, dans quel cauchemar, M. Bush a-t-il cru identifier les traits de Ben Laden à travers ceux de Saddam?.. Et d'ailleurs non seulement le fondamentalisme s'octroie des centaines de bras armés – qui échappent au contrôle de Ben Laden lui-même – mais Barack doit aussi trouver une solution à une mouvance d'un autre type et, elle aussi, libérée par l'administration néo-conservatrice de la Maison Blanche. Il y a un axe chiite Al Qom/Najaf. Les liens avec l'Iran se consolident. Grâce à qui? Dans toute cette mouvance, c'est la cause palestinienne qui écope parce qu'il n'y a plus Arafat. Obama n'aura pas les moyens de tout résoudre à la fois. Car, en plus Medvedev (ou Poutine) est parti à la reconquête de l'Amérique Latine…