Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy a maintenu sa tournée au Proche-Orient aujourd'hui et demain, malgré le lancement par Israël, samedi soir, d'une offensive terrestre contre le Hamas dans la bande de Gaza. Cette escalade dans le conflit entre Israël et le Hamas complique singulièrement la tâche du président français, qui doit rencontrer aujourd'hui à Al-Qods le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Elle rend plus hypothétique que jamais toute perspective rapide de trêve entre Israël et le Hamas, qui a continué à tirer des roquettes sur des localités israéliennes ces derniers jours, malgré une semaine de bombardements aériens israéliens. "L'urgence nous oblige à agir", fait cependant valoir un diplomate français. Nicolas Sarkozy déjeune aujourd'hui dans la station de Charm el-Cheikh, sur la Mer rouge, avec le président égyptien Hosni Moubarak, avec qui il préside l'Union pour la Méditerranée. Il rencontre en fin d'après-midi le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie, avant un dîner de travail avec Ehud Olmert. Demain, il verra le président syrien Bachar el-Assad à Damas puis les dirigeants libanais à Beyrouth, avant d'aller au Sud-Liban présenter ses voeux aux armées françaises, ce qui était le but initial du voyage. Dans l'attente de l'entrée en fonction du nouveau président des Etats-Unis Barack Obama le 20 janvier, la France est aujourd'hui avec la Turquie l'un des pays les plus actifs dans la recherche d'une issue au conflit israélo-palestinien. Les circonstances ne sont cependant guère propices à une quelconque percée. Les dirigeants israéliens ont averti samedi que leur offensive terrestre pourrait être de longue durée. La Syrie s'est jusqu'à présent montrée peu encline à faire pression sur le Hamas, engagé dans une logique de confrontation, et l'Iran paraît encore moins disposé à l'apaisement. Enfin, la perspective des élections législatives israéliennes en février, d'un côté, et la rivalité entre le Hamas et l'Autorité palestinienne, de l'autre, alimentent en interne une surenchère de la violence. Dans ces conditions, Nicolas Sarkozy ne peut guère espérer faire mieux qu'envisager une solution pour limiter les dégâts humains et politiques de la crise et préserver les chances d'un règlement. "La question centrale est de savoir quel sera l'interlocuteur palestinien, quels sont les objectifs israéliens", explique un diplomate français. Les Israéliens ont maintenu depuis le début l'ambiguïté : s'agit-il seulement pour eux de mettre fin aux tirs de roquettes ou de liquider militairement et politiquement le Hamas ? Nicolas Sarkozy se présente en ami à la fois d'Israël et des Palestiniens mais a refusé jusqu'ici tout contact direct avec le Hamas et juge lui-même la tâche "très compliquée". Sa tournée est "politiquement très risquée, même s'il faut lui reconnaître un certain talent en temps de crise", estime un expert du Proche-Orient. Le président français "risque d'être bousculé par les événements", renchérit un autre analyste. L'une des préoccupations de la France est de renforcer Mahmoud Abbas pour empêcher le Hamas de prendre le dessus en Cisjordanie, où il gagne en popularité, comme il l'a fait en 2007 dans la bande de Gaza. Nicolas Sarkozy avait coupé l'herbe sous le pied des dirigeants tchèques en annonçant mercredi dernier sa tournée au Proche-Orient, quelques heures avant de leur laisser les clefs de l'UE. "C'est la vocation de la France de chercher partout les chemins de la paix", avait-il fait valoir. L'Elysée assure que cette initiative a été "totalement coordonnée" avec Prague. La présidence tchèque n'en a pas moins envoyé elle-même hier dans la région une mission européenne conduite par le chef de sa diplomatie, Karel Schwarzenberg, à laquelle participe celui de la France, Bernard Kouchner.