Le Temps-Agences - A quelques semaines seulement de son investiture, Barack Obama est confronté à une affaire embarrassante: l'arrestation mardi pour corruption du gouverneur démocrate de l'Illinois Rod Blagojevich. Mais le président-élu n'est pas cité lui-même dans cette affaire et n'a jamais été un proche de Blagojevich. Le gouverneur démocrate, âgé de 51 ans, est accusé d'avoir tenté de monnayer à son profit le siège de sénateur de Barack Obama, laissé vacant par son élection à la présidence des Etats-Unis. Selon les 76 pages du dossier établi par le FBI, la sûreté fédérale américaine, Rod Blagojevich, laissé en liberté sous contrôle judiciaire, a été confondu par des écoutes téléphoniques autorisées en novembre. Barack Obama a rapidement pris ses distances. "Je n'ai pas eu de contact avec le gouverneur ni son entourage et je n'étais donc pas au courant de ce qui s'est passé", a déclaré M. Obama en soulignant qu'il ne ferait pas d'autres commentaires pour l'immédiat. L'enquête ne met pas en cause M. Obama lui-même, a noté le procureur de l'Illinois Patrick Fitzgerald. Et Rod Blagojevich lui-même, selon les écoutes téléphoniques, affirme que Barack Obama et son équipe ne lui seraient pas utiles. Les deux hommes politiques n'ont jamais été proches, évoluant dans des cercles bien distincts du Parti démocrate dans l'Illinois. Le mépris de Blagojevich pour le président-élu apparaît clairement dans certaines conversations téléphoniques, dans des termes parfois vulgaires. Les Républicains n'en tentent pas moins d'exploiter l'affaire. "La nature grave des délits établis par les procureurs fédéraux suscite des questions sur les relations entre le gouverneur Blagojevich, le président-élu Obama et d'autres hauts responsables qui vont travailler pour le prochain président", a déclaré Eric Cantor, nouveau chef de file des Républicains à la Chambre des Représentants. Mike Duncan, le président du Comité national républicain, a de son côté estimé que les commentaires du président-élu sur cet affaire "sont au mieux insuffisants". Rod Blagojevich et son chef de cabinet John Harris ont tous deux été placés en garde à vue, avant d'être présentés devant un juge fédéral à Chicago. Rod Blagojevich a été remis en liberté par le juge Nan Nolan mardi après-midi, après avoir signé un document l'astreignant à payer 4.500 dollars s'il ne se présentait pas devant le tribunal. Son passeport lui a aussi été retiré. Les autorités fédérales accusent également Rod Blagojevich d'avoir menacé de retirer l'aide publique au groupe de presse Tribune en relation avec la vente de l'équipe de Wrigley Field pour obtenir le limogeage de membres du conseil éditorial critiques du gouverneur. Selon le procureur fédéral Patrick J. Fitzgerald, "l'ampleur de la corruption exposée dans ces chefs est stupéfiante". "Ils accusent Blagojevich d'avoir mis un panneau à vendre sur la nomination d'un sénateur des Etats-Unis", a-t-il dit dans un communiqué. Les allégations de corruption visant l'administration du gouverneur Blagojevich sont au coeur d'une enquête fédérale portant notamment sur des pots de vins qui auraient été extorqués à des entreprises lors de marchés publics, ainsi que des fraudes sur les embauches.