Ce que certains croyaient être une crise des « subprimes » est en train de devenir une crise mondiale d'une ampleur sans précédent. Cette crise n'épargnera personne, ni aucune entreprise, ni aucun Etat, ni aucune région du Monde. Les signataires de cet appel considèrent : 1) que certains pays du Nord et du Sud de la Méditerranée n'ont pas encore réellement pris la mesure de la crise actuelle. 2) que cette crise constitue une opportunité historique pour renforcer les relations entre les deux rives de la Méditerranée L'Euroméditerranée se trouve ainsi à la croisée de chemins. Soit, elle ne réagit et les égoïsmes l'emporteront. Chaque pays jouera sa propre carte. La bilatéralisme règnera en maître. Et, dans une période où les tentations protectionnistes vont réapparaître, il n'est pas exclu que celles-ci débouchent sur une réduction des échanges et sur une montée des tensions économiques et politiques. Soit, deuxième solution, les pays des deux rives de la Méditerranée saisiront cette opportunité historique pour renforcer leurs liens et pour enfin peser sur la scène économique internationale. Ne nous faisons pas d'illusion. La hiérarchie des puissances mondiales est en train d'être redéfinie. L'Amérique est en crise. L'Europe, vieillissante et freinée dans son intégration politique, n'a aucune chance de tirer, à elle seule, la croissance mondiale. L'avenir dépend donc des pays émergents. Mais, outre que ceux-ci commencent à ressentir les « morsures » de la crise, ils seront nécessairement soumis à un processus de bipolarisation qui fera de certains ( comme le Chine et l'Inde) de nouvelles puissances dominantes mais de beaucoup d'autres ( dont de nombreux pays du Sud de la Méditerranée) des exclus de la croissance. Pour ne pas devenir les exclus de la nouvelle économie mondiale, il faut impérativement s'unir. Les pays des deux rives de la Méditerranée en ont parfaitement les moyens si une volonté politique s'exprime dans cette direction. Les pays européens doivent saisir l'opportunité du programme d'Union pour la Méditerranée pour prendre toutes les décisions d'urgence susceptibles d'accélérer l'intégration économique euro-méditerranéenne. Compte tenu des tensions présentes et à venir, un effort particulier devrait être consenti en matière d'agriculture, d'énergie et de finance. Dans ce dernier domaine, jamais la création d'une Institution Financière déliée au partenariat euro-méditerranéen n'est apparue aussi « impérieusement nécessaire ». Les pays du Sud de la Méditerranéen doivent, bien sûr, poursuivre leur modernisation, mais doivent surtout relancer leur intégration régionale. Aucune zone économique du Sud n'est parvenue à émerger sans un minimum d'intégration économique régionale. La zone asiatique fournit, dans ce domaine un modèle. L'intégration politique des pays du Sud de la Méditerranéen étant en panne, l'intégration se doit d'être économique. Les pays producteurs de pétrole de la région, y compris les pays du Golfe, disposant d'excédents de change importants et pérennes, doivent jouer un rôle moteur dans cette intégration et l'Europe doit encourager cette évolution. L'Euroméditerranée, telle que nous venons de la redéfinir, peut et doit devenir une Région homogène, disposant d'une épargne abondante et de capacités de production indépendantes. Pour cela, elle doit unir ses forces en faisant preuve d'imagination. Car la situation géo-économique est en train de changer. Vite. Très vite. « Crise » vient du mot grec « Krisis », qui signifie « crible », « tamis ». Toute crise est porteuse de drames mais aussi d'opportunités. A nous de saisir celles-ci. Vite. Très vite.
Signataires : Moulay Hafid Amazirh PDG Intercontrol Engineering ( Maroc) Christian de Boissieu, Professeur à Paris I Farid Ben Bouzid PDG Salama Assurance ( Alger) Jean-Louis Guigou, Délégué Général de l'IPEMED Abderrahamne Hadj Nacer Ancien Gouverneur de la Banque Centrale d'Algérie Elyès Jouini, Professeur à Paris IX Hans Helmut Kotz, Professeur à Fribourg ( Allemagne) Jean-Hervé Lorenzi, Professeur à Paris IX Radhi Meddeb, PDG Comète Engineering ( Tunis) El Mouhoub Mouhoub, Professeur à Paris IX Chekib Nouira, président de l'I.A.C.E Olivier Pastre, Professeur à Paris VIII Jean-Louis Reiffers, Professeur à l'Université de la Méditerranée Mohamed Sagou, Ancien Ministre des Finances du Maroc Slim Zarrouk, Vice-président de l'I.A.C.E