Les sangliers font des ravages dans l'arrière-pays de Nabeul. Ces animaux fuient la forêt et viennent se réfugier ces jours-ci dans les champs cultivés de Kalâa, Haouaria et Henchir Kort provocant d'énormes dégâts pour les fellahs qui essaient de lutter contre ce fléau néfaste pour notre agriculture Les populations de sanglier, en forte progression. Les plus fortes densités se trouvant dans le Nord Ouest, le Nord, le centre, le Sud et le Cap Bon. C'est une espèce chassable. Son caractère de semi-nomade l'amène à se déplacer à la recherche de nourriture. Le sanglier, omnivore, se nourrit de glands, de faines et de fruits divers, de racines et de tubercules, de vers et d'animaux morts, de céréales. Il a l'habitude de fouiller le sol avec son boutoir pour y rechercher tout ce qu'il peut manger. Il sort surtout la nuit et regagne, avant le jour, sa bauge, sommairement creusée dans le sol. Le sanglier est-il aux champs ce que le rat est aux villes car il se reproduit comme un lapin et dévaste des champs cultivés avec labeur. Son effectif a fortement augmenté au cours de la dernière décennie, et particulièrement ces cinq dernières années. En effet, Les changements climatiques (notamment le radoucissement des hivers), les modifications de l'espace agricole (augmentation, entre autres, de la culture du maïs) et forestier (reforestation due à la déprise agricole) sont les facteurs explicatifs les plus souvent évoqués.
Le visiteur de la nuit Les dégâts causés par les sangliers à l'agriculture sont à la hausse et la facture présentée par les agriculteurs augmente vertigineusement d'une saison à l'autre. Il est vrai comme nous le souligne Am Salah, un fellah d'El Haouaria à cinq kms de Nabeul « le sanglier se nourrit la nuit et passe la journée dans sa bauge, lieu de repos creusé à même le sol dans un endroit très abrité. Nous sommes en cette période envahis par des sangliers qui font de plus en plus de dégâts dans nos cultures. Aujourd'hui, le sanglier ici n'a plus peur, il vient dans les bâtiments agricoles, sur les routes, derrière le tracteur, autour des habitations, à quelques mètres des grandes routes. Ces bêtes occasionnent d'énormes pertes .Notre volonté n'est pas l'éradication de l'espèce, mais sa régulation » Jamel, un ouvrier agricole d'El Kalaa est obligé toute la nuit de surveiller les champs cultivés en pomme de terre « Là avoue-t-il, le sanglier mange n'importe quoi. Il absorbe de la terre en forte quantité car il y trouve des oligo-éléments et des sels minéraux indispensables à son organisme. Durant ses intenses activités nocturnes, il parcourt des dizaines de kilomètres dans la forêt et quitte souvent les zones boisées pour traverser les espaces de cultures et de prairies. Opportuniste et omnivore, tout lui semble bon : fruits, racines, rongeurs, maïs, oiseaux » Aujourd'hui c'est devenu insupportable, explique Hédi, un jeune fellah de Henchir Kort. « Depuis quelques années, le nombre des sangliers a doublé. Nous n'arrivons plus à faire face aux dégâts qu'ils occasionnent. Cette prolifération s'explique par un rythme de reproduction très soutenu. Tous les huit mois, les laies donnent naissance à cinq ou six petits. Cela s'est répercuté sur nos cultures qui, la nuit sont dévastées par ces bêtes. Personnellement, il m'arrive de perdre 20 à 30% de ma récolte »
Contenir l'explosion démographique des sangliers Les sangliers occasionnent des pertes nombreuses et pour réduire les dégâts, de nombreuses solutions sont recherchées. Tout d'abord, Faut -il augmenter le nombre de jours de chasse nous dit Sami, un jeune fellah de Henchir Kort « Personnellement, je suggère la multiplication des battues administratives qui pourront réduire le nombre des sangliers. C'est un excellent moyen de contenir l'explosion démographique d'une population de sangliers. Dans certaines régions, la vigne devient la cible de ces bêtes noires. Pour les écarter de ces garde-manger fort convoités, on pratique aussi l'agrainage. Des travaux ont montré que l'apport de maïs est le plus performant. Il assure une excellente protection des cultures. Mais une des méthodes les plus performantes reste encore la clôture électrique utilisée en Europe autour des parcelles vulnérables, ou de manière fixe en limite de forêt, c'est un excellent moyen de dissuasion »
Développer le tourisme cynégétique La chasse, en tant qu'activité répandue dans notre pays et basée sur de longues traditions, peut contribuer au développement durable, surtout dans les régions rurales. A ce titre, la chasse doit être respectueuse de la nature et s'inscrire dans une logique de protection de l'environnement. Les effets de la chasse sur les écosystèmes doivent pouvoir être contrôlés car la chasse peut servir de régulateur, mais elle peut aussi nuire aux écosystèmes si elle est mal gérée. Le potentiel cynégétique est très important. La prolifération du sanglier qui engendre des conséquences environnementales non négligeables, constitue aujourd'hui un cas particulier. Le tourisme cynégétique peut apporter son concours au développement durable du Cap Bon. Le chasseur exploite une ressource vivante qui ne peut se régénérer que si les prélèvements sont conformes aux règles d'une gestion durable. Une fois ces conditions remplies, il peut contribuer à la conservation de la biodiversité. La Déclaration de l'union internationale pour la conservation de la nature, établie à Amman (Jordanie) en octobre 2000, reconnaît que l'utilisation durable des ressources vivantes, à savoir les animaux sauvages, représente un instrument important de la conservation de la biodiversité. Une bonne application des mécanismes de gestion, de conservation et de surveillance est vitale. Aussi est-il nécessaire d'assurer une éducation correspondante à tous les facteurs impliqués : chasseurs, agents de voyage, organisateurs et autorités locales.