Le Temps-Agences - Vêtus de T-shirts blancs et portant des fleurs, quelques centaines de manifestants ont défilé dans le calme hier à Athènes pour rendre hommage à l'adolescent tué par la police il y a une semaine, drame à l'origine de sept jours d'émeutes dans plusieurs villes grecques. Le cortège, qui rassemblait des camarades de classe d'Alexandros Grigoropoulos et des familles ordinaires, s'est rendu sur la place Syntagma, devant le Parlement grec, au coeur de la ville. "Nous sommes venus ici pour rendre hommage à Alexandros", a déclaré une femme de 37 ans, technicienne à la télévision, accompagnée de son mari et de leur petit garçon de huit ans. Des banderoles affirmaient "L'Etat tue" ou encore "A bas le gouvernement d'assassins". D'autres rassemblements pacifiques se sont déroulés dans d'autres quartiers d'Athènes ainsi que dans deux autres villes du pays, a précisé la police. La mort de l'adolescent de 15 ans, abattu par un policier dans le quartier populaire d'Exarchia le 6 décembre, a provoqué plusieurs journées de violences, les plus importantes depuis la fin du régime militaire en 1974. Des milliers de jeunes, dont des étudiants et des militants, se sont heurtés pendant sept jours aux forces de police, brisant des vitrines, incendiant des magasins, des banques et des voitures dans plusieurs villes. Le coût des déprédations est estimé à 200 millions d'euros rien qu'à Athènes. La police, qui a procédé à 423 interpellations depuis le début des troubles, redoute de nouveaux débordements la semaine prochaine. Hier, le centre d'Athènes a retrouvé son calme et les magasins ont rouvert. Des commerçants ont commencé à remettre en état leurs vitrines et des employés municipaux ont réparé les décorations de Noël endommagées par les émeutiers. L'inculpation et l'incarcération du policier qui a tué le jeune Grigoropoulos et d'un de ses collègues n'ont pas totalement apaisé les esprits. Les manifestants réunis devant le parlement étaient partagés, certains reprochant à la police un recours excessif à la force, d'autres affirmant en avoir assez des violences. "Nous sommes ici pour exprimer notre chagrin parce que personne ne nous comprend. Ils tuent des enfants sans raison", a dit Irini, 16 ans, qui fréquentait la même école que Grigoropoulos. Pour Elias Alkies, un étudiant de 20 ans, il n'est pas question de condamner les débordements de la semaine écoulée mais d'autres formes de manifestation sont possibles. Un sondage, réalisé avant le début des émeutes mais publié seulement hier dans le journal Ethnos, montre que le parti Nouvelle Démocratie du Premier ministre Costas Caramanlis est en nette perte de vitesse dans l'opinion publique. Nouvelle Démocratie dispose d'une majorité d'un seul siège au parlement et son recul dans les sondages profite à l'opposition socialiste. "Ce pays doit actuellement faire face à une crise financière internationale de grande ampleur (...) Cela requiert une politique responsable et une main ferme pour tenir la barre", avait déclaré vendredi Caramanlis qui participait au Conseil européen à Bruxelles. "Comme je l'ai dit dans le passé, il est trop tôt pour que je prenne ma retraite", a-t-il ajouté soulignant que "la Grèce est un pays sûr" qui a "les moyens, avec ses institutions démocratiques, de maintenir la sécurité de sa population".